Dans son discours «Tragedy of the Horizon» en 2015, Mark Carney a averti que «lorsque le changement climatique deviendra une question déterminante pour la stabilité financière, il sera peut-être déjà trop tard». Malheureusement, les dernières années ont souligné l’urgence de cet avertissement. Alors que la température moyenne de la planète a déjà augmenté de 1,1 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, la récente recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes illustre ce que pourrait être notre avenir si nous n’agissons pas rapidement. S’il reste une fenêtre d’espoir,  elle se referme rapidement.

La lutte contre le changement climatique exige un effort immédiat et multiforme. Compte tenu de la complexité du problème, il est impératif que nous adoptions une approche polycentrique et multidimensionnelle, en agissant à plusieurs échelles et en encourageant l’expérimentation et l’apprentissage à chaque étape. Reconnaître que le changement climatique est un système complexe souligne encore davantage l’importance d’investissements diversifiés et de stratégies adaptatives capables de relever cet immense défi.

Grâce à son influence considérable, le secteur privé est le fer de lance du changement. En tant que gestionnaires de capitaux, les investisseurs exercent une influence considérable sur l’allocation des ressources au niveau mondial. En orientant stratégiquement leurs financements vers des actifs durables et résistants au changement climatique, les investisseurs ont la possibilité d’obtenir des impacts environnementaux et sociaux positifs ainsi que des retours financiers. La position unique du secteur privé lui permet également de s’engager dans des mécanismes de financement innovants qui canalisent les fonds vers des projets et des technologies essentiels à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au renforcement de la résilience climatique.

En intégrant les considérations climatiques dans les décisions d’investissement, nous pouvons également canaliser les capitaux vers des projets qui donnent la priorité à la durabilité et à la résilience climatique. Par exemple, l’engagement actif des entreprises permet aux investisseurs de plaider en faveur de pratiques transparentes, durables et responsables. En combinant le levier financier et l’influence, les investisseurs sont bien placés pour conduire la transformation nécessaire pour faire face au changement climatique.

Investir en s’alignant sur l’objectif des moins de deux degrés Celsius et sur l’Accord de Paris est crucial pour réorienter les flux de capitaux vers un avenir durable et résilient au changement climatique. En soutenant les entreprises et les projets qui s’engagent à réduire les émissions de carbone, nous pouvons accélérer la transition mondiale vers une économie à faible émission de carbone».

Cependant, l’investissement durable va bien au-delà de l’augmentation des investissements qui peuvent être directement liés aux industries à forte intensité de carbone. Une transformation profonde des fondements de notre société est nécessaire: changer la façon dont nous vivons, travaillons et nous déplaçons.

Les bâtiments économes en énergie, par exemple, réduisent les émissions de gaz à effet de serre tout en permettant de réaliser des économies à long terme et de résister aux perturbations liées au climat. Les investissements dans les infrastructures durables soutiennent les efforts plus larges d’atténuation du changement climatique en réduisant la consommation d’énergie, en soutenant la sécurité énergétique et en créant des environnements de vie plus sains.

De même, il est essentiel de soutenir les technologies et les pratiques innovantes qui améliorent la productivité agricole tout en réduisant les incidences sur l’environnement pour transformer les systèmes alimentaires mondiaux afin d’atténuer les effets du changement climatique et de s’y adapter. Le financement de l’innovation nécessaire à la mise en place de systèmes alimentaires régénératifs offre une approche complémentaire en réduisant les émissions dues aux changements d’affectation des terres et aux activités agricoles tout en garantissant la résilience des chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales face aux défis liés au climat.

En outre, pour s’attaquer efficacement à la complexité des problèmes liés au changement climatique, il faut tenir compte de l’interdépendance de la chaîne de valeur et de l’interconnexion entre les différents secteurs. Cela souligne la nécessité d’une collaboration accrue à la fois au sein des secteurs et entre eux, d’initiatives industrielles et de décideurs politiques. Un dialogue et une collaboration continus sont essentiels non seulement entre les secteurs privé et public, mais aussi entre les pays développés et les pays en développement. Le défi du changement climatique requiert l’engagement de tous les individus, gouvernements, secteurs et institutions, chacun à son niveau.

Investir dans l’innovation, la recherche, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets est essentiel pour améliorer et renforcer la résilience mondiale, y compris celle du système financier, à long terme. Avant de prévoir l’avenir, notre tâche est de le rendre possible.