Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Les tweets de Trump ne laissent aucun répit aux investisseurs. Et c’est la fin de la période de trêve pour la BNS, qui doit remettre la main à la poche pour freiner l’appréciation du franc.

De la guerre commerciale à la guerre monétaire? Lors de la conférence de presse à l’issue de la dernière baisse, Jerome Powell, le directeur de la Fed, disait encore que le conflit commercial entre les USA et la Chine couve, sans pour autant avoir anticipéla réaction imprévisible de Trump. En effet, dès le lendemain, le président US menaçait d’appliquer des tarifs douaniers sur les exportations chinoises, jusqu’ici ménagées, via Twitter, son «studio à domicile», escaladant ainsi davantage le conflit entre les deux puissances économiques mondiales.

Les Chinois n’ont pas tardé à riposter: Le Gouvernement a instruit les entreprises éta-tiques de ne plus acheter des produits agricoles US. Par ailleurs, la PBOC a laissé chuter la monnaie sous la barre cruciale de sept yuans pour un dollar US – une mesure on ne peut plus symbolique. Enfin, le président US a mis le point d’orgue provisoire à cet échange, accusant la Chine de manipuler sa monnaie. La chose était claire pour les marchés financiers: Une spirale croissante des tarifs douaniers, qui affecte désormais les iPhone, les ordinateurs portables et les baskets, pourrait sérieusement ébranler la consommation, pilier toujours fiable de l’économie US. On ne serait alors plus très loin d’une récession. Les actions ont donc enregistré de nettes pertes de cours en début de semaine.

Ces développements récentsont plongé les deux parties dans une véritable impasse, qui ne connaît aucune sortie rapide sans que l’une ou l’autre partie ne perdela face. La guerre commerciale menace même de devenir une guerre monétaire. Trump a déjà communiqué sa préférence pour une dévaluation délibérée du dollar US à plusieurs reprises. Bien que le Trésor en ait les moyens (toutefois limités), la réussite d’une telle intervention est fort douteuse. L’histoire montre que cette mesure ne fonctionne qu’en coordonnant les efforts avec la politique monétaire et d’autres pays, dans l’idéal. La justification de l’administration US n’est donc pas établie. Certes, on peut reprocher beaucoup de choses à la Chine, mais pas de manipuler sa propre monnaie. Au contraire, la PBOC s’était souvent engagée, ces dernières années, à empêcher une dévaluation du renminbi, entraînant parfois un recours massif à des réserves de change. Une fois de plus, Trump a crié aux «fake news» avec ses tweets...

Fin de la période de trêve pour la BNS. L’EUR / CHF ne va que dans une direction depuis des semaines: vers le bas. L’euro est passé en dessous de la barre des 1,10 franc, si importante du point de vue psychologique et un seuil de tolérance également pour la BNS. A l’image des dépôts à vue des banques commerciales auprès de la BNS, force est de constater que cette dernière est à nouveau intervenue sur le marché des devises, de manière conséquente au cours des deux dernières semaines, pour la première fois depuis les élections françaises au printemps 2017. Cette stratégie sera prioritaire pour la BNS dans un premier temps, qui ne devrait pas encore introduire des taux négatifs plus importants. Car elle ne disposerait d’aucune marge de manœuvre en introduisant un taux directeur de -1%. Par ailleurs les banques subissent déjà une pression suffisamment forte. Mais doit-elle continuer d’alourdir son bilan pour autant? En effet, elle n’a pas su stabiliser l’euro au moyen d’interventions au cours des dernières années. Le cours n’a atteint le plancher que lors du revirement des vecteurs macro-économiques déclencheurs. Pour autant, il est plutôt improbable, à l’heure actuelle, que la politique monétaire devienne plus restrictive, voire que les USA et la Chine enterrent la hache de guerre.

Graphique de la semaine

Les «havres de sécurité» sont prisés comme jamais en ce moment,en raison des tweets impulsifs du président Trump et de l’escalade de la guerre commerciale. Les investisseurs s’intéressent aux obligations d’Etat de la Confédération, à l’or et au franc suisse en parallèle. Le rendement pour les obligations d’Etat de la Confédération, arrivant àéchéance dans 50 ans, navigue en territoire négatif entre temps.

GROS PLAN

Le président twitteur critiqué. Les quatre anciens chefs de la Fed revendiquentleur indépendance. Paul Volcker, Alan Greenspan, Ben Bernanke et Janet Yellen exigent, dans un article publié au Wall Street Journal, que la Fed puisse agir en toute indépendance dans l’intérêt de l’économie. Il est clair que la critique est destinée à Donald Trump, sans le nommer explicitement.

LE PROGRAMME

PIB allemand et dépôts à vue auprès de la BNS. Les données du PIB allemand attendues pour mardi devraient être faibles. En revanche, les chiffres pour le T2 suisse ne devraient être publiés qu’en septembre. Or, ceux de lundi, concernant les dépôts à vue auprès de la BNS, promettent d’être particulièrement intéressants.

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