IPO pour un Francis Bacon

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Première bourse réglementée en son genre, Artex offrira aux investisseurs une participation dans les œuvres d’art de très haut niveau.

Etude pour un portrait de George Dyer © Keystone

C’est avec un triptyque de 1963 de Francis Bacon «Trois études pour un portrait de George Dyer» qu’Artex Stock Exchange lancera le 21 juillet l’IPO de la première des œuvres majeures que la société entend titriser pour les rendre accessibles au public.

Annoncée hier à une conférence organisée à Genève par Cosima Barone pour le Groupement Suisse des Conseils en Gestion Indépendants (GSCGI), en avant-première du lancement mondial à Londres, l’initiative était présentée par Yassir Benjelloun-Touimi, CEO et co-fondateur d’Artex avec Wenceslas de Liechtenstein. 

Règlementée dans l’Union européenne exactement de la même manière que les autres bourses, Artex Stock Exchange traitera des actions classiques, introduites lors d’IPO tout aussi classiques, avec pour seule différence que les sous-jacents seront des œuvres d’art de grande qualité,

Pour qu’une œuvre soit investissable, il faut, selon Yassir Benjelloun-Touimi, qu’elle offre une réserve de valeur, qu’elle présente une corrélation avec d’autres actifs et qu’elle soit supervisée adéquatement sur le plan réglementaire.

Ces caractéristiques sont aujourd’hui réunies dans le cadre de la bourse Artex qui titrisera des œuvres dont la valeur marchande est estimée à plus de 50 millions de dollars.

«Du marteau à la cloche»

Le marché de l’art reste à ce jour un investissement personnel. Pour les œuvres de très grande valeur, il est limité à quelques centaines, voire quelques milliers de participants, au rythme d’enchères parfois tonitruantes mais le plus souvent discrètes. L’achat d’œuvre emblématique reste l’apanage des plus riches.

En fractionnant la propriété des œuvres, Artex veut les mettre à la portée d’investisseurs infiniment moins fortunés. Les investisseurs pourront désormais acheter une portion d’œuvre comme ils acquièrent aujourd’hui une portion du capital d’une société. Ces actions peuvent ensuite être achetées, vendues ou échangées sur un marché secondaire.

Une IPO par mois pour commencer, deux IPO dès l’an prochain pour passer ensuite à une par semaine: le programme est ambitieux. Mais pas irréaliste pour un marché total évalué à 3'200 milliards de dollars…

Les actions seront disponibles par le réseau de SIX qui en assurera la bancabilité et publiera les valeurs d’inventaire quotidiennement.

Quelques critères

Pour qu’un œuvre soit éligible, il faudra, rappelons-le, que sa valeur de marché dépasse 50 millions de dollars. C’est le cas du triptyque de Bacon qui a été acheté en 2017 pour 52 millions et sera introduit en bourse pour 55. Il faudra également que sa provenance soit impeccablement documentée, qu’elle corresponde à un moment historiquement significatif de la vie de l’artiste et de la période où elle a été créée et que sa qualité soit irréprochable.

Des conditions exigeantes qui visent, selon Yassir Benjelloun-Touimi, à protéger l’investissement et à réduire la volatilité.

Et les œuvres alors?

Contrairement aux œuvres acquises par des particuliers et souvent (mais pas toujours) recluses dans des salons ou dans des coffres-forts, elles seront prêtées à des musées ou voyagerons dans le cadre de grandes expositions.

Artex affirme une volonté de démocratiser l’art par la formation et le partenariat avec un réseau de musées, souvent privés des moyens d’exposer des œuvres majeures.

Prochaines étapes

Dès octobre, Artex s’attèlera à la construction d’un indice…  et qui dit indice dit ETF.
Pour en savoir plus sur les prochaines IPO, il faudra encore attendre.

 

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