Actions: ce que disent les facteurs

Pierre Debru, WisdomTree

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Tous les facteurs ne sont pas également valorisés sur les marchés actions et si certains sont chers, d’autres restent bon marché, surtout en Europe.

© Keystone

Malgré la légère correction du mois de septembre, les marchés actions ont terminé le troisième trimestre dans le vert. Cependant, les performances des différents secteurs ont été inégales, la technologie caracolant toujours en tête. En termes de facteurs, le «momentum» et la qualité sont les seuls qui aient affiché une surperformance à la fois sur les marchés développés et sur les marchés émergents. Tous deux ont pu tirer parti de leur profil «tout terrain»: ils ont réussi à battre les indices pondérés par capitalisation aussi bien durant la phase de rebond des marchés que pendant leur correction.

Néanmoins, les trajectoires qui leur ont permis d’aboutir à ces résultats ont été très différentes. Le facteur «momentum» a profité de sa forte exposition aux secteurs information & technologie et biens de consommation discrétionnaire représentés par des noms tels que Apple, Microsoft et Amazon. En revanche, le facteur qualité a pu dégager une forte performance au troisième trimestre et depuis le début 2020 en dépit de son exposition réduite à ces secteurs et à ces méga-capitalisations.

Les gagnants et les perdants

Le troisième trimestre a commencé par un puissant rallye basé pour l’essentiel sur les thèmes de la technologie et du télétravail ce qui a permis aux marchés de regagner tout le terrain perdu au 1er trimestre.  Ce rebond semble néanmoins avoir été interrompu par des facteurs tels que la crainte d’une deuxième vague de pandémie en Europe ou encore les incertitudes liées au Brexit. A l’approche des élections aux Etats-Unis, les marchés anticipent un accroissement de la volatilité et de l’incertitude au quatrième trimestre.

Il paraît difficile d’écarter la possibilité que des stratégies «tout terrain» telles
que la qualité et le «momentum» continuent sur leur lancée positive.

Au troisième trimestre, les actions monde ont réalisé des performances remarquables en juillet (+4,8% pour l’indice MSCI World) et en août (+6,7%), avant de reculer en septembre (-3,4%). Dans ce contexte, seuls deux facteurs sont parvenus à battre l’indice durant ces trois mois consécutifs. Il s’agit des facteurs «momentum» et «qualité». Comme on pouvait s’y attendre, le facteur «minimum variance» a été celui qui a enregistré la meilleure performance en septembre. En revanche, ses résultats de juillet et août ont été décevants. La surprise est venue de facteurs plus sensibles aux cycles tels que la taille ou la substance qui n’ont pas réussi à battre l’indice durant la phase de rebond des mois de juillet et août.

D’ici à la fin de l’année, l’incertitude devrait encore s’accroître et dans un environnement aussi chaotique, il paraît difficile d’écarter la possibilité que des stratégies «tout terrain» telles que la qualité et le «momentum» continuent sur leur lancée positive.

Surperformance et big tech au troisième trimestre

La surperformance et la concentration inhabituelle des principales positions du S&P 500 ont déjà fait l’objet de nombreux commentaires. Les 5 premières positions de l’indice ont en effet atteint une pondération record de 22,5%1 de ce dernier (Apple: 6,7%, Microsoft: 5,7%, Amazon: 4,8%, Facebook: 2,3% et Alphabet: 3,1%). Bien que les investisseurs considèrent ces cinq titres comme appartenant au domaine de la «tech», ils se répartissent en réalité sur trois secteurs, à savoir information & technologie, services de communication et biens de consommation discrétionnaire.

Or, si l’on observe les performances par secteur au troisième trimestre, il est intéressant de relever que ce sont celui de l’information et la technologie ainsi que celui de la consommation discrétionnaire qui ont eu l’impact le plus marqué, leur contribution à la performance allant de -4% à +3% alors que celle d’autres secteurs évoluait dans une fourchette de -1% à +1%.

Malgré le recul des ratios cours/bénéfices aux Etats-Unis et dans le monde,
le facteur taille est resté relativement cher sur les marchés développés

Les facteurs cycliques, tels que la taille et la substance ont été à la peine et ne sont pas parvenues à rebondir au troisième trimestre du fait de la contribution fortement négative des secteurs communication et information & technologie. En revanche, le «momentum» a très clairement bénéficié de son exposition à la consommation discrétionnaire ainsi qu’à l’information et à la technologie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il se trouve en tête des facteurs les plus performants au troisième trimestre et depuis le début de l’année. Pour ce qui est de la qualité, elle a pu légèrement profiter de son exposition au secteur information & technologie. Par contre, elle a souffert de sa sous-exposition aux secteurs de la consommation discrétionnaire et des services de communications. Elle est parvenue malgré tout à battre l’indice basé sur les capitalisations boursières ainsi que tous les autres facteurs à l’exception du momentum.

Pour ce qui est des trimestres à venir, il est possible que les cinq premières positions du S&P 500 effectuent un retour à la moyenne, en pondération comme en performance. Si tel est le cas, la plupart des facteurs, qualité comprise, devraient en bénéficier. Seul le momentum devrait en pâtir.

Des valorisations en hausse

Après avoir fortement progressé au deuxième trimestre, les valorisations se sont stabilisées au troisième trimestre. A l’exception de la taille, la plupart des facteurs sont devenus légèrement plus chers.

Malgré le recul des ratios cours/bénéfices aux Etats-Unis et dans le monde, le facteur taille est resté relativement cher sur les marchés développés. Il va de même pour le momentum. La qualité affiche quant à elle des multiples très stables, avec une prime par rapport à l’indice MSCI monde qui se situe actuellement à moins d’un point. En revanche, la substance et les actions à dividendes élevés demeurent très peu chères par rapport à l’ensemble du marché, un phénomène qui est particulièrement marqué en Europe.

 

1 Données au 30 septembre 2020.

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