Le variant à faible impact?

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Malgré la proéminence du variant Omicron, les fondamentaux économiques restent bons.

©Keystone

Jusqu’à présent, les informations relatives au variant Omicron restent anecdotiques et sont surtout basées sur des expériences menées en laboratoire. En gardant à l’esprit que beaucoup d’éléments relèvent encore de la supposition, il semblerait que ce dernier variant en date soit plus transmissible que la souche originelle du virus. Il ne provoquerait en revanche que de légers symptômes. Le vaccin développé par le laboratoire Valneva, potentiellement efficace contre Omicron, suscite également un certain espoir. Le Royaume-Uni est ainsi en train d’essayer de rétablir une commande précédemment annulée de ce vaccin alors que l’UE en a déjà commandé quelques 27 millions de doses. 

Si les vaccins restent l’arme la plus évidente pour lutter contre la pandémie de COVID-19, les traitements développés contre la maladie gagnent également en efficacité. Les antiviraux produits par Pfizer et MSD, lesdites «pilules Covid», pourraient bien changer la donne en 2022. La prise de ces médicaments suite à une contamination permet de réduire de 80% les probabilités d’hospitalisation. Cela allège considérablement la pression sur les hôpitaux et réduit les mesures restrictives. L’impact sur l’économie en est considérablement diminué et les marchés boursiers s’en voient renforcés. 

Des fondamentaux solides

Les incertitudes sur le front médical restent nombreuses mais, dans l’ensemble, l’impact du COVID et de ses différents variants sur l’économie mondiale et les marchés boursiers devrait rester limité. Il l’est d’ailleurs déjà: le nombre de cas recensés cette année a dépassé celui de 2020 mais, selon les estimations de Goldman Sachs, la baisse du PIB mondial n’est que de 2% aujourd’hui alors qu’elle était de 20% durant le pic de la pandémie l’année dernière. 

La demande refoulée rencontre une offre refoulée, laissant présager un bien joyeux Noël pour bon nombre d’entreprises.

Les nouvelles restrictions auront certainement un impact sur l’économie et les consommateurs, tout comme les entreprises, sont nerveux. Mais ces derniers continuent à disposer d’une quantité importante de liquidités et les dépenses en biens de consommation sont en plein essor. La baisse des frais de transport et un manque de chauffeurs routiers moindre indiquent que les pénuries d’approvisionnement commencent à s’atténuer. La demande refoulée rencontre ainsi une offre refoulée, laissant présager un bien joyeux Noël pour bon nombre d’entreprises. 

Alors que les analystes et les entreprises préparent leurs perspectives pour 2022, les estimations de bénéfices pour ce dernier trimestre 2021 ont été rabotées. En ce qui concerne les estimations pour les différents secteurs du S&P 500, celles pour la technologie et les non-cycliques ont été revues à la baisse de 2,6% et de 1,6% respectivement au cours des dernières semaines. D’autres secteurs se portent un peu mieux mais la tendance générale est plutôt négative. Un autre indicateur affiche actuellement un pic de baisse: les demandes, faites par les entreprises aux analystes, de révision de leurs estimations. Mais des pics similaires sont déjà apparus par le passé et tout semble indiquer un rebond prochain des bénéfices.  

Des perspectives de hausse

Jerome Powell, le président de la Fed, a enfin admis la semaine dernière que la flambée de l’inflation aux Etats-Unis n’était pas transitoire. Cela ouvre la voie à un relèvement rapide des taux des fonds fédéraux. Les marchés continuent, eux, de tabler sur un resserrement lent et progressif avec une hausse de seulement 50 points de base pour l’année 2022 alors qu’il faudrait plutôt s’attendre au double. C’est en effet le niveau d’augmentation, tout à fait raisonnable, qui est prévu pour les taux directeurs au Royaume-Uni. 

La remontée des actifs à risque en est-elle pour autant menacée? Probablement pas. Les marchés tendent à garder la tête froide face aux premières hausses des taux. Il faudrait plutôt s’inquiéter d’un possible ralentissement économique mais, compte tenu de la toile de fond, les perspectives restent positives et les actifs risqués devraient donc continuer à se redresser. Les obligations, qui ont enregistré de relativement mauvaises performances en 2021, devraient continuer à sous-performer en 2022.

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