Boom économique et nouveau paradigme

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Malgré des perspectives réjouissantes pour les services, la Fed garde son œil sur le marché du travail.

Les marchés financiers mondiaux entrent dans une nouvelle phase marquée par la concrétisation du boom économique tant attendu, d’abord dans les pays anglo-saxons, puis en Europe d’ici quelques semaines. Cette phase se déroulera sous l’œil bienveillant d’une Réserve fédérale qui joue les Saint Thomas et d’une administration américaine qui promeut un nouveau paradigme.

La réouverture progressive des secteurs les plus vulnérables au COVID-19 aux Etats-Unis et en Angleterre permet déjà un redressement spectaculaire du climat des affaires dans les services. Le PMI mondial des services publié par la société Markit se situe à 54,7 en mars 2021, au plus haut depuis début 2018 (graphique 1). Or cette reprise devrait encore s’accélérer à mesure que l’Europe se dégagera de l’emprise de l’épidémie (d’ici l’été). Le point maximum d’accélération du cycle mondial est donc encore devant nous.

 

Malgré ces perspectives réjouissantes, la banque centrale américaine n’a aucune intention de changer son fusil d’épaule. Les membres de la Fed répètent à qui veut l’entendre qu’ils ne se baseront que sur les faits, et non sur les attentes et les prévisions des uns et des autres. Ces «faits», pour l’institut d’émission, consistent en un redressement convaincu à la fois en ampleur, en durée et en profondeur du marché du travail. La Fed surveille même désormais des variables d’inclusion, comme les inégalités d’emploi entre blancs, noirs et hispaniques.

Les investisseurs sont pour le moment plus sensibles
au message reflationniste qu’aux risques pour les entreprises.

Elle a en cela tiré les leçons d’expérience pré-COVID, quand ce qui ressemblait a priori au plein emploi – un taux de chômage affiché de 3,5% - n’empêchait pas l’inflation de demeurer en dessous de son objectif de 2% (graphique 2). La Fed veut donc un niveau de participation au marché du travail beaucoup plus élevé afin de ramener l’inflation à 2% dans la durée. 

     
Cette politique ne peut que trouver un accueil favorable à la Maison Blanche et au Trésor américain. Joe Biden et Janet Yellen portent en effet des visions et des plans en rupture radicale avec les décennies précédentes. Ils promeuvent la renaissance du syndicalisme, ainsi que le financement par les entreprises et par les ménages les plus riches de plans d’infrastructure, de programmes sociaux et des mesures pour l’environnement.

Les investisseurs sont pour le moment plus sensibles au message reflationniste (la réouverture, la relance, les plans d’investissements, etc.) qu’aux risques pour les entreprises, d’autant que ces risques sont difficiles à quantifier à ce stade. Cet environnement favorise cependant une approche ISR qui privilégie la dimension gouvernance, en Europe comme dans le reste du monde. Car c’est par une meilleure gouvernance que les entreprises pourront gérer au mieux la versatilité de l’environnement règlementaire, fiscal et sociétal. 

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