Inflation en zone euro: cap vers 10%

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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L’indice préliminaire de la Commission pour la zone euro a inscrit un nouveau point bas absolu depuis 1985.

© Keystone

En septembre, l’inflation en zone euro est attendue à un nouveau record proche de 10% sur un an (contre 9,1% en août). Ces derniers mois, tous les pays de la zone ont pris des mesures pour protéger les ménages, dont l’ampleur et la durée varient entre pays. La remise sur le prix des carburants automobiles a pris fin en Allemagne au moment où elle était renforcée en France. Cela peut créer des écarts ponctuels mais, au total, la crise énergétique continue de pousser l’inflation vers le haut. L’effet est direct via la consommation d’énergie et indirect via la hausse des coûts de production des autres biens et services. Plus longtemps les entreprises sont exposées à ce choc, plus grande est l’incitation à le répercuter au client final. Il y a des effets de second-tour sur l’inflation sous-jacente. Elle était à 4,3% sur un an en août, un niveau inégalé depuis la création de l’euro. La BCE est attentive à cette évolution, quitte à en exagérer la gravité. Car, même si l’inflation sous-jacente monte, c’est imputable à l’évaporation d’une partie des capacités de production d’énergie (manque de gaz russe en Allemagne, arrêt pour maintenance de 60% du parc nucléaire en France), et non un excès de demande. C’est tout le contraire des Etats-Unis. Cet argument est inaudible par la BCE. Les derniers propos de Christine Lagarde et Isabel Schnabel laissent entendre que la BCE ne penche plus seulement vers le retour des taux directeurs en zone neutre (1,5-2% selon l’estimation usuelle) mais vers une politique monétaire franchement restrictive.

L’ensemble du bouclier tarifaire maintient l’inflation française environ 3 points sous la moyenne européenne, mais son niveau élevé pèse néanmoins sur la consommation des ménages.
Les indicateurs européens s’agitent

Le précédent sommet du 9 septembre a exploré les pistes pour ramener un peu de calme sur les marchés de l’énergie. Il reste à approuver le plan de la Commission visant un plafonnement partiel des prix de l’électricité et des taxes sur les «superprofits» du secteur énergétique. L’indice préliminaire de la Commission pour la zone euro a rechuté en septembre pour inscrire un nouveau point bas absolu depuis 1985. Quant au PMI-composite d’activité, il s’est encore enfoncé en territoire récessif en septembre. Les enquêtes de la Commission iront dans le même sens. Elles donnent des détails fins sur les secteurs. La chute de confiance est beaucoup plus marquée dans les secteurs énergivores.

Pour l’Allemagne, les enquêtes PMI ont signalé un nouvel affaissement du moral des directeurs d’achat en septembre tant dans les services (-2,3pts à 45,4) que le secteur manufacturier (-0,8pt à 48,3). L’indice IFO est lui aussi attendu en net recul. Malgré la dégradation économique, les entreprises affichent des intentions d’embauche élevées. Est-ce par crainte qu’en ajustant trop les effectifs, elles subissent de nouvelles pénuries de main d’œuvre un fois la croissance revenue? En effet, en zone euro le chômage est à un record de faiblesse depuis des décennies (6,6%).

En France, la nouvelle remise sur les prix à la pompe (-30cts/litre) pourrait éviter une poussée d’inflation ce mois-ci. L’ensemble du bouclier tarifaire maintient l’inflation française environ 3 points sous la moyenne européenne, mais son niveau élevé pèse néanmoins sur la consommation des ménages, surtout les dépenses en biens.

En Italie, d’après les résultats préliminaires, la coalition de droite a gagné les élections avec 43% des voix, ce qui lui donnerait une majorité absolue des sièges dans les deux chambres. Le président Mattarella devrait appeler Giorgia Meloni, à former un gouvernement dans les prochains jours, en gardant un œil attentif sur le poste-clé de ministre des Finances.

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