La solidité de l’emploi à l’épreuve des chocs

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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Mais le rythme de création d’emploi aux Etats-Unis ralentit enfin.

Début 2021, la Fed jugeait que le marché du travail avait encore des progrès à faire après l’effondrement subi durant le grand confinement. Fin 2021, elle le trouvait au contraire arrivé à un point de surchauffe. Tout ceci illustré par l’envolée du taux de démission des salariés et la baisse rapide du taux de chômage vient compléter le tableau. Celui-ci, à 3,6% en avril, est retombé sous le seuil jugé compatible avec la stabilité des prix. Alors même que les salaires progressent sur une pente dépassant 5% sur un an.

Le climat des affaires reflète une certaine morosité chez les industriels, et plus encore dans la construction.

En lançant un cycle de resserrement monétaire, la Fed a pour objectif de calmer ces tensions. La transmission des hausses de taux à l’économie réelle, et plus spécifiquement aux conditions d’emploi, n’est pas mécanique, ni instantanée et dépend de l’environnement général. Les chocs d’offres répétés, liés à la pandémie et à la guerre en Ukraine, compliquent la situation. En ce printemps, la demande intérieure semble toujours robuste mais l’impact de l’inflation rogne sur le pouvoir d’achat. Dernièrement, le climat des affaires reflète une certaine morosité chez les industriels, et plus encore dans la construction. Cependant, les services de contact, importants demandeurs d’emploi, bénéficient quant à eux du rebond postpandémie.

Au total, le rythme des créations d’emploi a ralenti aux Etats-Unis et devrait continuer en ce sens. Sur un mois, il ne faut surtout pas exclure un imprévu. Une mauvaise surprise renforcerait les craintes de récession. Mais serait-ce suffisant pour amener la Fed à revoir ses plans? On peut en douter.

Un schéma récurrent

Concernant l’Europe, en avril, l’inflation sous-jacente avait progressé de 0,5 point à 3,5% sur un an, un résultat pouvant conforter la crainte d’effets de second tour de l’énergie vers les services. La levée des restrictions sanitaires a pu jouer en ce sens. Il faut peut-être aussi incriminer un calendaire lié à la date de Pâques. En 2014, 2017 et 2019 où Pâques était tombé dans la deuxième moitié d’avril, l’inflation sous-jacente avait augmenté entre 0,3 et 0,6 pt en avril et rechuté d’autant en mai. En tout état de cause, la Banque Centrale Européenne reste très vigilante d’autant que de nouvelles tensions se dessinent sur les prix de l’énergie et de l’alimentation. L’inflation totale est attendue à 7,8% sur un an contre 7,5% en avril.

Du côté des ventes en France, l’indice de la BdF a montré que la faiblesse subsistait sur les produits manufacturés, automobile en tête.

En ligne avec les enquêtes nationales déjà parues (PMI, IFO, INSEE), on peut s’attendre à ce que l’indice du sentiment économique soit stable en mai, voire un peu au-dessus de sa moyenne de long terme. Les services reprennent, l’industrie est cependant davantage à la peine et les ménages restent très pessimistes en raison de l’inflation.

En France, sans les mesures gouvernementales limitant le choc énergétique, l’inflation se situerait aux environ de 7%. Ce qui rapprocherait la France de la moyenne européenne, au lieu d’avoisiner 5%. Du côté des ventes, l’indice de la Banque de France a montré que la faiblesse subsistait sur les produits manufacturés, automobile en tête.

Pour le voisin outre-Rhin, les prix de l’énergie sont repartis à la hausse en mai mais restent sous leur pic de mars dernier. Le taux d’inflation est prévu à un niveau record de 8,1% sur un an contre 7,8% en avril. La volatilité des prix autour de la date de Pâques pointe vers un risque baissier sur l’indice des prix sous-jacent.

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