La reprise des actions survivra-t-elle aux coupes de la Fed?

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Si la hausse des prix s’installe durablement, la Fed ne se montrera pas aussi «dovish» qu’à Jackson Hole. Les actions devraient continuer à performer.

©Keystone
Le tapering va commencer plus tôt que prévu

Dans son discours très attendu à Jackson Hole la semaine dernière, le directeur de la banque centrale américaine, Jerome Powell, a indiqué que celle-ci commencerait à réduire le programme d'achat d'obligations avant la fin de l'année. C'est plus tôt que prévu. Il a également déclaré qu'il n'était pas possible de prévoir quand la banque centrale relèverait ses taux d’intérêt, ajoutant que ce ne pouvait être une réponse à une hausse temporaire de l'inflation. Cette prise de position, interprétée comme «dovish» par les marchés, a fait atteindre de nouveaux records aux actions. 

Les pénuries sont des pressions temporaires sur les prix...

Si les marchés pensent que la Fed a l’intention de camper sur cette position, alors ils se trompent. Certes, la Fed doit garder son sang-froid face à des pressions inflationnistes. Elle se concentre sur l'inflation de base pour exclure les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie. Dans les circonstances uniques de la reprise après la pandémie, il y a des pressions évidentes de goulot d'étranglement, qu'il s'agisse d'une pénurie de conteneurs qui a décuplé certains coûts d'expédition, ou des prix élevés des voitures d'occasion aux enchères. Ces pressions sont effectivement temporaires.

... mais la hausse des loyers et l'inflation des salaires sont plus durables

Mais on commence à voir apparaître des pressions plus durables sur les prix. L'inflation des loyers, qui est la principale composante des prix à la consommation, s'est accélérée et devrait continuer à augmenter au cours des deux prochaines années. L'inflation des salaires a commencé à s'accélérer fortement, mais elle est difficile à mesurer en raison des effets de composition (beaucoup de travailleurs faiblement rémunérés obtiennent un emploi, ce qui réduit la moyenne même si les taux de salaire globaux augmentent). Il est difficile de démêler les influences contradictoires, mais toutes les mesures que la Fed surveille sont en hausse. Un mois de plus d'augmentation des salaires et le ton de la Fed changera.

Le vrai signal d'un marché baissier des actions est un ralentissement de l’économie. Et il n’y a rien de tel à l'horizon.

Le marché prévoit une hausse des taux d’intérêt d’ici la fin de l'année prochaine et une autre courant 2022. Ce serait beaucoup trop «dovish». Il y a plus de chance qu’elle ne relève ses taux qu’une seule fois, d’ici un an. 

Le marché haussier est-il terminé?

La réponse, sur la base de l'expérience passée, est non. Les actions se redressent généralement lors d'un cycle de relèvement de la Fed et se portent bien pendant plusieurs mois après le premier relèvement. Le vrai signal d'un marché baissier des actions est un ralentissement de l’économie. Et il n’y a rien de tel à l'horizon. En effet, les Etats-Unis sont en train d'adopter une nouvelle mesure d'expansion budgétaire avec deux grands projets de loi sur les infrastructures présentées au Congrès.

COVID-19: des semaines délicates en perspective

Avec de plus en plus de personnes vaccinées, le lien entre la transmission du virus et le taux d’hospitalisations et de décès a été affaibli. Vivre avec le COVID est désormais la norme. 

Avec la rentrée des classes, le retour des travailleurs au bureau et l'automne qui approche, les nouveaux cas devraient à nouveau augmenter. Bonne nouvelle, les données économiques devraient également se renforcer. 

Dans l'ensemble, la reprise économique poursuit sur sa lancée, menée par les marchés développés. La Chine continue de lutter sur le plan économique. Les actions devraient donc continuer à se redresser et les rendements obligataires à augmenter. La pandémie est loin d'être terminée, mais nous sommes entrés dans une nouvelle phase décisive.

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