Green investments: une carotte, pas un bâton

Véronique Chapplow, T. Rowe Price

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Les récentes réglementations pourraient accélérer les investissements verts aux Etats-Unis.

Les échanges avec les leaders du secteur ont révélé que les Etats-Unis se positionnent comme un marché attractif pour les investissements verts, également vis-à-vis de l'Europe. Cette évolution va découler en grande partie de l'impact de la loi sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act - IRA), qui, selon nous, va changer la donne. Bien que l'Europe ait fait progresser des textes législatifs importants afin de favoriser les investissements verts, les entreprises que nous avons rencontrées estiment que les contraintes administratives, telles que l'octroi de permis, ont rendu le déploiement des capitaux plus difficile.

«L'UE se préoccupe grandement, mais les états-Unis réalisent bien des progrès»

L’IRA a étendu les crédits d'impôt à de nombreuses technologies renouvelables. Notamment, l'éolien, le solaire, l'hydrogène et la capture et le stockage du carbone. Elle prolonge de 10 ans le célèbre crédit d'impôt à la production et le crédit d'impôt à l'investissement, tout en élargissant l'accès à diverses nouvelles technologies telles l'hydrogène, le nucléaire et le stockage. Le projet de loi introduit également une nouvelle façon de monétiser les actifs fiscaux, ce qui devrait permettre aux entreprises de mettre en place des infrastructures pour les énergies renouvelables sans avoir à recourir au financement par capitaux propres. Enfin, le projet de loi prévoit une série de nouveaux crédits axés sur la fabrication aux Etats-Unis, conçus pour relancer l'exploitation minière des minéraux essentiels, la production solaire et la production de batteries pour véhicules électriques.

Les directions des entreprises ont souligné à quel point ces mesures devraient être significatives pour le développement des technologies propres. Pour certaines industries, en particulier l'hydrogène vert et la récupération du carbone, l'IRA pourrait considérablement accélérer leur déploiement. Alors que l'UE est considérée comme le leader en matière d'action climatique, le financement et les mesures incitatives qui seront mises à disposition par l'IRA dépassent actuellement ce qui est offert dans l'UE.

Il est possible que des entreprises internationales choisissent les Etats-Unis plutôt que l'Europe pour implanter des usines/projets en raison de meilleures mesures incitatives.

La réaction d'industries telles que l'hydrogène et les énergies renouvelables, ainsi que les annonces concrètes d'investissements de la part des fabricants de batteries pour véhicules électriques, confirment l’intérêt envers ce thème. Certains estiment que l'IRA pourrait doubler le taux de pénétration des VE estimé d'ici 2025, le faisant passer de 10 à 20%. Combiné au projet de loi CHIPS (qui se concentre sur les semi-conducteurs et les technologies innovantes), nous pourrions assister à une augmentation à long terme des dépenses d'investissement aux États-Unis. Bien que la faiblesse cyclique à court terme puisse compliquer le calendrier des investissements pour les industriels et que l'octroi de permis puisse entraîner un ralentissement de l'approbation des projets d'énergie verte, ces mesures gouvernementales sont presque toutes conçues pour durer une décennie et devraient encourager un nouveau cycle d'investissement.

Les politiciens et les régulateurs doivent encore en faire plus

Bien que l'IRA soit clairement un facteur d'encouragement pour les entreprises liées à la transition vers les énergies renouvelables, des mesures politiques et réglementaires supplémentaires pourraient être nécessaires pour permettre à ces entreprises de décoller réellement. Cela pourrait s'avérer compliqué, notamment aux Etats-Unis, où les débats sur le risque climatique sont controversés. Les régulateurs sont globalement à la traîne dans l'industrie, ce qui n'est pas spécifique à la transition énergétique. Dans certains cas, ils ne semblent pas apprécier l'ampleur du défi de la décarbonisation. Plus encore, les technologies propres ont besoin de cadres réglementaires et de mesures incitatives adaptées pour fonctionner, et les gouvernements doivent aider à financer les infrastructures essentielles nécessaires pour soutenir la transition énergétique. Dans de nombreux cas, les voies technologiques vers le zéro net existent, mais elles ont besoin de l'aide des gouvernements pour être étendues.

Conclusion

Bien que les sujets liés à l'ESG et à l'action climatique soient devenus très politisés aux Etats-Unis, il est peu probable qu'un changement de leadership présidentiel entraîne un recul substantiel de l'IRA. D'ici 2025, nous pensons que le monde des affaires fera pression pour que les mesures incitatives de l'IRA restent telles quelles.

Au niveau mondial, l'Europe est clairement en avance en ce qui concerne la réglementation ESG et l'action climatique. L'établissement de normes en matière de divulgation en est un exemple. Toutefois, la législation européenne est davantage orientée vers l'approche du bâton, tandis que les Etats-Unis optent pour l'option de la carotte. Pour les investisseurs, il semble que le potentiel de flux d'investissement à court terme soit plus important aux Etats-Unis, et il est possible que des entreprises internationales choisissent les Etats-Unis plutôt que l'Europe pour implanter des usines/projets en raison de meilleures mesures incitatives. La manière dont la transition écologique américaine se met en place et diverge de l'Europe, pourrait influencer de manière significative les flux d'investissement, et cela reste à surveiller de près dans le futur.

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