De l’effet du cycle de super-liquidité!

François Savary, Prime Partners

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Le scénario d’une forte reprise en deuxième partie d’année et l’initiation d’un cycle d’expansion à moyen terme est possible, pour ne pas dire probable.

Nous voilà donc entrés dans une nouvelle année sur les chapeaux de roues, tout au moins en ce qui concerne le comportement des actifs risqués. Rien de très différent de ce que nous avons connu sur le dernier trimestre de 2020. 

Il est vrai que le consensus, qui a largement intégré le scénario d’une reprise de l’économie à moyen terme peut expliquer cette poursuite de l’embellie sur les actifs risqués, les actions en particulier. La crainte de rater le «bull market» d’une part et le phénomène traditionnel d’anticipations des investisseurs de l’autre devraient suffire à nous rassurer sur cette importante progression des indices depuis quelques mois et (peut-être) nous inciter à nous laisser porter par le momentum existant. 

Il est assez frappant de constater que le rebond des indices boursiers a été
particulièrement rapide, au regard de ce que l’on avait pu observer en 2000 et en 2008.

Il est toujours intéressant de faire des comparaisons historiques. Ainsi, il est assez frappant de constater que le rebond des indices boursiers, après leur forte correction du premier trimestre 2020, a été particulièrement rapide, au regard de ce que l’on avait pu observer en 2000 et en 2008, par exemple. Tant la récession induite par l’explosion de la bulle des valeurs technologiques que la grande récession liée à la crise des suprimes avaient, elles aussi, été concernées par le phénomène d’anticipation de reprise économique au sein de la communauté financière, à un moment donné; cependant, on peut défendre l’idée que nous vivons actuellement une version «accélérée» du processus traditionnel d’anticipations sur les marchés qui peut susciter certaines inquiétudes. 

Ainsi, alors que nous entrons dans une nouvelle année avec des résultats mitigés tant sur la maitrise de la pandémie de COVID-19 que sur celle de la mise en œuvre effective de la campagne de vaccination, les investisseurs ne semblent pas s’inquiéter, outre mesure, du fait que les principaux marchés d’actions affichent des niveaux d’évaluation qui sont élevés pour une phase de début de cycle économique (qui doit encore se confirmer); en outre, le ratio de la capitalisation boursière rapporté au PIB mondial est désormais supérieur à celui que nous avions pu observer au moment de la «bulle techno» dans les années 1990. 

La rapidité avec laquelle nous sommes passés, en quelques mois seulement, de zones «confortables» sur les éléments précités à des zones «optimistes» fait craindre à certains que les bourses ne soient affectées par un phénomène majeur d’exubérance. Il est vrai que le décalage entre le monde réel et la sphère financière n’a peut-être jamais été aussi marqué! Ce sentiment, très présent au sein de la population, alors que nous sommes confrontés quotidiennement à l’impact des mesures de confinement liées à la COVID-19, est tout à fait légitime.

Le «grand écart» de la liquidité par rapport à l’économie réelle
ne nous semble pas menacé sur sa première jambe.

Il y a néanmoins un élément important que l’on doit intégrer dans l’observation rapportée ci-dessus, c’est le caractère exceptionnel du cycle de liquidités qui a été initié par les banquiers centraux à partir du printemps 2020. Ce que nous qualifions de cycle de super-liquidités! On ne mettra jamais assez l’accent sur ce phénomène, qui bien évidemment renforce le risque d’une économie de bulle. L’ampleur de cette dernière a-t-elle déjà atteint des niveaux tels qu’il faut utiliser le rally des derniers mois pour se désengager des bourses? Nous ne le pensons pas, car le scénario d’une forte reprise en deuxième partie d’année et l’initiation d’un cycle d’expansion à moyen terme est possible, pour ne pas dire probable. 

Le «grand écart» de la liquidité par rapport à l’économie réelle ne nous semble pas menacé sur sa première jambe; nous restons convaincus que les politiques ultra-accommodantes ne seront pas remises en cause au cours des prochains trimestres. 

Qu’en est-il de l’économie réelle? A cet égard, on peut se demander si les investisseurs n’ont pas trop anticipé une forte synchronisation du rebond économique entre les différentes régions? Rien ne permet de répondre par l’affirmative en l’état. Il n’en demeure pas moins que cette question devra faire l’objet d’une attention toute particulière dans l’avenir immédiat; une synchronisation limitée de la reprise serait de nature à pousser les investisseurs à se soucier bien davantage de l’apparente déconnection entre la sphère financière et l’économie réelle. Nous n’en sommes pas encore là mais nous devons garder cette hypothèse à l’esprit!

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