Identifier les points clés d’inflexion

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La grande question qui se pose à présent est de savoir si les derniers chiffres de l’activité et la réouverture de la Chine signifient que le rebond actuel durera.

© Keystone

Les marchés ont bien démarré l’année 2023. L’inflation en baisse, les données économiques relativement solides et le changement de la politique chinoise en matière de Covid-19 dopent les espoirs des investisseurs d’un «atterrissage en douceur» de l’économie mondiale.

Les actions mondiales (MSCI All Country World index) ont gagné 5,1% depuis le début de l’année, le STOXX Europe 50 a grimpé de 8,6% et le S&P 500 a augmenté plus modestement de 3,5%.

Les données plus faibles aux Etats-Unis pour les ventes au détail et pour la production industrielle, associées à des bénéfices des entreprises américaines mitigés, ont quelque peu assombri le rebond observé en janvier et le S&P 500 a récemment terminé en baisse de 0,7%.

Des données encourageantes

La grande question qui se pose à présent est de savoir si les derniers chiffres de l’activité et la réouverture de la Chine signifient que le rebond actuel durera, ou si on doit s’attendre à davantage de volatilité et d’incertitude.

Dans son rapport Year Ahead, la Recherche d’UBS a expliqué que l’année 2023 serait «Une année d’inflexions», avec une indication du timing et de l’amplitude des points d’inflexion de l’inflation, des taux d’intérêt et de la croissance, façonnant les perspectives pour les marchés. Dans sa dernière lettre mensuelle, elle a évalué l’évolution des principaux points d’inflexion et les implications pour le positionnement.

Une évolution plus rapide qu’envisagé

En bref, le contexte demeure caractérisé par une inflation élevée, des taux en hausse et un ralentissement de la croissance. Cependant, dans le même temps, les récentes données relatives au marché de l’emploi et à l’inflation se sont avérées encourageantes. Certains pans du marché devraient donc atteindre des points d’inflexion plus tôt que d’autres, avec à la clé une dispersion entre les différents marchés géographiques et secteurs qui devrait être élevée.

La Recherche d’UBS est d’avis que la sélectivité sera récompensée. Récapitulation en trois points.

  1. La réouverture de la Chine devrait permettre un revirement plus rapide de la croissance mondiale
    Cela devrait favoriser les actions et les matières premières des marchés émergents. La Recherche d’UBS a ajouté une préférence pour ces deux catégories d’actifs ce mois. Elle a fait de même pour les obligations des marchés émergents, étant donné le ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis et le changement de politique en Chine.
     
  2. La baisse des prix du gaz devrait atténuer les risques de récession en Europe
    La Recherche d’UBS a relevé sa position de Least Preferred à Neutral pour l’euro. En effet, la Banque centrale européenne devrait rester ferme, ce qui devrait soutenir la monnaie. Concernant les actions, on apprécie les marchés qui devraient être les premiers bénéficiaires d’un rebond cyclique, en particulier l’Allemagne.
    On privilégie aussi les actions européennes de la consommation, qui semblent bien positionnées pour bénéficier de l’amélioration des perspectives de la consommation mondiale et de la réouverture de la Chine. Les actions européennes sont les deuxièmes les plus exposées à la Chine et à sa région. Cela est particulièrement vrai pour les actions de la consommation de l’industrie du luxe et des constructeurs automobiles.
     
  3. Aux Etats-Unis, les marchés de l’emploi toujours tendus signifient que les inquiétudes concernant l’inflation devraient persister en dépit de sa récente baisse  
    En outre, les valorisations des actions américaines ne reflètent probablement pas pleinement la contraction des bénéfices prévue cette année. Le rapport risque/rendement reste donc défavorable pour les indices américains élargis. La Recherche d’UBS maintient donc sa position Least Preferred sur les actions et sur le secteur technologique américains.
    Par ailleurs, s’agissant des actions, on continue à privilégier les secteurs de la santé et de la consommation de base, ainsi que les valeurs de rendement de qualité, qui devraient relativement bien résister au ralentissement de la croissance économique.

Comme l’inflation reste élevée, la préférence pour les valeurs décotées – y compris énergétiques – au détriment des valeurs de croissance reste d’actualité. Dans le revenu fixe, on privilégie les obligations de qualité supérieure, y compris high grade et investment grade, par rapport aux obligations à haut rendement.

Du côté des monnaies

Au niveau des devises, la Recherche d’UBS a redescendu le franc suisse à Neutral suite à sa forte revalorisation par rapport au dollar américain. Néanmoins, la Banque nationale suisse devrait chercher à préserver la solidité du franc afin de limiter l’inflation importée. En outre, le franc devrait être soutenu par les replis vers cette valeur refuge.

Au Royaume-Uni, les faibles perspectives de croissance et l’inflation toujours élevée devraient peser sur la livre sterling. L’avis Least Preferred est donc maintenu. En revanche, le dollar australien reçoit une notation Most Preferred. En effet, ce dernier pourrait être soutenu par la réouverture de la Chine, par une croissance économique nationale relativement forte et par une banque centrale qui devrait maintenir un contrôle strict, alors que la Réserve fédérale américaine commence à assouplir les conditions monétaires.

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