Ne laissez pas le «train de potentiels d'action» vous faire dérailler

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Dans les mois à venir, les investisseurs seront amenés à suivre leur propre «train de potentiels d'action».

En neurosciences, le cerveau interprète le monde extérieur au moyen d'une série de «pics» d'activité neuronale, que l'on appelle «train de potentiels d'action» ou «train d’influx nerveux». Dans les mois à venir, les investisseurs seront amenés à suivre leur propre «train de potentiels d'action». Le défi consistera à se focaliser sur la situation générale et à ne pas dérailler.

Pic n°1: les hospitalisations

Depuis près d’un an, les responsables politiques et les marchés financiers ont été confrontés à de brusques flambées des cas de coronavirus et des hospitalisations. Néanmoins, compte tenu des campagnes de vaccination, les pics d'affluence dans les hôpitaux pourraient être de l'histoire ancienne. La normalisation de l'activité économique pourrait intervenir plus vite que prévu.

Pic n°2: les mesures de relance

En plus du rebond de la demande des ménages et des entreprises avec le déconfinement, on pourrait assister à une nouvelle salve de mesures de relance économique. Notamment aux Etats-Unis où un nouveau train de mesures budgétaires d'une ampleur historique est en vue. Au vu de cet effort de relance, la croissance économique et les bénéfices des entreprises pourraient s'avérer meilleurs qu’anticipé.

Pic n°3: l’inflation

Lorsque la libération de la demande refoulée se heurtera à une offre restreinte, un pic d'inflation pourrait survenir, du moins à court terme. Les prix du transport de marchandises, des aliments et des semi-conducteurs suggèrent que c'est déjà le cas dans certains pans de l'économie. Les investisseurs et les responsables politiques devront garder leur sang-froid pendant cette période d'inflation élevée, dès lors qu’elle devrait être de courte durée.

La volatilité est une belle occasion
d'améliorer le rendement.
Pic n°4: la volatilité

Les fluctuations de toutes ces variables clés engendreront des accès de volatilité. Les fluctuations marquées enregistrées le mois dernier par des titres massivement vendus à découvert ne sont qu'un exemple de la soudaineté de ces pointes de volatilité. Selon la Recherche d’UBS, la volatilité est une belle occasion d'améliorer le rendement, de prendre une exposition asymétrique, de profiter de la dispersion des marchés ou de constituer des positions à plus long terme.

Dans l'ensemble, on peut rester optimiste à l'égard des marchés sur l’horizon d'investissement tactique. Même si le «train de potentiels d'action» est susceptible d'alimenter la volatilité, il est peu probable que cela fasse dérailler le marché haussier. Toutefois, l'incertitude qui entoure les facteurs de marché déterminants risque d'amener certains investisseurs à abandonner ou à retarder la mise en œuvre de leur plan stratégique.

Les investisseurs qui cherchent à protéger et à accroître leur patrimoine réel devront définir un plan pour faire fructifier leurs liquidités excédentaires et s'y tenir. Notamment si l'environnement actuel, caractérisé par des taux bas, par une remontée de l'inflation et par un effort de relance considérable, est amené à perdurer.

La Recherche d’UBS recommande les stratégies suivantes.

Parier sur les valeurs cycliques dans l'optique de la reprise

En termes de positionnement sur le marché des actions, afin de profiter du probable rebond de l'activité économique à l'échelle mondiale, il est recommandé d’investir dans les marchés émergents et de privilégier les petites capitalisations au détriment des grandes.

Dans les mois à venir, les taux d'intérêt devraient rester stables,
tandis que l'inflation est appelée à augmenter.

Depuis l'an 2000, à chaque fois que l'indice ISM aux Etats-Unis a atteint un point bas, les marchés émergents ont surperformé l'indice MSCI All Country World de 25 à 30% dans les deux ans qui ont suivi. Dix mois se sont écoulés depuis le dernier creux de l'indice ISM et les actions émergentes n'ont surperformé que de 8% environ, ce qui suggère qu'il subsiste un potentiel de hausse.

Historiquement, les petites capitalisations présentent un ratio cours/valeur comptable inférieur de 18% à celui des grandes capitalisations. Or, elles présentent aujourd'hui une décote de 30% par rapport aux grandes capitalisations. Au fil des bouleversements qui se font jour, il est judicieux de continuer à guetter les opportunités pour profiter de la volatilité marquée, notamment parmi les actions américaines.

La chasse au rendement

Dans les mois à venir, les taux d'intérêt devraient rester stables, tandis que l'inflation est appelée à augmenter. Dès lors, la Recherche d’UBS table, pour les six prochains mois, sur une performance positive pour les catégories d'obligations plus risquées.

Toutefois, l'équilibre des risques est en train de changer. Le potentiel de resserrement des écarts de crédit des obligations souveraines émergentes se concentre davantage sur les titres de moins bonne qualité (notation inférieure ou égale à CCC). Par conséquent, les risques idiosyncrasiques sont plus marqués et la Recherche d’UBS ramène sa recommandation à l'égard de cette catégorie d'actifs de «most preferred» à «neutral».

Il est possible que les investisseurs cherchent à céder des actifs en dollar
afin de rester diversifiés ou de couvrir leur risque de change.

Elle reste neutre à l'égard des obligations à haut rendement américaines mais observe que la qualité moyenne du crédit de ces titres s'est améliorée grâce aux nouvelles émissions et à l'arrivée d'«anges déchus». Les obligations à haut rendement asiatiques, dont le taux de rendement actuariel le plus défavorable (yield-to-worst) est de 7% par an, sont toujours appréciées, avec un rendement total attendu de 8 à 10% d'ici la fin 2021.

Se positionner dans l'optique d'une dépréciation du dollar

Une dépréciation du dollar à moyen terme est toujours probable. Le dollar américain reste surévalué à en juger par les modèles de parité du pouvoir d'achat et de parité des taux d'intérêt, qui suggèrent que la juste valeur du taux de change EURUSD se situe à 1,30.

Les investisseurs institutionnels de long terme sont toujours surexposés au billet vert. Le poids des actifs financiers libellés en dollar dans la capitalisation totale des marchés internationaux d'actions et d'obligations est désormais à son plus haut niveau depuis vingt ans. Par conséquent, il est possible que les investisseurs cherchent à céder des actifs en dollar afin de rester diversifiés ou de couvrir leur risque de change.

Lorsque les campagnes de vaccination permettront aux pays européens de lever les restrictions à l'activité, l'écart de croissance par rapport aux Etats-Unis se réduira substantiellement. Une reprise économique mondiale durable devrait profiter davantage aux devises pro-cycliques comme l'euro et faire retomber l'engouement pour les valeurs refuges.

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