«All I want for Christmas...»

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management Suisse

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L’atténuation des difficultés d’approvisionnement et la vigueur de la consommation devraient créer un environnement favorable aux entreprises de biens de consommation.

Si le secteur des biens de consommation a subi de plein fouet l’impact des problèmes d’approvisionnement cette année, la situation s'améliore à l'approche des fêtes de fin d'année. Il est peut-être encore temps de dresser notre liste de Noël… 

Les chaînes d’approvisionnement montrent des signes d’amélioration

La pandémie avait mis l’économie mondiale à l’arrêt il y a 18 mois. Depuis, la plupart des pays ont relancé l’activité, notamment via d’importantes mesures de soutien budgétaire. Cette forte reprise synchronisée a entraîné des pénuries dans de nombreux secteurs au premier semestre: des pièces électriques de base aux semi-conducteurs en passant par la filière bois. Les ports ont peiné à absorber l'augmentation de la demande, ce qui s’est traduit par un allongement des délais de livraison des marchandises à travers le monde. En conséquence, le coût de transport d'un conteneur a plus que doublé entre janvier et fin septembre. Depuis début octobre, la situation semble s’améliorer...

L’indice Baltic Dry, qui suit le coût des cargaisons de minerai de fer et de charbon, a baissé significativement. L’indice de référence WCI Composite Container Freight recule également, tout en se maintenant à des niveaux très élevés. Certains signaux suggèrent en outre ne détente à l'extrémité de la chaîne d'approvisionnement. Les détaillants américains, par exemple, ont affiché de solides résultats au troisième trimestre, et envoyé un message rassurant sur leurs stocks. A titre d’exemple, ces derniers ont augmenté de 10,4% chez Walmart, dont le PDG C. Douglas McMillon a déclaré: «nous sommes prêts pour le lancement de la saison des fêtes». Cette embellie sur le front de la chaîne logistique commence à déteindre sur l'économie mondiale. Plusieurs indicateurs économiques reprennent des couleurs telle que la hausse des surprises économiques positives aux Etats-Unis en novembre. Sur une note moins positive, les cas de COVID-19 augmentent à nouveau et l'impact de la pandémie sur l'économie n'est pas encore derrière nous. 

Où en est la consommation? 

Alors que l’inflation est sur toutes les lèvres, il nous semble opportun de continuer à privilégier les entreprises dotées d’un solide pouvoir de fixation des prix. Cependant, le secteur des biens de consommation ne peut prospérer durablement que si la consommation reste robuste. La confiance des consommateurs aux Etats-Unis a fortement rebondi en début d'année, probablement grâce au succès de la campagne de vaccination. Malgré une baisse récente, elle reste ainsi bien supérieure à sa moyenne des 20 dernières années. La confiance retrouvée des consommateurs est également visible dans les récentes données sur les ventes de détail aux Etats-Unis. A 1,4%, les chiffres du mois d'octobre (hors carburant automobile) ont en effet dépassé le consensus des économistes. Le consommateur américain est encore au rendez-vous. 

En attendant le Père Noël

L’atténuation des problèmes des chaînes d’approvisionnement et la vigueur de la consommation devraient créer un environnement favorable aux entreprises de biens de consommation. Grâce à la combinaison de Thanksgiving, du Black Friday et de Noël, les cinq dernières semaines de l'année représentent une période de forte consommation. Nous estimons donc que le secteur bénéficiera des améliorations constatées sur le front de la chaîne logistique et de la forte demande des consommateurs avant la période des fêtes. Les entreprises de jeux vidéo ont enregistré de très bonnes performances en 2020, sans surprise les ménages ont cherché à se divertir pendant les longues périodes de confinement imposées au niveau mondial. 

La pénurie de semi-conducteurs a cependant réduit la capacité des géants du secteur à fabriquer suffisamment de consoles de jeux pour répondre à la demande. Ces acteurs ont dès lors sous-performé cette année, entraînant dans leur chute certains développeurs de jeux vidéo. La confiance retrouvée des consommateurs et l'amélioration de l’offre de semi-conducteurs devraient aider ce secteur à restaurer ses marges et ses volumes. 

Les entreprises du secteur des jouets ont elles aussi été confrontées à des problèmes d'approvisionnement et des coûts de transport par conteneur plus élevés en provenance d’Asie. Par conséquent, la baisse des frais de transport combinée à la période des fêtes de fin d'année pourrait se traduire par un rebond de leurs bénéfices. Il en va de même pour les entreprises de vêtements de sport et les grands détaillants qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu dans le contexte de la pandémie. C'est notamment le cas des entreprises qui s’appuient sur un modèle économique hybride magasins/commerce électronique.

Où en est le secteur de la technologie? Les entreprises technologiques devraient aussi bénéficier de la hausse de la demande d'ordinateurs, de consoles de jeux ou de smartphones mais la hausse des rendements obligataires constitue toutefois un risque pour ces acteurs, notamment ceux qui affichent des multiples de valorisation élevés. Le marché tablant sur deux hausses des taux de la Fed en 2022, nous conseillons de cibler les entreprises technologiques dont les niveaux de valorisation sont «raisonnables».

Notre liste pour le Père Noël s’allonge au fur et à mesure que l’économie reprend des couleurs, en espérant que le Père Fouettard ne vienne pas gâcher la fête avec un nouveau variant.

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