Tous les voyants passent au vert

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Si le taux de chômage reflue très rapidement d’ici l’automne, les investisseurs spéculeront sur le timing d’un ralentissement des achats d’actifs.

Le plan Biden de 2’250 milliards de dollars annoncé ces derniers jours reste encore à détailler et, surtout, à discuter au Congrès. Mais ce plan renforce clairement les perspectives de croissance d’une économie américaine qui a déjà débuté son décollage. Avec la fin progressive des restrictions liées à l’épidémie, tous les voyants passent au vert.

La confiance des consommateurs américains se redresse nettement au mois de mars (indice 109,7, au plus haut depuis mars 2020). Cette enquête du Conference Board est particulièrement utile car elle permet aussi de juger de la façon dont les Américains voient le marché du travail. Selon eux, il est certes un peu plus difficile de trouver un emploi aujourd’hui qu’avant l’épidémie mais l’écart n’est plus très grand. Ce n’est pas encore ce que montrent les statistiques d’emploi et de chômage, mais celles-ci sont difficiles à lire en raison des programmes de «furlough» (congés forcés) qui restent en vigueur dans certains secteurs. Si le jugement des ménages reflète mieux la réalité que les statistiques d’emploi, alors l’économie américaine pourrait rapidement rejoindre le niveau de quasi plein emploi dont elle bénéficiait juste avant la crise de la COVID-19.

 

Cette question est loin d’être anodine. Si le taux de chômage reflue très rapidement d’ici l’automne, les investisseurs seront amenés à spéculer sur le timing d’un ralentissement des achats d’actifs par la Federal Reserve (le «tapering») et avanceront la date de la première hausse des taux à court terme toujours prévue par la Fed en 2024. Inversement, des progrès plus lents sur le front de l’emploi détendraient l’atmosphère sur les marchés obligataires. Nous rentrons en tout cas dans une période de surveillance étroite des statistiques de l’emploi américain.

Outre son aspect ambitieux pour la croissance économique, le plan Biden renverse en grande partie les priorités de l’administration précédente. Joe Biden s’aligne d’abord sur le reste du monde en vue de la création d’une économie plus verte et invoque, pour convaincre les sceptiques, la nécessité d’être compétitif par rapport à la Chine dans ce domaine. L’avantage comparatif de Corporate America serait cependant écorné sur le plan fiscal par le projet de hausse des impôts sur les sociétés, de 21% à 28%, ainsi que par d’autres dispositions fiscales. Cet aspect du projet Biden est déjà combattu et il sera peut-être amendé. Reste qu’une partie de la baisse des impôts signée par Donald Trump en 2017 sera sans doute remise en question. On se souvient que cette baisse avait joué un rôle certain dans la surperformance de Wall Street en 2018. Bien d’autres facteurs jouent bien entendu sur les performances relatives, mais voilà un changement qui pourrait encourager les investisseurs à regarder vers d’autres horizons que la seule Corporate America.

 

Malgré l’élargissement du confinement en France, la baisse de l’euro, la résilience de l’économie et du marché boursier malgré les restrictions, et l’accélération attendu de la vaccination permettent d’être constructif. Par ailleurs, les évènements récents nous confortent dans notre positionnement sur les thèmes globaux de relance verte et de réouverture des secteurs les plus touchés par la crise du COVID.

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