Composer avec l’incertitude

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

La guerre en Ukraine est montée d’un cran, débouchant ainsi sur une crise humanitaire de plus en plus grave. Point de situation.

Les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont provoqué une perturbation des flux de matières premières et une volatilité extrême sur certains marchés. Les négociations n’ont pas encore abouti à des résultats avérés sur le terrain.

De son côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 2018, réagissant ainsi à l’impact inflationniste de la hausse des cours des matières premières. Confrontée à sa plus forte vague de Covid-19 depuis le début de la pandémie, la Chine a pour sa part laissé entrevoir un virage majeur dans sa politique économique.

Comment le marché réagit-il à ce cocktail d’incertitudes?

Dernièrement, les actions sont poussées vers le haut, en partie car les investisseurs n’ont pas d’autre choix compte tenu de la hausse des rendements obligataires et de l’inflation. Cependant, la Fed a estimé qu’une récession serait «inévitable» en cas de durcissement de l’embargo sur le pétrole russe.

La forte incertitude qui règne aujourd’hui sur les marchés s’explique en partie par la diversité et par l’imbrication des principaux facteurs qui influencent les cours. La guerre, les fluctuations des principales matières premières, les intentions de la Fed, l’inflation, ainsi que les politiques économique et sanitaire de la Chine sont autant d’éléments qui ont contribué à l’évolution en dents de scie des marchés ces dernières semaines.

Les diplomates européens sont davantage optimistes que leurs homologues américains quant à la fin des hostilités.

Selon la Recherche d’UBS, il existe trois scénarios potentiels pour les marchés. Tour d’horizon.

Le scénario central

La situation en Ukraine empire encore avant de s’arranger. Les sanctions et le cours du pétrole atteignent leur point culminant d’ici à l’été. La décrue de l’inflation au second semestre rassure les investisseurs quant à l’évolution de la politique monétaire et elle permet aux marchés de reprendre leur progression.

Le scénario optimiste

L’issue favorable intervient plus tôt. La fin relativement rapide des hostilités rend improbable une poursuite de l’aggravation des sanctions et du renchérissement du pétrole. L’impact limité sur la croissance, sur l’inflation et sur la politique monétaire, ainsi que le soulagement lié à l’atténuation des incertitudes géopolitiques font grimper les marchés.

Le scénario pessimiste

En revanche, dans ce scénario, les sanctions continuent de s’aggraver avec une hausse significative des cours du pétrole à la clé. Le spectre de la stagflation prend forme, occasionnant un net resserrement monétaire et un repli des marchés financiers.

Le point culminant, c’est pour quand?

Dans l’immédiat, la Recherche d’UBS est d’avis que la question cruciale pour les marchés, qui déterminera lequel de ces scénarios se concrétisera, est de savoir quand les sanctions et les cours du pétrole atteindront leur point culminant, si ce n’est pas déjà le cas. La réponse à cette question est elle aussi incertaine. Les diplomates européens sont davantage optimistes que leurs homologues américains quant à la fin des hostilités.

Même si cela peut sembler excessivement simpliste de relativiser l’influence de la Fed sur les marchés, cette dernière ajustera certainement sa politique en fonction de la guerre et des sanctions. Mais ses décisions n’auront aucune incidence sur le cours des événements en Ukraine.

Les relations internationales empreintes de défiance devraient amener les gouvernements et les entreprises à privilégier la sécurité, ainsi que la stabilité, à l’efficacité et au prix.

Etant donné la forte incertitude, plutôt que de parier résolument sur l’orientation générale des marchés, La Recherche d’UBS prend des positions dans des domaines où la visibilité est meilleure.

1. Les matières premières et l’énergie

Les sanctions devraient rester en vigueur indépendamment de la conclusion d’un cessez-le-feu dans les semaines à venir. Par conséquent, les valeurs liées aux matières premières et à l’énergie restent efficaces pour couvrir les portefeuilles. Elles auront le vent en poupe si le scénario central se vérifie. Elles devraient également bien se comporter en cas de matérialisation du scénario pessimiste.

2. Les valeurs décotées et financières

Les prix de l’énergie devraient faire grimper l’inflation et les taux d’intérêt. La Fed a déjà relevé ses taux et elle a laissé entendre qu’elle ne s’arrêterait pas là. Face à cette hausse des taux d’intérêt, la Recherche d’UBS a une préférence pour les valeurs décotées, les valeurs financières, ainsi que les prêts de premier rang américains («senior loans»). On commence également à déceler de bonnes affaires parmi les obligations investment grade, qui ont été relevées à «Neutre» ce mois-ci.

3. La sécurité

L’invasion de l’Ukraine par la Russie fait entrer le monde dans une nouvelle ère de sécurité et ce dans plusieurs domaines (énergie, alimentation, données, défense nationale et climat). Les relations internationales empreintes de défiance devraient amener les gouvernements et les entreprises à privilégier la sécurité, ainsi que la stabilité, à l’efficacité et au prix.

La concrétisation de la sécurité

L’accent mis sur la sécurité énergétique est de nature à accélérer la transition vers la neutralité carbone, stimulant ainsi l’investissement dans les technologies vertes, l’amélioration de la qualité de l’air, la réduction des émissions de CO2 et l’efficacité énergétique.

Le souci de la sécurité alimentaire stimulera  les investissements dans la production locale. Cela implique d’améliorer les rendements agricoles, de développer l’agriculture verticale et la science des semences, ainsi que de rationaliser la consommation d’eau.

Enfin, la cybersécurité revêt encore une importance grandissante à mesure que de nouvelles données sont créées. La cyberdéfense sera encore plus stratégique aux yeux des gouvernements, qui craignent que la guerre en Ukraine trouve son prolongement dans le cyberespace.

 

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