Le crépuscule d’Aube dorée

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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Le résultat des élections grecques suggère que le meilleur «deal» restera d’appartenir à l’Union européenne.

Le parti d’extrême droite, Aube dorée, connu pour sa politique nationaliste et son opposition à la migration, a perdu la totalité de ses 18 sièges au Parlement lors des élections qui se sont déroulées en Grèce le 7 juillet 2019. Son score est juste en dessous de la barre des 3% requis pour entrer au Parlement. Le parti radical de gauche Syriza, qui a gouverné la Grèce sous le premier ministre Alexis Tsipras depuis 2015, a été battu par le parti de centre-droit Nouvelle démocratie, dirigé par Kyriakos Mitsotakis. Ce dernier a reçu presque 40% des votes et obtient une majorité absolue en sièges car le parti en tête des élections se voit attribué 50 sièges supplémentaires «en bonus». Le premier ministre actuel, MonsieurTsipras, a ainsi commis la même erreur politique que Theresa May au Royaume-Uni en 2017, en surestimant la taille de son électorat au moment où il a appelé des élections anticipées. La comparaison s’arrête là car alors que le Royaume-Uni s’oriente vers un premier ministre plus radical de droite, la Grèce tourne le dos aux populistes et parie sur le centre-droit pour ranimer son économie.

Selon le sondage de février, 68% des Européens pensent
que l'appartenance à l'Union européenne a été favorable à leur pays. 

Lorsque Monsieur Tsipras est arrivé au pouvoir, son pays était encore en crise profonde et souffrait du programme de redressement des finances imposé par l’Union européenne et le FMI. La Grèce est officiellement sortie de la crise en août 2018 avec la fin de ce programme. Elle n’était d'ailleurs pas le seul pays à avoir besoin d'un plan de sauvetage: l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et Chypre sont également passés par cette étape houleuse. En février 2019, le Parlement européen a réalisé un sondage concernant l’opinion des populations des pays-membres envers l’Union européenne. 68% pensent que l’appartenance à l’Union a été favorable à leur pays, le niveau le plus élevé depuis 1983. La fourchette des opinions est pourtant large. Au Luxembourg, 86% de la population pensent qu’adhérer à l’UE est une bonne chose, tandis qu’en République tchèque seuls 33% partagent cette opinion. Dans le bas de la fourchette se situent également l’Italie à 36%, et la Grèce à 40% (paradoxalement, l’UE est plus appréciée au Royaume-Uni, à 43%). En revanche, l’Union européenne est mieux jugée dans les autres pays qui ont bénéficié de plans de sauvetage. L’Irlande est le 3e pays le plus en faveur de l’Union, à 83%, le Portugal se trouve à 69%, de même que l’Espagne, et Chypre à 52%.

62% de la population grecque voterait en faveur
d'un maintien dans l’UE si une votation avait lieu.

La Grèce a fait l’expérience d’un gouvernement populiste depuis 4 ans, l’Italie depuis mars 2018, et l’Angleterre flirte actuellement avec cette possibilité. Au terme de ces 4 années, la Grèce a opté pour le centre-droit, et a priori pour une politique qui ne fera pas d’une opposition à l’UE son message phare. D’ailleurs, au-delà des pourcentages cités ci-dessus, le sondage du Parlement européen révèle que 62% de la population grecque voterait en faveur d'un maintien dans l’UE, si une telle votation avait lieu. Quelle sera la situation en Italie dans 3 ans, et au Royaume-Uni dans 4? On peut certes se le demander mais il est encore trop tôt pour proclamer la fin de l’essor nationaliste et populiste. Néanmoins, le résultat des élections grecques suggère que ces pays vont découvrir eux aussi que le meilleur «deal» restera d’appartenir à l’Union européenne.

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