Résumer l’actualité 2022 dans la crypto s’avère être un réel défi, tant celle-ci a été dense et hétérogène. Nos experts en font l’expérience ces jours-ci, consacrés à la rédaction de l’édition 2023 du rapport annuel KPMG «Perspectives Crypto», revenant sur l’année écoulée avant de détailler notre vision des tendances à venir.

Il y a un an, notre équipe était assaille par les demandes d’accompagnement pour des projets NFT. Aujourd’hui, à la suite d’une chute importante des volumes d’échange sur ces cryptoactifs (plus de 90% par rapport à début 2022), la mode semble révolue. Pourtant, le nombre d’utilisateurs des plateformes NFT continue de croître et, surtout, des cas d’usage novateurs apparaissent, par exemple autour des réseaux sociaux décentralisés.

A l’inverse, il y a un an les banques européennes semblaient encore réticentes face à toute initiative crypto. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à lancer des expérimentations sur différentes verticales: la conservation, les security tokens, le paiement, l’investissement, etc. Force est de constater encore l’absence de la finance décentralisée dans les stratégies des établissements, dans l’attente d’un cadre règlementaire précis qui ne saurait trop tarder. Cependant, aux USA, le pas a été déjà franchi, par exemple avec JP Morgan ayant effectué de premières transactions sur le protocole Aave Arc, début novembre.

En un an, presque tout a changé. De l’euphorie du haut du marché haussier, on est tombés au plus bas du marché baissier: la capitalisation des cryptos, dans son ensemble, est passée de presque 3000 milliards de dollars à moins de 1000 milliards en un an. L’écroulement de la blockchain Terra et de son stablecoin TerraUSD (UST) sont passés par là, tout comme l’affaire FTX-Alameda, ayant gravement attaqué la confiance envers l’écosystème crypto.

Pourtant, les cryptos n’arrêtent pas leur percée en termes d’adoption. La néobanque Nubank, évaluée à 23 milliards et comptant 65 millions d’utilisateurs en Amérique latine, a enregistré en 2 mois l’afflux d’1,8 millions d’utilisateurs sur son service d’échange crypto, lancé en juin dernier. Et l’Europe de l’Ouest s’affirme désormais comme le plus grand marché crypto au monde: particuliers et entreprises combinés y ont échangé 1300 milliards de dollars de valeur sur l’année et captent 21,9% du volume mondial d’après un rapport de Chainalysis.

Certes, les cours ont chuté. Mais la tendance de développement d’une technologie n’est pas aussi erratique que celle des prix financiers. L’évolution d’une nouvelle infrastructure prend plus de temps qu’une grimpée en bourse, mais n’est pas remise en cause par un scandale. The Merge, à savoir le passage d’Ethereum de la preuve de travail à la preuve d’enjeu, n’est que la pointe d’un iceberg représentant les avancées technologiques de l’année 2022, en matière d’infrastructures blockchains. A ce sujet, il faut souligner notamment l’essor des solutions de scalabilité dites layer 2, permettant le traitement d’un grand nombre de transactions en quelques secondes et à des frais minimes (dans les centimes d’euro à date). Parmi ces layer 2, Arbitrum se classe pour l’instant en première position, étant devenue la cinquième chaîne par valeur bloquée dans ses smart contracts (Total Value Locked ou TVL), devant Avalanche et Solana. De plus en plus d’applicatifs sont désormais construits nativement sur des layer 2, tels que GMX (trading) sur Arbitrum ou encore Illuvium (jeu-metaverse) sur ImmutableX, dans les deux cas lancés courant 2022. Sans oublier le Lightning Network, la layer 2 de Bitcoin, qui permettra bientôt l’utilisation de stablecoins grâce à une nouvelle mise à jour, appelée Taro.

Enfin, l’actualité 2022 a également été riche du point de vue règlementaire, et notamment au niveau européen. Deux accords au sujet des cryptos, à propos des règlements MiCA (Market in Crypto-Assets) et TFR (Transfer of Funds Regulation), ont été d’abord trouvés (juin) et ensuite approuvés (octobre) par les autorités compétentes. Leur publication au journal officiel est prévue en début 2023, avec entrée en vigueur en 2024. Signe supplémentaire que les cryptos rentrent, en effet, dans une nouvelle phase de leur histoire. Mais également que celle-ci est loin d’être terminée.