Restructuration chez Tamedia: plus de 70 collaborateurs protestent

AWP

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Devant la tour Edipresse à Lausanne, les manifestants dénoncent «le saucissonnage» des licenciements effectué par TX Group.

Plus de 70 collaborateurs de Tamedia Suisse romande ont protesté lundi matin à Lausanne contre la restructuration des rédactions du groupe et la suppression jusqu’à 28 postes annoncée mercredi dernier par l’éditeur. Le débrayage marquait également le début des négociations avec la direction.

Le rassemblement s’est formé lundi matin devant la tour Edipresse entre 9h30 et 11h30. Il a réuni des journalistes et collaborateurs de 24 Heures, de la Tribune de Genève, de la rédaction T (rédaction commune des titres romands de Tamedia), de différents services éditoriaux, ainsi que des soutiens politiques et syndicaux. «Pas d’infos sans journalistes», «Tamedia tue toujours vos médias» «Saignez l’info, voilà l’intox», pouvait-on lire sur des pancartes.

Variable d’ajustement

Les manifestants ont dénoncé «le saucissonnage» des licenciements effectué par TX Group. «Les rédactions ont déjà fait beaucoup d’efforts en matière de restructuration et de réorganisation. C’est l’ultime moment pour arrêter des coupes destructrices», a déclaré Erwan Le Bec au nom de la coordination des rédactions.

Son collègue de la Tribune de Genève Thierry Mertenat a rappelé que 28 postes biffés, c’est 13% du personnel du périmètre concerné et un poste sur huit. «Le même tsunami est arrivé en Suisse allemande. Le personnel en a assez de jouer les variables d’ajustement», a-t-il souligné.

Dividendes et bénéfices

Les syndicats impressum et syndicom ont dénoncé une politique de démantèlement totalement inacceptable. «De fusion en suppression des titres, Tamedia ne semble avoir comme objectif que de détruire la presse», a déclaré Melina Schroeter, secrétaire syndicale chez syndicom. Et de rappeler que TX Group a réalisé 123 millions de bénéfices en 2022, 177 en 2021, qu’il a versé 47 millions de dividendes en 2022 et 78,4 l’année d’avant.

Plusieurs personnalités politiques vaudoises de gauche sont venues apporter leur soutien. «Des licenciements économiques dans une entreprise à ce point profitable, c’est indécent», a relevé le conseiller national socialiste Pierre-Yves Maillard.

Celui qui est également président de l’Union syndicale suisse (USS) a dénoncé «un message de l’éditeur zurichois aux investisseurs: voyez ce dont nous sommes capables pour faire monter le cours des actions». Et de souligner que «ce message est particulièrement délétère pour une entreprise qui reçoit des subventions publiques».

Le conseiller national écologiste Raphaël Mahaim s’est dit très «inquiet de cette lame de fond qui touche les médias romands. Il a lancé un appel aux gouvernements de Suisse romande, «afin qu’ils affichent leur soutien aux rédactions. Ce carnage ne peut plus durer», a-t-il noté.

Jusqu’au 13 octobre

La première séance de négociation avec l’éditeur s’est déroulée pendant le rassemblement. «La direction a confirmé sa volonté d’économiser 3,5 millions», a indiqué Etienne Coquoz, secrétaire général d’impressum à Keystone-ATS. «Nous allons désormais consulter la base. La durée de la consultation a été prolongée du 8 au 13 octobre». Un guichet de départs volontaires a d’ores et déjà été ouvert.

Tamedia a annoncé mercredi dernier qu’il allait biffer jusqu’à 28 postes sur 247 collaborateurs en Suisse romande, soit environ 10% des effectifs cet automne. Ces suppressions de postes touchent tous les titres et services éditoriaux.

Une procédure de consultation a été lancée avec la coordination des rédactions de Suisse romande, les sociétés de collaborateurs et le syndicat impressum. Jeudi, Tamedia a également fait part de la suppression de 20 postes en Suisse alémanique.

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