L’innovation en hausse

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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En dehors du bureau, la créativité est souvent décuplée. De quoi peut-être participer à l’essor de l’innovation, car  globalement, ce secteur se porte bien.

Pour les chanceuses et les chanceux qui sont en vacances, vous avez pu constater qu’en dehors du bureau, la créativité est souvent décuplée. De quoi, peut-être, participer à l’essor de l’innovation, car  globalement, l’innovation se porte bien.

Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), 2017 a marqué la 8e année consécutive de hausse des demandes de brevets dans le monde. Les Etats-Unis dominaient encore le stock de brevets en 2017. Sur un total mondial de près de 14 millions, 3 millions sont en vigueur aux Etats-Unis, et 2 millions en Chine et au Japon. Par contre, la Chine génère le plus grand nombre de nouvelles demandes de brevets. Le pays était à l’origine de 44% des 3,2 millions de demandes en 2017, contre 19% pour les Etats-Unis, 10% pour le Japon, 6% pour la Corée du Sud, 5% pour l’Europe et 15% pour les autres pays. Cela veut dire que 1,4 million de demandes de brevets ont vu le jour en Chine, soit plus du double du nombre observé aux Etats-Unis, à 607'000.

Les premiers pays à choisir de protéger leurs design innovants
sont l’Allemagne et la Suisse.

La prépondérance de la Chine dans l’innovation mondiale apparaît plus nuancée quand on exprime le nombre de dépôt par rapport au PIB (Produit intérieur brut).  Sur cette base, la Corée du Sud se place au premier rang, devant la Chine et le Japon, puis suivent l’Allemagne, la Suisse, les Etats-Unis, la Finlande, le Danemark, le Luxembourg, et la Suède.. L’Europe s’avère donc très innovante, même s’il faut noter que sur cette base, la Corée du Sud devance la Chine de 50%, et distance encore davantage les autres pays.

Le design industriel est un autre type de propriété intellectuelle, différent des brevets. Les innovateurs peuvent demander à protéger leurs designs dans leur pays, ou passer par des organismes qui permettent d’obtenir, avec une seule demande, une protection dans plusieurs pays. L’Europe prouve ici son ouverture à l’international car les premiers pays à choisir de protéger leurs design innovants par cette voie sont l’Allemagne et la Suisse.  

La Suisse se place comme l’un des leadeurs mondiaux de l’innovation,
mais le pays pourrait améliorer l’impact de cette performance sur l’économie réelle.

Ces statistiques sont donc très encourageantes pour les Suisses. Pourtant, l’innovation ne constitue qu’une première étape, il faut arriver ensuite à déployer cette innovation, avec la formation d’une une société et le lancement de nouveaux produits sur le marché. Sur ce sujet, l’Office fédéral de la statistique suisse recense 39'000 créations d’entreprises en 2016 (chiffre brut), en baisse par rapport aux 42'500 créées en 2014. L’enquête menée tous les trois ans par le KOF et le SECO concernant l’innovation dans le pays montre que le nombre d’introductions de nouveaux produits sur le marché, en pourcent des ventes totales, est en baisse pour tous les types d’entreprises et secteurs, à l’exception des petites et moyennes entreprises dans le secteur pharmaceutique.

Ainsi, la Suisse se place comme l’un des leadeurs mondiaux de l’innovation, mais le pays pourrait améliorer l’impact de cette performance sur l’économie réelle. Un indice qui suggère également que la Suisse peut mieux faire pour soutenir l’entrepreneuriat est celui de la Banque mondiale, nommé «Doing Business», en français «Faire des affaires». Dans la version de 2019, la Suisse se classe 38e sur 190 pays recensés. En 2007, la Suisse se situait au 15e rang sur 175 pays; le pays a donc perdu près de 2 rangs par an sur les 12 dernières années. Dans la catégorie «facilité à lancer une entreprise», la Suisse est 77e en 2019. Il faudra certainement plus que quelques jours de vacances pour faciliter le déploiement de l’innovation dans l’économie réelle.

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