L’inflation américaine poursuit son ascension

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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Le taux d’inflation est appelé à accélérer aux Etats-Unis, de 5,4% à 5,9% sur un an.

Sur la planète Mars se trouve le plus haut sommet du système solaire, le Mont Olympe. Ce mont est si haut qu’un alpiniste la grimpant n’en verrait jamais le sommet car il est sous l’horizon la plupart du temps et trop plat à la fin pour être discernable. Commenter l’inflation US cette année nous donne le sentiment de grimper cette montagne. Chaque fois qu’on pense en avoir terminé, on découvre que l’ascension n’est pas finie. Le CPI ressortait en hausse de 5,4% sur un an en septembre. Il montera encore en octobre. 

Primo, les prix de l’énergie ont continué de se tendre. La répercussion est instantanée. Secundo, les prix des voitures d’occasion qui s’étaient modérés cet été ont rebondi en septembre et encore plus en octobre (+9,2% m/m selon l’indice Manheim, +6,3% m/m selon l’indice Black Book). L’inflation annuelle du CPI sera poussée vers 6%. La moitié environ s’explique par ces deux composantes, énergie et véhicules d’occasion. De plus, certains prix de services, un temps bridés par la vague du variant Delta, devraient se reprendre. 

Il y a quelques signes, certes encore timides, que certaines pénuries sont un peu moins intenses.

Le président de la Fed ne se fait pas d’illusion, l’inflation va rester très élevée à court terme. Le reflux n’est plus espéré qu’au printemps. Certains diront que cette prévision traduit l’entêtement de la Fed. On peut toutefois noter que le rythme trimestriel d’inflation semble avoir bel et bien passé son pic. Par ailleurs, il y a quelques signes, certes encore timides, que certaines pénuries sont un peu moins intenses. L’envolée de la demande de biens était exceptionnelle dans cette pandémie. En se modérant, elle réduira l’écart avec l’offre et par suite les pressions de prix.

Sur le marché de l’emploi américain, la dichotomie entre un marché du travail vigoureux et des indices de confiance des ménages plutôt faibles ces derniers mois paraît étrange. Peut-être est-ce le fait que la poussée d’inflation affecte tous les ménages alors que l’amélioration des conditions d’emploi bénéficie dans l’immédiat à un nombre plus restreint de personnes. La vue commune, en tout cas celle de la Fed, est que dans les prochains mois le rythme de l’inflation va se modérer alors que le redressement de l’emploi se poursuivra. De quoi réduire le déséquilibre entre la demande de travail des entreprises (les postes vacants sont à un niveau record) et l’offre de travail des ménages. En attendant, le rapide turnover de la main-d’œuvre ne va pas se calmer, ce qui engendre de fortes tensions salariales.

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