Les résultats d’entreprises devraient conforter le rebond des actions

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Environ un quart des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats du troisième trimestre. Dans la majorité des cas, ces résultats se sont avérés supérieurs aux estimations.

© Keystone

Il y a dix jours, les actions ont rebondi et l’indice S&P 500 a même retrouvé ses sommets historiques. De leur côté, les rendements obligataires ont également augmenté. Celui des bons du Trésor américain à dix ans a même franchi 1,7%, son plus haut niveau depuis six mois.

Cette évolution des marchés est due aux bons résultats du troisième trimestre qui ont compensé les craintes suscitées par l’accélération de l’inflation et la réapparition du Covid-19 dans le radar des investisseurs. Point de situation.

Des résultats supérieurs aux attentes

Environ un quart des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats du troisième trimestre. Dans une vaste majorité de cas (83%), ces résultats se sont avérés supérieurs aux estimations.

Dans le secteur de la finance, ce sont près de 60% des entreprises qui ont publié leurs résultats. 88% d’entre elles ont fait mieux que prévu, et de loin (+21% dans l’ensemble). S’agissant des chiffres d’affaires, 79% des entreprises du S&P 500 ont dépassé les estimations du consensus.

L’accélération de l’inflation

Les prix élevés de l’énergie, la hausse du coût du travail dans le secteur tertiaire et les dysfonctionnements incessants des chaînes d’approvisionnement ont rejailli sur les anticipations d’inflation.

Le point mort d’inflation à dix ans aux Etats-Unis, un indicateur des anticipations d’inflation tirées du marché, a atteint 2,67% il y a dix jours, son plus haut niveau depuis 2011, avant de retomber à 2,61%. En Europe, les anticipations d’inflation à long terme sont également au plus haut depuis plusieurs années. Le point mort d’inflation à dix ans en Allemagne a atteint 1,87%, du jamais vu depuis 2013, avant de terminer à 1,81%.

Le nombre de cas de Covid-19 à la hausse

Le nombre de cas de Covid-19 à l’échelle mondiale enregistre une décrue depuis la fin août. La moyenne sur sept jours glissants est tombée de 588 cas par million d’habitants le 26 août à 358 le 15 octobre, selon les chiffres de Our World in Data. Cependant, le nombre de cas a légèrement augmenté ces derniers jours.

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Quel est le pronostic sur ces facteurs?

  1. La croissance des bénéfices restera forte
    Dans l’ensemble, même si la saison des résultats du troisième trimestre ne sera pas à la hauteur de celle enregistrée au deuxième, la croissance des bénéfices des entreprises du S&P 500 pourrait dépasser l’estimation de 30% formulée par la Recherche d’UBS.
    Jusqu’ici, la forte hausse des chiffres d’affaires a permis aux grandes entreprises américaines d’améliorer leur rentabilité malgré l’augmentation de leurs coûts de production. Il en ira certainement de même au troisième trimestre avec une progression des chiffres d’affaires d’environ 15%.
  2. Les difficultés d’approvisionnement semblent surmontables
    Les difficultés d’approvisionnement ne devraient amputer la croissance des bénéfices du S&P 500 que d’un point de pourcentage, toutes choses étant égales par ailleurs. De vastes pans du S&P 500, notamment les valeurs de la finance, de l’Internet, des logiciels et de la santé, sans oublier les secteurs plus modestes comme l’immobilier, les services aux collectivités, l’énergie et la plupart des titres du secteur des matériaux, devraient être épargnés par les difficultés d’approvisionnement.
    Les secteurs les plus vulnérables sont l’industrie, la consommation discrétionnaire et, dans une moindre mesure, la consommation de base et le matériel technologique. A noter que le coût des matières premières (y compris énergétiques) ne représente que 5% du chiffre d’affaires du S&P 500.
  3. Les banques centrales feront abstraction de la poussée inflationniste
    La hausse des anticipations d’inflation reflète largement la flambée des prix de l’énergie et les hausses de coûts de production liées aux difficultés d’approvisionnement et aux frictions sur le marché du travail induites par la pandémie.
    Même si les responsables politiques surveillent les anticipations d’inflation, les missions des banques centrales et les récentes déclarations de certains banquiers centraux suggèrent que les taux directeurs ne seront pas relevés prématurément.
  4. Une remontée des cas de Covid-19 ne devrait pas se traduire par une saturation des hôpitaux
    Jusqu’ici, les données vont dans le sens d’une recrudescence du Coronavirus alors que l’hiver se profile dans l’hémisphère nord. Cependant, la campagne de vaccination (y compris pour les doses de rappel), les traitements médicamenteux et certaines mesures comme le télétravail et le port du masque, qui sont moins néfastes pour l’économie qu’un confinement général, devraient entretenir la décorrélation entre le nombre de cas et celui des hospitalisations/décès. Ce qui permettra aux hôpitaux de résister à la pression saisonnière.

Qu’est-ce que cela implique pour les investisseurs?

  1. Les marchés d’actions devraient poursuivre leur ascension
    La croissance mondiale reste robuste. En outre, les difficultés d’approvisionnement devraient s’atténuer au tournant de l’année 2022 et les bénéfices des entreprises devraient continuer de croître.
  2. Les actions japonaises et la zone euro ont la cote
    La Recherche d’UBS apprécie toujours les actions japonaises, qui sont appelées à surfer sur la croissance mondiale. En outre, la zone euro fait désormais partie de ses marchés d’actions favoris. En effet, c’est l’une des rares régions du monde où la croissance du PIB devrait s’accélérer l’an prochain (5,3% contre 5,1% cette année).
    Compte tenu de la prépondérance des valeurs cycliques dans la zone euro, ce marché est bien placé pour profiter de l’investissement vert, d’une résolution des dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement et de la reconstitution des stocks. Enfin, les actions de la zone euro présentent traditionnellement une corrélation positive à la hausse des anticipations d’inflation et à la surperformance des valeurs décotées.
  3. Les secteurs de la finance et de l’énergie tiennent le haut du pavé
    Les secteurs de la finance et de l’énergie sont également toujours recommandés. Le secteur de l’énergie reste soutenu par la hausse des prix du pétrole. On table désormais sur un baril de Brent à 90 dollars d’ici la fin de l’année.
Garder un œil attentif sur le marché

A mesure que les publications de résultats du troisième trimestre se poursuivront, les chiffres et les échos des entreprises relatifs à l’évolution du marché de l’emploi, ainsi qu’aux difficultés d’approvisionnement, qui sont susceptibles de miner la confiance des investisseurs quant à la pérennité des marges, devront être suivis attentivement.

Alors que la saison froide dans l’hémisphère nord commence, un hiver rigoureux pourrait accentuer la pression sur les marchés de l’énergie. Par ailleurs, les signes d’impatience des banques centrales face à l’inflation élevée, si jamais cette dernière influence les anticipations des ménages et des entreprises quant à l’évolution des prix, doivent continuer à être surveillés.

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