L’optimisme des investisseurs en actions est justifié

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a dix jours, porté par un démarrage en fanfare de la saison des résultats du troisième trimestre, le S&P 500 s'est adjugé 1,8%, sa meilleure progression hebdomadaire depuis juillet.

Une des séances a été particulièrement fructueuse avec 479 des 500 valeurs de l'indice qui ont terminé dans le vert. En outre, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a diminué de 4 points de base (pb).

Le segment 2 à dix ans de la courbe des rendements américains s’est aplati de 12 pb. En effet, les investisseurs tablent sur un premier relèvement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) plus précoce. Le spectre de la stagflation plane toujours compte tenu de la poursuite de la hausse des prix des matières premières.

Qu’est-ce qui a influencé les fluctuations du marché?

1. Les résultats du troisième trimestre

L’excellent démarrage de la saison des résultats du troisième trimestre aux Etats-Unis a permis aux investisseurs de relativiser les dysfonctionnements des chaînes d'approvisionnement et la pénurie d'énergie. Comme toujours, c’est le secteur de la finance qui a ouvert le bal des publications de résultats avec huit entreprises sur neuf qui ont fait état de résultats supérieurs aux attentes.

2. La diminution des rendements obligataires

La diminution des rendements obligataires a donné un coup de pouce aux actions dans leur ensemble, mais surtout aux valeurs de croissance. La forte hausse des rendements depuis septembre semble marquer le pas. Cela explique pourquoi, il y a une dizaine de jours, les 24 composantes sectorielles de l'indice S&P 500 ont toutes achevé une séance dans le vert.

La Fed fera, sans doute, toujours abstraction de la poussée inflationniste actuelle.

3. Un resserrement monétaire plus précoce de la Fed

Les participants au marché obligataire semblent se concentrer davantage sur le risque d'un resserrement plus précoce de la politique de la Fed. La récente pression baissière sur les rendements à dix ans s’explique par la diminution des taux réels, qui sont tombés sous le seuil de -1%. Cette évolution, conjuguée à l’aplatissement de la courbe des taux, suggère que les participants au marché obligataire redoutent un resserrement monétaire plus précoce que prévu, qui pourrait avoir un impact sur la croissance à long terme.

Quel est le pronostic sur ces facteurs?

Le démarrage en fanfare de la saison des résultats du troisième trimestre rappelle que bon nombre des secteurs phares de l'indice (finance, Internet, logiciels et santé) ne sont guère exposés aux récentes perturbations des chaînes d'approvisionnement. Cette année, ces perturbations ne devraient amputer le bénéfice par action du S&P 500 de seulement 1%, un impact fort modeste au regard de la croissance des bénéfices de 45% prévue par la Recherche d’UBS.

En outre, la Fed fera, sans doute, toujours abstraction de la poussée inflationniste actuelle. En effet, elle a modifié sa doctrine en la matière avec l’adoption d'un objectif d’inflation moyenne. Ce dernier lie la politique monétaire à des taux moyens d'inflation sur une période antérieure, plutôt que de se focaliser exclusivement sur le niveau de l’inflation à un instant T.

Toutefois, la Fed n’a pas besoin d’agir au vu de l’inflation moyenne constatée aux Etats-Unis. En moyenne glissante sur deux, trois et cinq ans, l’inflation sous-jacente reste nettement inférieure à 2%.

La demande devrait être soutenue par les solides finances des ménages américains.

Avec la poursuite de l’embellie sur le marché du travail, les rendements obligataires devraient grimper à 1,8% d'ici la fin d'année. Or, une augmentation graduelle des rendements coïncide historiquement avec une progression des marchés d'actions.

Qu’est-ce que cela implique pour les investisseurs?

Les marchés d'actions et d’obligations envoient des signaux contradictoires. Mais l'optimisme des investisseurs en actions peut être partagé. Les perspectives de croissance encourageantes ont été confortées par les bons chiffres de l'emploi publiés il y a dix jours. En effet, le chiffre hebdomadaire des premières inscriptions au chômage et celui des renouvellements d'allocation-chômage sont retombés à leur niveau antérieur à la pandémie.

La demande devrait être soutenue par les solides finances des ménages américains. Ces derniers ont accumulé environ 2400 milliards de dollars d’épargne excédentaire lors des précédents confinements et ils devraient dépenser cet argent à mesure que la dernière vague du Covid-19 refluera.

Même si la croissance des bénéfices au troisième trimestre ne sera pas à la hauteur de celle enregistrée au deuxième, la Recherche d’UBS table tout de même sur une croissance de 30%, supérieure de 5% aux estimations du consensus. Dans son scénario de référence, un potentiel haussier pour les actions est toujours décelé. En outre, il reste recommandé d’acheter les titres appelés à surfer sur la croissance mondiale, notamment ceux issus des secteurs de l'énergie et de la finance.

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