Le cycle a aussi déjà bien progressé et l’inflation a augmenté. Mais on se situe encore clairement derrière les Etats-Unis.
La conjoncture a de nouveau été ralentie, au tournant de l’année, par la propagation fulgurante d’Omicron. Tout aussi fulgurante est la volonté des politiques de supprimer les obstacles à la poursuite du robuste essor économique. La reprise sur le marché de l’emploi américain en particulier est mature, ce qui explique pourquoi la Banque centrale américaine a finalement donné le feu vert à une normalisation des taux d’intérêt à partir de mars. En Europe, le cycle a aussi déjà bien progressé et l’inflation a augmenté. Mais on se situe encore clairement derrière les Etats-Unis; c’est pourquoi la BCE n’entend pas suivre l’exemple de la Banque centrale américaine si rapidement.
Les premiers confinements dus au coronavirus au printemps 2020 ont entraîné un effondrement du volume de travail. La vie publique et l’activité économique ont alors été à l’arrêt pendant une certaine période. Aux États-Unis, le taux de chômage a bondi à 15% en très peu de temps. En Europe, en revanche, le taux officiel est demeuré bien au-dessous de pics de crise précédents. La mise en œuvre généralisée du chômage partiel a évité une vague de licenciements. Si l’on compte les heures non travaillées compensées par les RHT, il y a eu toutefois davantage d’heures de travail perdues en Europe et en Suisse qu’aux Etats-Unis du fait de la plus grande sévérité des mesures.
Deux ans plus tard, la pandémie n’a pas encore pris fin. Malgré cela, la situation sur les marchés de l’emploi s’est toutefois améliorée presque aussi brusquement qu’elle s’était effondrée. Les politiques ont dans la plupart des cas distribué généreusement des aides financières pour pallier les fermetures imposées. Cela a permis d’éviter un tsunami de faillites.
Et, avec les assouplissements, les entreprises ont pu de nouveau répondre immédiatement à la demande subsistante et occuper à nouveau leur personnel. Ainsi, en Europe aussi, les taux de chômage n’ont pas augmenté de façon décalée, comme redouté initialement, mais ont même retrouvé entre-temps leurs bas niveaux d’avant la crise. Compte non tenu du vent contraire temporaire soufflé par le variant Omicron, des embauches supplémentaires sont en outre prévues sur un large front dans les mois à venir.
Les marchés de l’emploi se retrouvent donc déjà dans une phase mature inhabituelle seulement peu de temps après un effondrement aussi massif de la conjoncture. Actuellement, les entreprises ont plus de difficultés à trouver du personnel qualifié qu’avant la crise. Cette situation est particulièrement vraie aux Etats-Unis où la générosité des aides conjoncturelles a attisé la demande et réduit, du moins provisoirement, la motivation à reprendre le travail – ce qui a eu pour effet d’y accentuer de loin le plus fortement la pression sur les prix et les salaires.