Le prix du bitcoin a passé sous la barre des 20'000 dollars. Dans le monde des cryptos, c’est l’hiver. Deux scénarii se présentent. Soit l’hiver se poursuit, la température baisse encore et c’est la mort blanche, soit le printemps revient, comme il est revient toujours après l’hiver.

Chaque hiver est différent. Celui-ci a de particulier qu’il coïncide avec un marché baissier pour les actifs traditionnels. La baisse du prix du bitcoin et de l’ensemble des cryptomonnaies est liée à l’environnement macroéconomique et financier global. Guerre en Ukraine, inflation, ralentissement économique, pénurie d’énergie, hausse des taux directeurs et réduction de la liquidité globale ont précipités les marchés traditionnels et numériques.

Difficile de savoir quand cet hiver terminera. Une amélioration de l’environnement global, un adoucissement de la rhétorique des banques centres, pourraient retourner la situation. Nous n’en sommes pas là.

Profitons de cette morosité pour nous projeter dans l’avenir et imaginer à quoi pourrait ressembler le printemps.

Trois thèmes pourraient sortir gagnant de la crise: la régulation, les NFT et le web3. Sans oublier de surcroit les solutions de vitesse de deuxième niveau (Layer 2 scalability solutions en anglais) que nous abrègerons par L2 pour simplifier.

La pression régulatoire est palpable à tous les niveaux dans le monde des actifs numériques. La Banque des Règlements Internationaux vient de publier ses recommandations au sujet du traitement des actifs numériques pour les banques. D’ici à la fin de l’année, l’Union Européenne devrait implémenter une nouvelle régulation connue sous le nom de MiCA pour Market in Crypto Asset. La Grande Bretagne a commencé le travail de régulation en 2019 avec la publication d’un guide qui est continuellement adapté. Enfin, le Président des Etats-Unis a signé en mars un décret visant à garantir le développement responsable des actifs numériques.

Outre ces travaux de fond, des poursuites judiciaires ont été lancées à l’encontre de Do Kwon, fondateur de Terra Luna, l’écosystème dont le sablecoin algorithmique UST a implosé, et contre Tornado Cash, une application décentralisée dont le but est de protéger l’identité des utilisateurs de cryptomonnaies.

Ces actions montrent que la protection des investisseurs et des consommateurs ainsi que la traçabilité telle que l’origine des fonds (lutte contre le blanchiment d’argent) et la connaissance du client sont des thèmes qui définiront le monde de la blockchain de demain.

Les acteurs régulés, les stablecoins dont les réserves sont auditées, et les fournisseurs de service d’actifs numériques appliquant des règles strictes quant à l’origine des fonds et des clients sont bien positionnés. On devrait ainsi observer une institutionnalisation de l’industrie.

Dans ce contexte les NFT (jetons non-fongibles) pourraient également jouer un rôle central car ils allient identité et confidentialité.

Liés à la notion délicate de traçabilité, les NFT ont des propriétés uniques, faisant de cette technologie un candidat idéal à cette fonction. En effet, les NFT sont destinés à répertorier des valeurs digitales uniques, comme l’identité. En outre, une des caractéristiques précieuses qui découle de la cryptographie est de pouvoir simultanément prouver l’identité sans la révéler. En d’autres termes, un NFT allie identité et confidentialité.

Aussi est-il possible de créer une identité numérique qui répertorie vos données et vous définit. Grâce à cette identité, vous pouvez accéder à des services régulés, sans pour autant divulguer votre nom et donc effectuer des transactions de manière anonyme dans un environnement sécurisé.

Il existe une catégorie de NFT appelée SBT pour Soulbound Token et qui a la particularité de ne pas être transférable. Cette particularité est essentielle pour tout ce qui concerne l’identité. En effet, une identité non transférable est un prérequis pour une haute qualité des données.

Dans un contexte plus large, celui du web3, le web de demain dans lequel l’utilisateur possède ses données, les NFT pourraient jouer le rôle d’identifiant. Par exemple, au lieu de la carte fidélité de votre vendeur de café habituel, vous pourriez posséder un «bored coffee been NFT» qui vous représente et contient des données qui vous correspond. Si le NFT est associé aux cafés de type super latte par exemple, ce NFT vous permettra de déguster en primeur le nouveau super latte double cream, skimmed milk. Il vous fait entrer dans le club fermé des amoureux d’un certain type de café et vous donne accès a dégustation par les meilleurs baristas.

Finalement, un autre thème porteur sur lesquels les blockchains travaillent est celui de la vitesse d’exécution des transactions et le coût de ces dernières. Dans le cas du bitcoin, il faut attendre qu’un bloc soit accroché à la chaine pour que la transaction soit validée. Avec le bitcoin, un bloc est attaché chaque dix minutes en moyenne. En outre, la taille du bloc étant fixe, il faut parfois patienter pour voir sa transaction effectuée, ou payer plus cher pour la positionner en haut de la liste des prochaines transactions.

Grâce au L2, les transactions sont effectuées rapidement et à moindre coût. Il existe un grand nombre de solutions appelées rollups qui sont en train d’émerger.

Imaginez des blockchains capables de finaliser des dizaines de milliers de transactions en moins d’une seconde, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, toute l’année. Cela implique que n’importe quelle valeur numérique (bitcoin, stablecoin) et numérisée (papier-valeur) peut être transférée en tout temps et instantanément aux quatre coins de la planète et à un coût dérisoire.

Innovation et développement se poursuivent malgré l’environnement difficile. Trois thèmes pourraient sortir gagnant de la crise: la régulation, les NFT et le web3, et finalement les solutions de vitesse de deuxième niveau (Layer 2 scalability solutions en anglais) que nous abrègerons par L2 pour simplifier.