La septième édition de l’Etude sur les PME publiée par l’association swiss export et le cabinet de conseil en stratégie Kearney, réalisée en collaboration avec Raiffeisen et le partenaire de cette année Kistler Group, fait le point sur la situation et présente les défis et opportunités pour les petites et moyennes entreprises (PME) suisses. Le sondage de cette année était axé sur l’usage que font les PME de l’intelligence artificielle (IA).
Les études menées ces dernières années ont montré que bon nombre de PME suisses sont en principe bien parées pour relever les multiples défis. Le sondage de cette année a mis en lumière que par rapport à l’an dernier, les PME suisses sont de nouveau plus optimistes quant à leur avenir économique. Fabian Siegrist, partenaire chez Kearney, explique: «Environ deux tiers des PME suisses s’attendent à une évolution bonne à très bonne de leur propre situation commerciale. Les PME suisses ont appris à gérer des situations macro- et géopolitiques complexes et elles ont pris les dispositions appropriées. La stabilisation des prix de l’énergie et des matières premières, le contexte un peu moins tendu concernant les taux d’intérêt et l’évolution économique relativement stable sur les principaux marchés d’exportation contribuent sans aucun doute à cet optimisme».
L’intelligence artificielle: oui au potentiel, non à la réduction des effectifs
Le sondage de cette année montre que les entreprises interrogées font encore un usage assez modéré de l’IA. Même si presque la moitié des entreprises y voient des opportunités à saisir, seules 9% environ ont systématiquement recours à l’intelligence artificielle. Les domaines d’application indiqués sont l’informatique, le marketing et les ventes ainsi que le service à la clientèle. Pour de nombreuses PME, l’IA a bien l’avantage de compléter et non pas de remplacer l’intelligence humaine ou le travail humain. Bien qu’elles s’attendent à ce que le recours à l’IA modifie considérablement la manière de travailler et d’interagir avec la clientèle, seulement 23% d’entre elles sont d’avis qu’il y aura des suppressions d’emplois directement liées à l’usage de l’IA.
Claudia Moerker, directrice de l’association swiss export, souligne l’importance croissante de l’IA: «Grâce aux nouvelles possibilités offertes par l’intelligence artificielle, l’innovation deviendra la norme. Les entreprises et les organisations vont constamment devoir s’adapter et se réinventer pour transformer le changement en turbo-transformation et construire un avenir durable».
La politique étrangère gagne en importance
Dans les éditions précédentes de l’Etude, les PME interrogées avaient indiqué que le prix de l’énergie et des matières premières constituait le principal risque conjoncturel. Et elles n’ont pas changé d’avis cette année, mais la tendance est à la baisse (2022: 84% de mentions, 2023: 62%, 2024: 56%). Pour les PME interrogées, l’évolution de la politique étrangère, en revanche, a gagné en importance: elle a progressé de près de dix points de pourcentage par rapport au sondage de l’an dernier. Cela inclut également la relation de la Suisse avec l’UE, souvent citée comme étant un risque, et pour lequel les PME attendent le plus grand soutien de la part des politiques. En effet, la principale attente des PME vis-à-vis du monde politique est, pour la sixième année consécutive, la clarification des relations bilatérales avec le premier partenaire commercial de la Suisse.
Roger Reist, responsable Clientèle entreprises, Treasury & Markets et membre de la Direction de Raiffeisen Suisse, précise: «Les entreprises orientées sur l’exportation notamment sont tributaires de relations stables et opérationnelles avec l’UE pour pouvoir planifier et investir dans le futur. Le flou juridique actuel et la participation parfois restreinte au marché intérieur européen limitent les entreprises dans leur liberté économique et financière.»
Perspectives positives pour les entrepreneurs
Deux tiers des entreprises s’attendent à une situation économique bonne à très bonne à l’avenir. L’an dernier, cette part s’élevait encore à 62%. Cette évaluation se reflète également dans les attentes financières. Plus de 80% des PME interrogées tablent sur une augmentation ou sur une stabilité de leur chiffre d’affaires. La pénurie de main d’œuvre qualifiée a certes perdu un peu de son urgence, mais elle reste le deuxième risque conjoncturel le plus souvent cité.
L’«Etude sur les PME», réalisée depuis 2018, constitue une évaluation annuelle de la situation des PME suisses. Cette année, 605 représentants de PME suisses ont participé au sondage qui s’est déroulé entre fin mai et début juillet 2024.