Les déclarations de la Fed dopent les actions

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La progression généralisée des marchés a été tirée par les valeurs financières et technologiques.

La semaine dernière, les actions américaines ont rebondi dans un contexte d’espoir d’un cessez-le-feu en Ukraine. De son côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) a, comme prévu, annoncé une hausse des taux de 25 points de base (pb). La progression généralisée des marchés a été tirée par les valeurs financières et technologiques.

Les rendements obligataires ont légèrement augmenté après l’annonce du relèvement des taux de la Fed. Cette dernière a également publié des projections économiques actualisées, qui laissent présager sept hausses de taux de 25 pb cette année et quatre autres en 2023. Cela porterait les taux légèrement au-dessus du taux neutre à long terme, que la Fed estime à 2,4%.

Le ton plus musclé de la banque centrale américaine a créé la surprise. Toutefois, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, son président, Jerome Powell, a répété à plusieurs reprises que la Fed était résolue à assurer la stabilité des prix.

Du côté des actions chinoises

La semaine dernière, les actions chinoises ont enregistré leur plus forte hausse sur une journée depuis 2008 après que le Conseil d’Etat chinois se soit engagé à soutenir le marché.

La Fed est prête à accepter certaines difficultés économiques à court terme et à augmenter plus rapidement les taux si cela devait s’avérer nécessaire pour contenir l’inflation.

Le rebond du marché chinois fait suite à des informations de l’agence de presse officielle Xinhua, selon lesquelles Pékin veillera à la stabilité du marché boursier et soutiendra les cotations d’actions à l’étranger. En outre, la répression réglementaire qui affecte le secteur technologique devrait bientôt prendre fin.

Comment interpréter la situation?

Bien que n’ayant rien apporté de bien nouveau, les commentaires du président de la Fed, Jerome Powell, ont permis de clarifier la position de la banque centrale américaine sur l’économie. Ainsi, selon la Fed, la guerre en Ukraine est susceptible de provoquer une hausse de l’inflation aux Etats-Unis.

Par ailleurs, la vigueur du marché du travail devrait permettre à l’économie de résister face à la hausse des taux d’intérêt. Enfin, la stabilité des prix est une condition préalable pour que le marché du travail soit soutenu et solide. Et pour qu’il puisse offrir les conditions qui attiraient les travailleurs avant la pandémie.

Tout laisse ainsi penser que la Fed est prête à accepter certaines difficultés économiques à court terme et à augmenter plus rapidement les taux si cela devait s’avérer nécessaire pour contenir l’inflation. Concernant le bilan de la Fed, Jerome Powell a indiqué que les discussions progressaient et qu’une décision pourrait être annoncée à l’issue de la réunion du 4 mai.

Il a également précisé que la méthode pour réduire le bilan serait similaire à celle mise en œuvre lors de l’ajustement précédent. Des informations plus détaillées seront disponibles lors de la publication du procès-verbal de la réunion du 16 mars.

L’engagement de la Chine

En ce qui concerne la Chine, l’engagement du Conseil d’Etat à soutenir les marchés vise à atténuer les principaux points d’achoppement qui ont plombé le sentiment au cours de l’année écoulée. A savoir: la réglementation du secteur technologique, la menace de radiation d’ADR (American Depositary Receipts) et le ralentissement économique.

Cet engagement conforte dans l’idée que Pékin mènera des politiques qui viseront à stabiliser la croissance économique cette année. Un objectif de croissance relativement ambitieux, d’environ 5,5% pour 2022, a été annoncé lors du récent Congrès national du peuple.

Lors de ce même Congrès, un renforcement de la politique de soutien a également été promis, avec des mesures plus proactives et contracycliques, notamment une hausse des dépenses budgétaires de 8,4% en 2022. La Recherche d’UBS table sur une ou deux nouvelles baisses du taux de réserves obligatoires, ainsi que sur une réduction de 5 à 10 pb du taux directeur.

Que doivent faire les investisseurs?

Le rebond qu’a connu le S&P 500 la semaine dernière illustre la rapidité avec laquelle les marchés peuvent se retourner si la perception des investisseurs quant aux risques géopolitiques vient à changer. Ce rebond conforte par ailleurs l’idée que la vente pure et simple des actifs risqués n’est pas la meilleure réponse face à la guerre en Ukraine.

Les matières premières au sens large restent un moyen efficace de couverture des portefeuilles.

Dans un environnement d’incertitude accrue, il est recommandé de rester investi conformément aux allocations de référence, de maintenir la diversification du portefeuille, de mettre en place une protection à la baisse, ainsi que de se concentrer sur les rendements à long terme.

Face à la volatilité des marchés, la Recherche d’UBS recommande les mesures suivantes.

Couvrir les portefeuilles

Les matières premières au sens large restent un moyen efficace de couverture des portefeuilles. Dans un contexte de resserrement de l’offre et de la demande, les prix du pétrole devraient rester élevés. La Recherche d’UBS continue de tabler sur un Brent à 105 dollars le baril en fin d’année.

Les valeurs du secteur de l’énergie, qu’UBS continue à privilégier, n’intègrent pas entièrement un tel niveau de prix et elles devraient bien se comporter en cas de nouvelle hausse des prix des matières premières. Le secteur mondial de la santé, les stratégies dynamiques d’allocation d’actifs et les solutions structurées constituent aussi de bons moyens de réduire la volatilité des portefeuilles.

Se préparer à la hausse des taux

Malgré les risques qui pèsent sur la croissance, les indications d’orientation future de la politique monétaire communiquées par la Fed et par la Banque centrale européenne laissent penser que ces dernières considèrent toujours le relèvement des taux d’intérêt et la gestion de l’inflation comme des priorités.

Au niveau des actions, le secteur financier a tendance à bénéficier des hausses des taux. Les secteurs de substance (value), quant à eux, surperforment généralement les secteurs de croissance lorsque les taux augmentent. Du côté des titres à revenu fixe, les investisseurs peuvent miser sur les prêts seniors américains, qui offrent un rendement attrayant et une structure de taux variables.

L’ère de la sécurité

L’invasion russe de l’Ukraine devrait avoir des répercussions importantes sur plusieurs politiques gouvernementales, alors que les pays occidentaux et la Russie entrent dans une nouvelle ère, qui devrait être marquée par des relations plus conflictuelles et un désengagement économique.

Les aspects sécuritaires, qu’il s’agisse de la sécurité militaire conventionnelle, de la cybersécurité, de la sécurité énergétique ou de la sécurité alimentaire, devraient désormais être davantage pris en compte dans les décisions des Etats, ainsi que des entreprises. Les pays occidentaux avancent déjà rapidement dans cette direction. Dans ce contexte, le secteur technologique, en particulier la cybersécurité et les technologies habilitantes telles que la 5G+, semble receler de belles opportunités.

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