COP27: l’heure des belles paroles?

Gerrit Dubois, DPAM

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Il est plus pertinent de surveiller les engagements et actions concrètes des entreprises au cours de l’année.

©Keystone

L'année dernière, la COP26 s'est achevée sur des ambitions loin d'être à la hauteur des exigences d'un scénario de réchauffement climatique à 1,5°C. Et à chaque fois, des promesses sont faites pour l'année suivante. Qu'est-ce que la COP27 a à offrir?

Que des nouvelles promesses?

Nous sommes loin de l'ampleur et du rythme des réductions d'émissions nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C d'ici à la fin du siècle. Au contraire, sur la base des engagements climatiques combinés (contributions déterminées au niveau national ou CDN), nous pourrions mettre le monde sur la voie d'un réchauffement d'environ 2,5°C d'ici la fin du siècle. Il semble que le Pacte de Glasgow pour le climat se soit perdu quelque part en chemin. Une note positive cependant, selon certaines analyses, les émissions n'augmenteront plus après 2030, même si la tendance à la baisse est loin d'être suffisante.

Malheureusement (ou heureusement?), cette COP sera éclipsée par une nouvelle crise, ou pire, par plusieurs crises. Les conséquences du COVID-19 et la guerre en Ukraine ont déclenché des chocs inflationnistes mondiaux, des inquiétudes concernant l'alimentation, des pénuries d'énergie ainsi qu’une démondialisation. La récente flambée des prix des hydrocarbures (et de la valorisation des émetteurs) et un retour vers le charbon suscitent de vives inquiétudes quant aux ambitions à travers le monde. Cela entravera-t-il l’annonce d'engagements plus ambitieux? Et cela aura-t-il un impact négatif sur les trajectoires d'émissions? Espérons que ce ne soit pas le cas. Les événements récents ont montré que les objectifs environnementaux pouvaient et devaient aller de pair avec les ambitions en matière de sécurité énergétique.

Mais ces crises ne suscitent pas seulement des inquiétudes quant aux efforts de réduction des émissions, elles mettent en péril les indispensables flux de financement de la transition, ainsi que les exigences de financement des pertes et dommages.

Une facture toujours plus lourde

La perception des risques liés au changement climatique est de plus en plus négative, comme l'ont clairement montré le Global Risk Report du WEF et, désormais, le Future Risks Report 2022 d'AXA: le changement climatique devient la première préoccupation dans le monde. Le coût de l'inaction sera extrêmement élevé, et le monde n'est actuellement pas prêt à faire face à ce qui s'annonce. L’Adaptation Gap Report 2021 sur le déficit d'adaptation au changement climatique montre des signes inquiétants d'élargissement du fossé entre les besoins et les perspectives dans ce contexte, tandis que les nations en développement réclament un financement de transition depuis longtemps. Où en sommes-nous alors?

Il semble que la promesse de financement de transition de 100 milliards de dollars par an, des pays développés aux pays en développement, qui devait commencer en 2020, ait été davantage un coup marketing qu'une véritable résolution. Les références aux besoins de financement sont restées inscrites dans le texte final de Glasgow, mettant en valeur un «redoublement des efforts» d'ici à 2025, mais omettant la mise en place d'un «fonds», le texte se concentrant uniquement sur le «soutien technique». L'UE a néanmoins déjà exprimé une certaine ambition de passer à la vitesse supérieure et de viser 2023. Cependant, jusqu'à preuve du contraire, le déficit de financement de la transition demeure, surtout si l'on considère que la grande majorité du financement se fait sous la forme de prêts coûteux, et non de subventions. Heureusement, la réglementation européenne contre le greenwashing ne vise que les entreprises et les institutions financières, et non les Etats souverains. Ou peut-on espérer une action concrète en Egypte?

Ne pas perdre espoir

Toutefois, il y a quelques aspects prometteurs inhérents à la COP: la collaboration sur l’action climatique par le biais du programme Climate Action/Climate Champions en est un exemple. Ces événements déclenchent ou font souvent progresser des initiatives entre les gouvernements ou le secteur privé pour accélérer les progrès réels en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Des annonces récentes comme le Partenariat pour une transition énergétique juste, ou les initiatives de suspension et d’allégement de la dette sont de bons exemples d’une telle collaboration.

Mais il faudra encore attendre. Dans l’ensemble, nous ne voulons pas nous faire de faux espoirs pour cette 27e conférence. Nous pouvons encore une fois nous attendre à des annonces officielles et informelles. Si, par miracle, la COP27 s’avérait être un succès, cela signifierait que les efforts de réduction des émissions seraient renforcés parmi les signataires pour combler l’écart en matière d’émissions, que le financement de la transition climatique vers les pays en développement atteindrait (au moins) 100 milliards de dollars américains par an et qu’un accord (ou un moyen de financement) sur la compensation des pertes et dommages serait conclu.

De plus, il y aura d’autres annonces des entreprises sur le climat, bien que nous ayons le sentiment qu’elles n’attendent plus la COP pour le faire. Comme l’impact des évolutions administratives sur l’engagement des États souverains a été démontré ces dernières années, nous sommes convaincus qu’il est important de surveiller de près les engagements et actions concrètes des entreprises au cours de l’année, car ils sont souvent plus prometteurs et porteurs d’espoir.

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