Tirer parti de la volatilité

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Un regain d'inflation à court terme pourrait alimenter la volatilité sur les marchés d'actions et d'obligations. Au risque de refroidir les investisseurs.

©Keystone

Les signes de résurgence des tensions sur les prix à la production et la perspective d'un nouveau train de mesures budgétaires aux Etats-Unis alimentent la peur de l'inflation. Cette inquiétude devrait s'avérer excessive. Mais un regain d'inflation à court terme pourrait tout de même alimenter la volatilité sur les marchés d'actions et d'obligations. Au risque de refroidir les investisseurs. Dans les mois à venir, ces derniers devront garder leur sang-froid et s'efforcer de tirer parti de la volatilité.

Une bonne partie des mesures proposées par le président Biden
visent à maintenir les revenus, et non à les augmenter.

Aux Etats-Unis, les anticipations d'inflation à deux ans sont au plus haut de cette dernière décennie. Il y a dix jours, le point mort d'inflation à dix ans a atteint 2,24%, son sommet depuis août 2014, et le point mort d'inflation à deux ans a atteint 2,64%, sa valeur maximale depuis avril 2011. Les prix à la production ont bondi de 1,2% en janvier par rapport au mois précédent, contre une prévision de 0,4%, accentuant ainsi la crainte d'une inflation des prix des intrants.

La Recherche d’UBS ne croit pas à une pression inflationniste persistante. Explications.

  1. Des mesures d'aide, et non de relance
    Le train de mesures budgétaires de 1’900 milliards de dollars proposé par le président Joe Biden équivaut à environ 9% du PIB des Etats-Unis avant la pandémie. Néanmoins, une bonne partie des mesures proposées (à l'instar de la prolongation des allocations chômage) visent à maintenir les revenus, et non à les augmenter.
  2. Des capacités inutilisées dans l'économie
    La croissance du PIB ne devrait pas retrouver sa trajectoire tendancielle avant la fin de l'année. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a souligné que le taux de chômage au sens large tourne autour de 10%, contre un taux officiel de 6,3%.
  3. Des anticipations d'inflation supérieures à l'inflation avérée
    Depuis la crise financière mondiale, les anticipations d'inflation basées sur les swaps d'inflation à cinq ans sont supérieures de 1,2 point de pourcentage en moyenne à l'inflation moyenne des prix à la consommation constatée sur la même période.
  4. Regain d'inflation probablement temporaire
    Cette année, la hausse des prix à court terme résulte en bonne partie d'un déséquilibre inhabituel entre l'offre et la demande, qui devrait disparaître avec la normalisation de l'activité économique. Le point mort d'inflation à dix ans aux Etats-Unis est inférieur aux anticipations à deux ans. Un constat inhabituel qui suggère que les marchés pensent également que le regain d'inflation est transitoire.
Inflation et volatilité au programme

Néanmoins, un regain d'inflation est probable à brève échéance. Dans les mois à venir, les investisseurs seront confrontés à une inflation supérieure à l'objectif des banques centrales, conjuguée à une forte croissance économique qui s'accompagnera d'importantes créations d'emplois. Les taux d'intérêt resteront proches de zéro et les banques centrales continueront d'injecter des liquidités. 

La Fed a déclaré à plusieurs reprises qu'elle ferait abstraction d'un tel regain d'inflation et tout donne à penser qu’elle s’y tiendra. Ce regain d’inflation devrait tout de même rendre les investisseurs anxieux à l'idée d'un possible relèvement des taux directeurs.

Profiter de la volatilité plus marquée et des biais des options,
qui influencent les cours des options put par rapport aux options call. 

Il y a dix jours, le spectre de l'inflation a fait grimper le rendement des bons du Trésor américain à dix ans à 1,345%, soit une hausse d'environ 43 points de base depuis le début de l'année. Si jamais les rendements augmentent fortement dans un court laps de temps, cela pourrait s'avérer problématique pour les actions.

Compte tenu de cette forte incertitude macroéconomique, avec des scénarios de croissance et d'inflation très contrastés, la volatilité implicite des actions pourrait ne pas retrouver son niveau antérieur à la pandémie. Il faut donc s'attendre à des accès de volatilité.

Savoir profiter de la volatilité

Dans cet environnement caractérisé par des perspectives à moyen terme toujours favorables mais par une volatilité marquée, les investisseurs devront garder leur sang-froid tout en guettant les occasions de tirer parti de la volatilité. L'un des moyens consiste à profiter de la volatilité plus marquée et des biais des options, qui influencent les cours des options put par rapport aux options call. 

Même si la volatilité plus marquée renchérit l'achat des options call en dehors des cours, le biais actuel sur le marché des options fait que les options put sont à leur tour plus onéreuses que les options call. Les investisseurs peuvent ainsi obtenir des prix d'exercice plus avantageux avec des structures d'options à primes identiques offrant une exposition à la hausse (achat d'options call financé par la vente d'options put). 

Les investisseurs qui ont la possibilité de recourir aux options peuvent également envisager une stratégie de vente d'options put, qui permet d'atténuer le frein sur la performance lorsque les investisseurs entrent systématiquement sur le marché. 

Dans les mois à venir, le regain d'inflation contribuera à l'accentuation de la volatilité mais il créera des opportunités pour les investisseurs qui sauront en tirer parti.

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