Comment pouvons-nous assurer nos retraites?

Communiqué, Maklerzentrum Schweiz

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Les plus importantes mesures représentent des ajustements apportés aux paramètres institutionnels tels que les taux de conversion et le versement anticipé du capital.

Le système des retraites peut être renforcé à l’aide de différentes mesures. Les plus importantes représentent des ajustements apportés aux paramètres institutionnels tels que les taux de conversion et le versement anticipé du capital afin de pouvoir répondre aux évolutions de la réalité. A long terme, il ne sera toutefois pas possible d’éviter de devoir sacrifier un certain nombre de «vaches sacrées».

Depuis plusieurs années, la prévoyance vieillesse est le sujet de préoccupation principal des Suisses - et ce, à juste titre. Selon l’Office fédéral des statistiques, presque les deux tiers de la population suisse possèdent un actif net inférieur à 100’000 francs ; un quart ne dispose même d’aucune fortune. Et à peine la moitié des Suisses s’attendent à ce que les avoirs de vieillesse qu’ils auront accumulés auprès des institutions de prévoyance leur permettront de jouir d’un train de vie confortable une fois qu’ils seront à la retraite.

Cette situation a plusieurs causes. L’évolution démographique et une espérance de vie en constante augmentation mettent les institutions de prévoyance durement à l’épreuve. Les taux d’intérêts, d’un niveau historiquement bas, compromettent fortement le rendement des caisses de pension, qui sont tenues d’avoir une forte proportion de placements à taux fixe. Le marché des capitaux en tant que «troisième cotisant» ne pourvoit plus les contributions nécessaires. Pour des motifs politiques, les taux de conversion n’ont pas été baissés durant une période bien trop longue, et ils demeurent encore à un niveau beaucoup trop élevé.

Sacrifier des vaches sacrées

Le régulateur et de nombreux acteurs du monde politique refusent de regarder la réalité en face. Les réformes consensuelles prévues ne vont pas assez loin. Certes, la Commission LPP avait recommandé au Conseil fédéral de maintenir le taux d’intérêt minimum à 1 pour-cent dans la prévoyance professionnelle de 2022. Mais les propositions des membres de la Commission allaient de 0,25% à 1,25%, de sorte que l’on a finalement procédé à un vote portant sur diverses variantes, en maintenant cependant le taux d’intérêt à son niveau de l’année précédente.

Il faudrait que l’on parvienne à réaliser que les vaches sacrées, telles que l’âge de la retraite, le taux d’intérêt minimum et le taux de conversion sur le capital obligatoire, doivent être conduites à l’abattoir afin de pouvoir assurer des pensions pour les générations plus jeunes. Il existe cependant des mesures politiquement moins controversées, et plus faciles à mettre en oeuvre, qui pourraient contribuer à sécuriser les pensions de retraite - et à atteindre un certain capital vieillesse.

Restreindre les retraits anticipés de capital

La première chose à revoir, ce sont les retraits anticipés de capital dans le cadre de l’obligation d’assurance. Les versements de capital réduisent en effet le flux des rentes de vieillesse à vie et par conséquent, la sécurité financière des personnes concernées. Il faut les limiter de façon drastique. Les avoirs de vieillesse ne doivent pas pouvoir servir à financer le départ (risqué) dans une activité professionnelle indépendante, et les retraits anticipés de type EPL (encouragement à la propriété du logement), qui jouissent d’une grande popularité dans toute la Suisse, devraient être limités à la partie surobligatoire ou à un montant équivalent au maximum à 25% du capital de prévoyance.

Les personnes qui optent pour un versement partiel ou complet du capital de prévoyance doivent être conscientes de la responsabilité qu’elles doivent alors assumer en vue du financement du reste de leur vie. Par ailleurs, il est choquant que la perception d’un capital unique, au moment de la retraite, bénéficie d’un taux d’imposition moindre que les rentes de vieillesse elles-mêmes. Il s’agit là d’une incitation fiscale malvenue, car elle se fait au détriment de la collectivité. Il convient donc de supprimer cette mesure inopportune.

Renforcer les incitations en faveur du pilier 3a

Le 3e pilier est amené à jouer un rôle de plus en plus important dans la couverture des déficits en matière de prévoyance. Il faut renforcer les incitations fiscales à l’épargne dans le 3e pilier : il faudrait que toutes les personnes concernées puissent, à partir de l’âge de 18 ans, exploiter pleinement le potentiel d’épargne tout au long des 46, respectivement 47 ans jusqu'à la retraite, et donc pouvoir aussi verser rétroactivement des contributions sur un compte 3a, en remontant jusqu'à la date de leur 18e anniversaire.

Les rentes de veuf et de veuve recèlent également un potentiel d’optimisation. Ces rentes ne devraient être versées que jusqu'au moment où les enfants atteignent l’âge de 18 ans, éventuellement avec une solution conciliante pour le conjoint survivant de plus de 55 ans lorsqu’il n’a pas exercé d’activité professionnelle. Au titre de la responsabilité individuelle accrue, on mentionnera également la pension de retraite pour les enfants. Elle doit être supprimée.

Les personnes actives ayant des enfants doivent être soutenues davantage en ce qui concerne la prise en charge des enfants, pour le bien de l’économie, et le sujet mérite que l’on y consacre un grand débat de fond. De plus, les cotisations concernant les personnes actives sans enfants devraient être augmentées, dans un esprit de solidarité et dans le sens d’un pacte intergénérationnel.

Que peuvent faire les employeurs?

Nombreuses sont les personnes qui souhaiteraient continuer à travailler une fois qu’elles ont atteint l’âge de la retraite - soit pour des raisons financières, soit parce qu’elles aiment travailler et ne voudraient pas renoncer aux contacts sociaux que leur offre le lieu de travail. Les employeurs devraient proposer des modèles de travail flexible à ces personnes et, avant qu’elles n’atteignent l’âge de la retraite, aborder avec elles les perspectives d’avenir envisageables. Cela est aussi dans l’intérêt de l’entreprise, car le savoir-faire et l’expérience professionnelle des collaborateurs d’âge mûr apportent une plus-value importante à l’entreprise et dans ce groupe de salariés, le taux de rotation est bien moindre que chez les collaborateurs plus jeunes.

Et dans un équilibre des responsabilités, il incombe aussi au régulateur de s’attaquer enfin, et de manière durable, aux problèmes des institutions de prévoyance. Il doit remanier les directives rigides relatives aux placements OPP 2 qui datent en partie d’une époque où les rendements des obligations fédérales n’étaient pas négatifs et où une obligation fédérale à 10 ans pouvait même rapporter 4 à 5% de bénéfice par année.

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