Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

3 minutes de lecture

Le temps est compté pour le gouvernement américain dans le différend sur le plafond de la dette, créant ainsi de plus en plus d’inquiétudes chez les boursicoteurs. Entretemps, la Réserve fédérale américaine n’exclue pas catégoriquement de nouvelles hausses de taux.

Les bourses sous le signe du litige de la dette aux USA. Le différend autour du relèvement du plafond de la dette américaine figure au centre des attentions des investisseurs. Malgré le fait que le jour d’insolvabilité – au plus tard à la mi-juin – se rapproche de plus en plus, un accord n'a pas encore été trouvé. L’agence de notation Fitch examine ainsi un abaissement de l’honorabilité du pays. Après avoir été longtemps ignorée, le thème provoque désormais une nette hausse de la volatilité sur les marchés financiers. Un défaut de paiement aurait des conséquences désastreuses. Les procès-verbaux de la séance de la Fed ont quant à eux engendré des incertitudes supplémentaires en bourse. Selon ces derniers, les autorités monétaires n’excluent pas de nouvelles hausses de taux, mais les conditionnent à l’évolution des données concernant l’inflation et le marché de l’emploi. Le Swiss Market Index (SMI) évoluait par conséquent en grande partie à la baisse. La banque privée Julius Baer a déçu entre-temps en ce qui concerne les afflux d’argent frais et l’évolution des marges au cours du premier trimestre. En revanche, Ypsomed avait de bonnes nouvelles à annoncer. L’entreprise de technique médicale a pu doubler son résultat d’exploitation au cours de l’exercice qui s’est achevé fin mars. Les actionnaires bénéficieront désormais d’une hausse du dividende de 0,60 à 1,30 francs. A l’écart de la saison de publication des résultats, Vontobel a fait parler d’elle: Zeno Staub, le CEO de longue date, quittera la banque en 2024.

Nvidia a le vent en poupe. Le secteur technologique aime les thèmes à la mode. Après le cloud ou le métavers, c’est à présent au tour de l’intelligence artificielle (AI) avec sa figure de proue ChatGPT. Outre les géants de l’industrie tels que Microsoft ou Google, des entreprises comme le spécialiste de puces Nvidia en profite également. Celui-ci a l’avantage du «first mover» grâce à sa technologie performante dans le domaine de l’apprentissage automatique. Au cours du premier trimestre qui s’est achevé fin avril, Nvidia a fortement augmenté son bénéfice de 26% par rapport à l’exercice précédent pour atteindre 2,04 milliards d’USD. Pour le trimestre en cours, les prévisions de chiffre d’affaires de l’entreprise dépassent de près du double les attentes des analystes. C’est ce que reflète également le cours de l’action. Après publication des chiffres, le titre a en effet grimpé de jusqu’à 29% pour atteindre un record de 394 USD. L’action affichant une hausse de 160% depuis le début de l’année.

La faiblesse du yen stimule le marché des actions japonais. Le Nikkei évolue à 31’000 points, soit le plus haut niveau depuis 1990. Par rapport au début de l’année, l’indice directeur japonais a progressé de près de 19%. A titre de comparaison: le S&P 500 américain est en hausse de 8%, le SMI d’un peu plus de 5%. Outre la solide évolution économique du Japon, la surperformance du Nikkei est principalement due à sa faible monnaie. Par rapport au franc suisse, le yen est aussi bon marché qu’au début des années 1980, ce qui relativise la performance. Calculée en francs suisses, la hausse sur l’année s’élève «uniquement» à 9%.

Les entreprises sont pessimistes. L’indice des directeurs d’achat pour l’industrie européenne a chuté de 1,2 point à 44,6 points en mai. Le moral s’assombrit également chez les prestataires de service. Le décalage des effets de freinage conjoncturels en raison des hausses de taux d’intérêt se voit une fois de plus. Cela est due à la pandémie de coronavirus; les économies faites par les consommateurs durant cette période maintiennent en effet la consommation stable. En outre, de nombreuses entreprises bénéficient de carnets de commandes bien remplis suite aux difficultés d’approvisionnement de l’époque. Ces effets s’affaiblissent toutefois. Les risques de récession restent donc élevés dans la zone euro.

Aucun changement du taux directeur. La People’s Bank of China (PBoC) a décidé de maintenir le taux d’intérêt clé des crédits à un an (LPR) à 3,65% et celui des crédits à cinq ans à 4,3%, ces derniers restant ainsi inchangés depuis neuf mois déjà. Au vu de la fin de l’inflation (avril: +0,1%) et des récents chiffres décevants du secteur industriel chinois, les analystes tablent toutefois sur des baisses du taux de réserve pour les banques commerciales (RRR) dans le courant de l’année.

Graphique de la semaine

Avec 16’300 points, le DAX atteint un niveau record. L’indice directeur allemand enregistre une hausse de 17% depuis le début de l’année. Sa valeur a même doublé depuis 2000. Sur le fond, cette évolution est difficile à comprendre. Malgré l’inflation persistante et des taux d’intérêt élevés qui pèsent sensiblement sur la conjoncture, les investisseurs sont optimistes. Ils misent en effet sur un «atterrissage en douceur» de l’économie et sur des baisses prochaines des taux des banques centrales. Ils se montrent également optimistes quant au litige de la dette aux Etats-Unis. C’est donc la peur de passer à côté de quelque chose qui prédomine actuellement à la Bourse, mais cela peut toutefois aussi être source de déceptions.

GROS PLAN

Oh quel choc, une récession! L’économie allemande s’est contractée de 0,3% de janvier à mars par rapport au trimestre précédent, marquant ainsi la deuxième baisse consécutive. L’Allemagne se trouve donc désormais en récession (technique).

LE PROGRAMME

Croissance économique de la Suisse. Le 30 mai, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) publiera ses estimations de la croissance de l’économie suisse au premier trimestre.

A lire aussi...