L’hiver arrive avec son lot d’incertitudes

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

3 minutes de lecture

L’inflation inspire toujours de l’inquiétude. Tour d’horizon des dernières nouvelles et point de situation.

Récemment, la recrudescence des cas de Covid-19 a donné lieu au rétablissement de mesures restrictives dans certains pays d’Europe. En parallèle, les cours européens du gaz naturel sont encore volatils. En outre, l’inflation inspire toujours de l’inquiétude. Aux Etats-Unis, les statistiques économiques publiées se sont toutefois avérées très bonnes. Tour d’horizon des dernières nouvelles et point de situation.

Le gouvernement autrichien a annoncé un reconfinement à l’échelle nationale et il prévoit de rendre la vaccination obligatoire à partir de février 2022. Le ministre allemand de la Santé a également suggéré qu’un reconfinement ne pouvait être exclu.

Les cours du gaz naturel sont toujours très volatils en Europe. Ils ont grimpé de 14% la semaine dernière, portés par la crainte d’une pénurie cet hiver.

Aux Etats-Unis, le point mort d’inflation à dix ans a atteint 2,75%, son plus haut niveau depuis 2006. En octobre, les prix à la consommation au Royaume-Uni sont ressortis en hausse de 4,2% sur un an, au plus haut depuis une décennie.

En octobre toujours, les ventes au détail américaines ont progressé de 1,7% en glissement mensuel, avec un nouveau sommet historique à la clé. Il s’agit de la plus forte hausse depuis mars dernier. L’indicateur GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta fait état d’une croissance du PIB supérieure à 8% en rythme annualisé au quatrième trimestre.

Comment interpréter la situation?

Une vague hivernale du Covid-19, la crainte d’une pénurie d’énergie et le spectre de l’inflation sont, dans les mois à venir, autant de sources potentielles de volatilité. Néanmoins, la réaction relativement mesurée des marchés d’actions il y a dix jours suggère que les investisseurs sont disposés à faire abstraction de ces facteurs, qui sont encore perçus comme éphémères.

  1. Les actions poursuivent leur ascension
    Les actions peuvent poursuivre leur ascension malgré des restrictions, d’autant que les politiques restent porteuses. En effet, l’indice Stoxx 600 a grimpé de 20% pendant le premier confinement en Allemagne de 2020 et de 10% pendant le deuxième en 2021. Les actions européennes ont été soutenues en partie par des politiques accommodantes, qui devraient le rester pendant un certain temps.
    Il y a dix jours, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a estimé qu’«un resserrement des conditions financières n’est pas souhaitable au moment où le pouvoir d’achat est déjà érodé par la hausse des prix de l’énergie et des carburants». Les bénéfices des entreprises résistent bien. D’ailleurs, 70% des entreprises de la zone euro ont annoncé des résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre. La Recherche d’UBS table sur une croissance des bénéfices de 70% pour l’indice MSCI EMU en 2021 et de 8% en 2022.
     
  2. Plus d’hospitalisations dans les pays avec un taux de vaccination plus faible
    La vaccination affaiblit toujours le lien entre les infections et les cas graves de Covid-19. Les hospitalisations concernent principalement les individus non vaccinés. Cela peut expliquer pourquoi les pays où le taux de vaccination est plus faible, comme l’Autriche (64%) et l’Allemagne (67%), connaissent une saturation plus marquée de leurs établissements de santé que l’Espagne et l’Italie, où le taux de vaccination est respectivement de 80% et de 73%.
    Il est également possible que la vague estivale moins forte occasionnée par le variant Delta ait laissé ces pays avec une immunité croisée moins importante que dans les pays comme le Royaume-Uni, où le nombre de cas avait bondi l’été dernier et où le nombre d’hospitalisations est désormais plus faible.
     
  3. Une situation très différente du printemps 2020
    Les modalités du «confinement total» en Autriche suggèrent que ce dernier ne sera pas aussi dévastateur pour l’économie que les premières restrictions adoptées en 2020. Dans ce pays, les écoles resteront ouvertes et les individus pourront se rendre au travail.
    Après quasiment deux années de pandémie, le facteur peur s’est également atténué et les gens se sont adaptés aux restrictions. En plus des vaccins, la mise sur le marché de traitements antiviraux efficaces devrait atténuer la nécessité d’un reconfinement.
     
  4. L’accélération de l’activité économique
    A l’échelle mondiale, l’évolution encourageante de l’économie et des politiques publiques conforte un certain optimisme à moyen terme. Après une décélération l’été dernier, l’activité économique aux Etats-Unis s’est accélérée au quatrième trimestre, portée par la consommation des ménages qui enregistre une progression de 5%, mais aussi par un redressement de la production industrielle, ainsi que par des créations d’emplois plus importantes.
    L’économie japonaise, qui a enregistré une contraction plus marquée que prévu au troisième trimestre (-3% en glissement trimestriel annualisé), est également sur le point de recevoir un coup de fouet. Le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé un plan de relance de 56 000 milliards de yens (490 milliards de dollars, soit 10% du PIB japonais), même si ce montant englobe certaines dépenses budgétaires ordinaires, ainsi que des investissements étalés sur plusieurs années qui portent, par exemple, sur des projets d’infrastructure.
    Cette relance budgétaire de grande ampleur et la réouverture de l’économie sont de bon augure compte tenu de la nature cyclique des actions japonaises, qui comptent parmi les marchés préférés de la Recherche d’UBS.
Qu’est-ce que cela implique pour les investisseurs?

Même si les actions flirtent toujours avec des sommets historiques, la forte croissance du PIB et des bénéfices, conjuguée aux politiques accommodantes, devraient entretenir la progression des actions mondiales.

Il est recommandé d’acheter les titres appelés à surfer sur la croissance mondiale, notamment les actions japonaises et celles de la zone euro. Une exposition au secteur plus défensif de la santé est également judicieuse.

A lire aussi...