USA: la consommation repart, l’inflation en embuscade

AWP

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L’indice mesurant les conditions générales d’activité a grimpé de près de 9 points pour s’établir à 12,1 points, son niveau «le plus élevé en plusieurs mois».

 

 

Washington (awp/afp) - L’optimisme semble renaître aux Etats-Unis, où les dépenses des consommateurs ont bondi en janvier, alors que le président Joe Biden redouble d’énergie pour faire approuver son plan de sauvetage de 1.900 milliards de dollars, qui fait toutefois craindre une surchauffe de l’économie.

Les consommateurs américains ont dépensé 568,2 milliards de dollars le mois dernier, selon les données publiées mercredi par le département du Commerce.

C’est beaucoup plus que le mois d’avant, +5,3%, mais aussi qu’en janvier 2020, +7,4%. Et cette hausse est la première après trois mois de baisse.

«La seule explication logique (...) est que la deuxième série de mesures de relance a touché sa cible et a été dépensée presque immédiatement», souligne l’économiste Joel Naroff dans une note.

Les comptes en banque des ménages américains ont en effet été un peu renfloués par le plan de relance de 900 milliards de dollars adopté fin décembre au Congrès et ratifié par Donald Trump, après des mois de négociations.

Les chèques de 600 dollars par personne et les allocations chômage prolongées ont permis aux Américains d’acheter notamment des appareils électroniques, des meubles et objets pour la maison, mais aussi des livres, instruments de musiques, articles de sports et de loisirs.

Même les bars et restaurants, qui souffrent particulièrement de la crise, ont enregistré une hausse de leurs ventes de 6,9%, la première depuis septembre. Mais leur activité reste très pénalisée par les mesures de restriction, et leurs ventes sont inférieures de 16,6% à celles de janvier 2020.

Trop ou trop peu

Pour le président Joe Biden, il faut désormais faire plus, et aider la première économie du monde à s’extirper de cette crise inédite.

Il plaide avec force pour injecter de nouveau de l’argent public, et défend depuis un mois son plan de sauvetage de 1.900 milliards de dollars.

L’enveloppe prévoit l’accélération des vaccinations contre le Covid-19, la réouverture des écoles, des aides aux entreprises et aux ménages en difficulté, mais aussi aux villes et Etats du pays pour qu’ils n’aient pas à licencier leurs pompiers, policiers et enseignants.

L’administration Biden juge qu’il vaut mieux faire trop plutôt que pas assez, soutenue par certains économistes qui jugent cette aide indispensable face notamment à un chômage qui concerne toujours plus de 20 millions de personnes.

Mais d’autres craignent un emballement, et une forte hausse des prix, à l’instar de Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton et principal conseiller économique de Barack Obama, qui avait averti que le plan de Joe Biden pourrait déclencher «des pressions inflationnistes inédites depuis une génération».

Inflation en embuscade

Signe que cette préoccupation commence à se concrétiser, l’indice des prix à la production, c’est-à-dire les prix payés par les fabricants, a grimpé de 1,3% en janvier, signant sa plus forte hausse depuis le début du suivi de cet indicateur en décembre 2009.

Les prix des services, principalement, ont tiré cette hausse. L’économiste Ian Shepherdson, chez Pantheon Macroeconomics, évoque en particulier un bond ponctuel des remboursements de frais médicaux.

Ce bond arrive «au moment où les marchés regardent les risques d’inflation, et ils renforceront l’idée que la hausse de l’activité économique post-Covid entraînera une inflation plus élevée», détaille-t-il.

Le marché obligataire a dans cet esprit lancé un signal d’alarme depuis mardi, en faisant monter les taux d’intérêt sur les bons du Trésor à 10 ans à leur plus haut en presque un an.

La question est de savoir si cette hausse des prix sera durable ou temporaire, liée notamment à un effet de comparaison par rapport aux prix faibles du printemps 2020 et à l’emballement après une année de restrictions.

«Il est peu probable que les pressions sur les prix se maintiennent, compte tenu de la capacité excédentaire de l’économie», tranche Rubeela Farooqi, économiste chez HFE.

«Ce rebond reflète une reprise de la demande et des pressions liées à un goulot d’étranglement qui devraient se stabiliser dans les mois à venir», estime également Mahir Rasheed, d’Oxford Economics, qui juge «peu probable que toutes ces pressions sur les prix soient répercutées sur le consommateur».
 

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