Jusqu’où la correction sur les valeurs du luxe?

Alexandre Baradez, IG Bank

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Après le rebond lié à la réouverture sanitaire de la Chine, les valeurs du luxe subissent de fortes prises de gain.

Les principales valeurs du luxe sont incluses dans l’indice boursier sectoriel EuroStoxx600 «Personal & Household Goods» dont la capitalisation boursière est de 1500 milliards d'euros. Au sein de cet indice figurent d’autres valeurs de consommation que celles du luxe mais la part du luxe représente 70%.

LVMH, Hermès, Kering, Christian Dior, L’Oréal, Richemont et Moncler «pèsent» au total 1050 milliards d'euros de capitalisation au sein d’un indice sectoriel de 1500 milliards d'euros.

Les déceptions sur la croissance chinoise, la faiblesse de la croissance européenne et quelques signes d’un ralentissement de la consommation de produits de luxe aux Etats-Unis ces derniers mois ont entraîné un vague de correction relativement saine après l’envolée spéculative qui avait suivi les annonces de réouverture sanitaire en Chine. La réalité économique chinoise est venue calmer les ardeurs boursières…

Après 13% de baisse globale de l’indice sectoriel européen, la question du repositionnement sur les valeurs du luxe se pose désormais. Pour les investisseurs patients, les niveaux actuels ne sont pas dépourvus d’intérêt car la correction actuelle ressemble plus à une «réplique» de la vague de correction de 2022 visant notamment à corriger l’excès spéculatif de fin 2022/début 2023. Il serait donc très surprenant de voir la correction retrouver les plus bas de 2022 qui se sont fait dans un contexte particulièrement anxiogène (confinement Chine, guerre en Ukraine, très fortes remontées de taux des banques centrales). Même si la croissance n’est pas aussi forte qu’attendu, le pays n’est plus confiné et les banques centrales arrivent ou sont déjà arrivées au pic sur les taux.

La situation pourrait donc commencer à se stabiliser en Chine mais pas encore de quoi crier victoire concernant le sentiment sur les valeurs du luxe.

Mais il est nécessaire de ne pas crier victoire trop tôt: les effets des politiques monétaires vont encore se faire sentir pendant des mois sur la consommation. Le risque d’une correction additionnelle n’est donc pas impossible sur les valeurs du luxe même si, attraper le point bas d’une correction est un exercice souvent impossible.

Si l’on devait estimer ce risque de «correction résiduelle» d’un point de vue de l’analyse technique, il serait de l’ordre de 3 à 8%. Pourquoi? C’est la distance qui sépare la position actuelle de l’indice (977 points), de l’ancienne zone de résistance devenue support (zone qui s’étale de 900 à 950 points).

Les derniers indices PMI montrent une double contraction de l’activité zone euro, à la fois dans le secteur manufacturier et dans celui des services. Cela fait désormais 3 mois que l’activité dans les services s’est contractée en zone euro…et 14 mois consécutifs que l’activité est contractée dans le secteur manufacturier ! Ces données ne plaident donc pas pour une accélération de la consommation et pèse donc également sur les valeurs du luxe.
Du côté de la Chine, les données sont très moyennes depuis plusieurs mois avec un rebond économique post réouverture sanitaire qui s’est essoufflé, ce qui a aussi pesé sur les valeurs du luxe.

Toutefois ces dernières semaines, les publications macroéconomiques chinoises, même si elles restent encore assez faibles, sont plus souvent ressorties supérieures aux attentes.

Rebond plus important que prévu de la production industrielle en août soit 4,5% en donnée annuelle alors que le consensus tablait sur 3,9% et qu’elle était ressortie à 3,7% le mois précédent. Même constat pour les ventes au détail qui rebondissent de 4,6% en donnée annuelle contre un consensus de 3,0% et un chiffre de 2,5% le mois précédent.

L’indice PMI manufacturier qui évolue toujours en-dessous de 50, c’est-à-dire en zone de contraction, présente toutefois une très légère amélioration sur les deux derniers mois.

La situation pourrait donc commencer à se stabiliser en Chine mais pas encore de quoi crier victoire concernant le sentiment sur les valeurs du luxe car la dynamique économique américaine et notamment la consommation, pourrait faiblir d’ici la fin d’année avec la position toujours très ferme de la Fed sur sa politique monétaire.

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