Responsable de 25% des émissions de CO2 en Suisse, l’immobilier reste un défi majeur de la transition climatique.
Rendez-vous annuel suisse sur la durabilité, la 4e édition de Building Bridge a réuni durant cette première semaine d’octobre les poids lourds de la finance responsable. Ces derniers ont débattu sur une variété de thématiques liées la transition climatique. Lors d’une conférence consacrée à l’immobilier vert, une poignée d’intervenants ont partagé leurs meilleures pratiques en la matière.
Energivore, l’immobilier est responsable de 40% de la consommation énergétique en Suisse. Mirabaud Asset Management, la banque J. Safra Sarasin, KPMG ainsi que l’Asset Management Association Switzerland (AMAS) ont profité de cette tribune pour exposer leurs stratégies d'écologisation des portefeuilles immobiliers, telles que l'utilisation de sources d'énergie renouvelables, la mise en œuvre de pratiques de construction écologiques et l'investissement dans des infrastructures vertes.
Pour le cabinet d’audit KPMG, il est temps que les propriétaires d'actifs immobiliers, les investisseurs et les parties prenantes comprennent et gèrent activement les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Pas seulement parce que l’immobilier joue un rôle majeur afin de limiter le réchauffement climatique. Selon KPMG, fermer les yeux sur ces risques compromettra la durabilité économique, c’est-à-dire les rendements à long terme de ces placements.
Du côté des milieux académiques, l’Université de Lausanne travaille sur un projet visant à rendre les véhicules d’investissement plus transparents afin de les comparer entre eux sur la base de critères ESG. Pour ce faire, l’équipe en charge du projet souhaite établir des scores publics et gratuits à l’attention des investisseurs. Des informations telles que les spécificités techniques des bâtiments, le nombre d’étages ou d’occupants pourraient figurer sur ces rapports. Ces chercheurs sont en train de constituer une méthodologie identique avec l’aide de Quantom, une société tierce qui construit de l’information extra-financière, afin d’évaluer les stratégies des fonds, mais aussi éviter tout cas d’éco-blanchissement entre les promesses de départ et les faits.
Les financiers, de leur côté, développent une méthodologie afin de calculer la «green value»; une sorte de valeur ajoutée propre à l’immobilier durable. Le Head Sustainable Real Estate Investments de la banque J. Safra Sarasin Alexandros Gratsias reconnait que la rénovation implique un coût significatif, cependant il souligne que les immeubles à rénover engendrent des risques supplémentaires aux investisseurs dans la mesure où la performance énergétique est devenue un indicateur clé de performance. Afin d’atténuer les risques futurs, qui pourraient se concrétiser par des changements règlementaires, il explique comment les investisseurs peuvent augmenter les rendements afin de compenser la rénovation des immeubles dans une optique d’équilibre du cashflow. Mirabeau Asset Management a lancé en France un fonds qui rachète des biens obsolètes avec une décote afin de les rénover et les remettre sur le marché à des standards d’efficience énergétique plus élevés.
Depuis quelques années, le régulateur européen incite les investisseurs à inclure une dimension durable dans leur fonds immobilier. La Suisse pourrait bientôt emboiter le pas, d’où la nécessité d’établir des indicateurs de performance auditables. Le CEO d’Asset Management Association Switzerland (AMAS) Adrian Schatzmann identifie 6 indicateurs, dont le mix énergétique qui représente le pourcentage d’énergie fossile versus renouvelable, ainsi que la consommation énergétique totale facilement comparable. Le AMAS a publié des papiers de recherches sur les meilleures pratiques afin de rendre les portefeuilles plus facilement comparables.