Les marchés financiers semblent obnubilés, presque paralysés, par les élections américaines. L’horizon d’investissement se raccourcit et les prix des actifs retranscrivent l’hétérogénéité des anticipations des intervenants. Les trajectoires budgétaires entretiennent la pression sur les taux longs à travers une prime de terme accrue. C’est aussi le sens de la sous-performance des emprunts d’États contre swap. Les points morts d’inflation n’intègrent pas de risque inflationniste, au contraire de l’or qui fait aussi figure de valeur refuge universelle. Le yen (152 contre dollar) prisonnier des pressions politiques ne joue plus ce rôle.
Politique monétaire: pressions et ajustements
Les publications économiques de la semaine passée ont été presque ignorées par les marchés financiers. La semaine qui s’annonce est bien plus chargée et précédera le scrutin américain ainsi que la réunion de la Fed. Ces dix jours sont critiques pour la direction des marchés au cours des prochains mois. La politique de taux s’assouplit partout dans le monde à un rythme plus soutenu, afin de limiter les pressions liées aux déficits publics excessifs. La BCE semble même noircir le tableau de l’activité en zone euro pour préparer les marchés à une politique plus agressive. Andrew Bailey s’en fait l’écho au Royaume-Uni. Le Gilt est, en effet, dans le viseur des marchés, ainsi que le T-bond, compte tenu de la légère avance de Donald Trump dans les sondages. La pentification des courbes de taux reste une tendance majeure sur les marchés obligataires. Au Japon, la faiblesse du yen est symptomatique de la pression politique sur la BoJ et d’escalade de la guerre commerciale en cas de victoire républicaine en novembre. Les taux de change sont susceptibles de s’ajuster rapidement en cas de hausse des droits de douane. Ce contexte renforce à la fois le dollar et l’or qui semble orthogonal aux mouvements des devises majeures. Le stimulus chinois semble susciter presqu’autant d’espoirs que de questionnements. L’ampleur des difficultés de paiements des entités publiques régionales inquiète.
Le T-note oscille autour de 4,20%, alors que le Bund s’échange à 2,25%, sa valeur d’équilibre. Le rétrécissement des swap spreads s’amplifie sous le double effet des perspectives de baisse de taux et du QT. C’est aussi une marque de défiance envers l’ensemble des dettes publiques. Les spreads souverains contre Bund se sont toutefois stabilisés. La France cote autour de 73 pb à 10 ans. Le BTP italien ressort juste au-dessus des 120 pb. Le Gilt sous-performe, dans l’attente des annonces budgétaire prévues le 30 octobre et, notamment, les dépenses publiques d’investissement déterminantes pour le plan de financement de 2025. Parallèlement, le crédit traverse l’incertitude sans encombre. L’environnement de croissance modérée et le niveau de levier contenu favorisent la classe d’actifs. Sur les marchés actions, plusieurs grosses capitalisations américaines publieront cette semaine. Elles donneront le ton pour un marché américain qui se situe sur ses sommets historiques. La saison des résultats en Europe est marquée par les difficultés des valeurs de consommation, mais les marchés perdent 1%.