Faut-il vendre en mai et faire ce qu'il vous plaît?

Philippe G. Müller & Mark Haefele, UBS

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Il est vrai que les rendements sont moins élevés en été, mais ils n'en demeurent pas moins positifs.

© Keystone

Les actions mondiales évoluent à des sommets historiques et, depuis le début de l’année, les cours progressent plus vite que les bénéfices. La traditionnelle trêve estivale se rapproche. Il serait compréhensible que les investisseurs se demandent s'il convient de suivre le vieil adage «sell in May and go away». Mais avant de déserter les marchés d'actions cet été, les investisseurs feraient bien de prendre en considération ce qui suit.

Un pic peut signifier de bonnes performances

Les sommets historiques sont généralement plus propices à une bonne performance à court terme qu'on ne pourrait le croire. Si l'on considère les données de prix de l'indice S&P 500 depuis 1950, il apparaît que les actions génèrent un rendement hors dividendes de 4,7% lors des six mois qui suivent un sommet historique, contre 4,2% en moyenne le reste du temps.

Par ailleurs, les nets replis sont moins fréquents après que l'indice a atteint un pic. Le marché n'a enregistré un repli supérieur à 5% lors des six mois qui suivent un sommet historique que dans 11% des cas, contre 18% le reste du temps.

Historiquement, déserter les marchés en mai est une stratégie
qui fait perdre de l'argent aux investisseurs.
Un ratio cours/bénéfices intéressant

Les actions sont loin d'être surévaluées: à l'heure actuelle, le ratio cours/bénéfices des douze derniers mois de l'indice S&P 500 est de 18,1, contre 18,3 en moyenne sur les vingt dernières années.

Par ailleurs, lorsque l'indice Misery (taux d'inflation + taux de chômage) est inférieur à 6,4% comme c'est le cas aujourd'hui (5,7%), le S&P 500 présente un ratio cours/bénéfices de 20,1 sur les douze derniers mois.

Des rendements positifs en été

Historiquement, déserter les marchés en mai est une stratégie qui fait perdre de l'argent aux investisseurs. Il est vrai que les rendements sont moins élevés en été, mais ils n'en demeurent pas moins positifs. Depuis 1928, la période qui court de mai à août se caractérise par un rendement annualisé de 2,3%. Cela peut paraître négligeable, mais cela fait une grosse différence sur le long terme.

Un investisseur ayant placé 100 dollars (USD) sur le S&P 500 en 1928 et ayant suivi une stratégie consistant à vendre en mai (pour placer les sommes retirées sur des bons du Trésor américain à trois mois de mai jusqu'à août) disposerait aujourd'hui de 5800 USD. Néanmoins, 100 USD investis en 1928 vaudraient aujourd'hui plus de 16 000 USD s'ils étaient restés investis tout au long de cette période, soit près de trois fois plus.

Par conséquent, il faut souligner la nécessité de rester investi sur le long terme et de mettre l'accent sur le temps passé sur le marché, plutôt que d'essayer de prévoir les tournants pris par ce dernier. Cela dit, les investisseurs devront se méfier de l'impact potentiel de la moindre liquidité des marchés au cours de l'été.

Le triptyque «planifier, protéger et croître» peut aider
les investisseurs à se préparer aux mois d'été.

Le moment est bien choisi pour s'assurer que les portefeuilles sont positionnés non seulement pour atteindre les objectifs à long terme, mais aussi pour se protéger contre le risque de turbulences à court terme:

  • Planifier: profitez-en pour réfléchir à vos dépenses et à vos projets d'investissement à court terme et faites en sorte de détenir suffisamment de liquidités et d'obligations à court terme pour être en mesure de les concrétiser d'ici deux à cinq ans. Dans un avenir proche, le rendement des liquidités sera probablement inférieur à l'inflation, et ce pour de nombreuses devises. Par conséquent, en détenir trop peut s'avérer coûteux. Toutefois, si l'on en conserve suffisamment pour concrétiser des projets à court terme, il est plus facile de tolérer la volatilité d'un portefeuille d'investissement à long terme.
  • Protéger: les investisseurs peuvent tirer parti de la faible volatilité momentanée pour prendre des bénéfices tout en restant exposés à une poursuite de la hausse, le tout pour un coût relativement faible. Les investisseurs, que la belle performance des actions américaines et européennes a rendu nerveux, peuvent également chercher à diversifier leurs portefeuilles en investissant dans d'autres marchés davantage susceptibles de surperformer. Cette année, par exemple, les actions japonaises sont restées à la traîne du rebond. Et les actions émergentes et canadiennes comptent parmi les plus abordables au monde (leurs ratios cours/bénéfices sont inférieurs de 17% et 15% respectivement à leur moyenne des trente dernières années).
  • Croître: les investisseurs inquiets quant à l'état du cycle économique à court terme peuvent envisager d'investir dans des tendances séculaires, qui sont de nature à faire augmenter le chiffre d'affaires des entreprises concernées plus vite que la croissance du PIB mondial, et ce tout au long du cycle. Les thèmes de la «fintech», des dispositifs médicaux, des thérapies géniques et des innovations qui contribuent à rendre les villes intelligentes sont recommandés.

Les investisseurs peuvent également profiter de la multiplication des opportunités dans l'investissement durable en substituant, le cas échéant, des investissements existants par des variantes durables au profil risque/rendement comparable.

En bref, les investisseurs n'ont pas intérêt à vendre en mai pour se retirer des marchés. Néanmoins, le triptyque «planifier, protéger et croître» peut aider les investisseurs à se préparer aux mois d'été.

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