Emissions en baisse: un signe de fondamentaux solides?

Chris Holman, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

L’offre brute devrait rester modeste en 2022, ce qui tient à plusieurs facteurs.

© Keystone

Le volume des nouvelles émissions d’obligations américaines à haut rendement (USHY) n’a totalisé que 4 milliards de dollars en mai, soit le troisième mois le plus faible depuis la crise financière mondiale; seuls les mois d’août 2011 (1,2 milliard de dollars d’émissions) et décembre 2018 (USD 0) avaient enregistré des chiffres plus bas. Depuis le début de l’année, les émissions d’USHY se sont montées à tout juste 67,4 milliards ou 36 milliards de dollars hors refinancement, soit des baisses respectives de 76% et 61% sur douze mois. Il s’agit du début d’année le plus lent depuis 2009. Si ce n’est pas une grande surprise compte tenu du niveau d’incertitude accru cette année, plusieurs facteurs permettent de s’attendre à une offre brute qui restera modeste durant le reste de l’année, ce qui devrait apporter un support technique additionnel.

Produits principalement affectés au refinancement

Premièrement, ces dernières années, le marché des USHY s’est caractérisé par une offre très importante avec des pricings respectifs de 450 milliards de dollars et 483 de dollars en 2020 et 2021. Par comparaison, la moyenne annuelle depuis 2011 est de tout juste 335 milliards de dollars. L’essentiel des produits au sein des nouvelles émissions d’USHY a été affecté au refinancement, qui représente historiquement ~60% de l’activité sur le marché primaire. Tout au long de 2020 et 2021, le marché du haut rendement a refinancé 587 milliards de dollars, profitant de conditions extrêmement attrayantes pour les entreprises qui ont pu gérer leurs profils de dettes en allongeant les échéances, en réduisant leurs dépenses d’intérêts et en constituant des positions de liquidités solides. Combiné avec l’activité de refinancement des prêts, le volume total des refinancements a atteint 1'000 milliards de dollars en 2020 et 2021, ce qui confère une certaine résilience aux liquidités d’entreprises HY.

Un effondrement de l’activité de refinancement semble très probable par rapport à l’an dernier, ce qui limitera fortement le volume d’émissions total au sein du marché à haut rendement.
Peu de candidats au remboursement anticipé

En raison de ce refinancement, le volume d’obligations qui arriveront à échéance en 2022 et 2023 n'est que de 114 milliards de dollars (~8% seulement de la valeur de marché de l’univers USHY). Il augmentera à 224 dollars en 2024, 458 milliards en 2025 et 519 milliards en 2026, ce qui signifie que la plupart des émetteurs peuvent se montrer patients et sélectifs lorsqu’il s’agit de gérer leur structure de capital de court à moyen terme. En outre, un volume de 39 milliards de dollars d’obligations HY (le plus bas niveau depuis une décennie) sont remboursables au cours de l’année prochaine et se négocient au-dessus ou dans la fourchette de 1 dollar par rapport à leur prix de rachat. En début d’année, un plus haut record de 342 milliards de dollars avait été enregistré. Notons également que le coupon moyen des obligations USHY arrivant à échéance au cours des quatre prochaines années est actuellement de 6,3%; il n’apparaît donc pas économique pour la majorité des émetteurs d’arriver sur le marché primaire dans ces conditions. De fait, le nombre de candidats au remboursement anticipé est le plus faible que le marché ait vu depuis septembre 2011. Par conséquent, un effondrement de l’activité de refinancement semble très probable par rapport à l’an dernier, ce qui limitera fortement le volume d’émissions total au sein du marché à haut rendement.

Des taux de défaut historiquement bas

Enfin, les entreprises ont visiblement mis en œuvre l’essentiel de leurs mesures ces dernières années en renforçant leurs bilans, en allongeant leurs profils d’échéances et en consolidant leurs liquidités. Le risque de refinancement étant actuellement limité sur le marché, ce facteur devrait contribuer à ce que les taux de défaut restent sous la moyenne historique de 3,2% (0,72% à l’heure actuelle) dans un proche avenir, avec des entreprises qui semblent bien placées pour supporter les fluctuations à court terme et retarder leur activité sur le marché primaire jusqu’à ce que l’environnement de crédit devienne plus favorable.

A lire aussi...