Nervosité sur le marché des céréales à cause de la sécheresse aux Etats-Unis

AWP

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Les cours poursuivent le rebond entamé il y a trois semaines, dans un marché désormais dominé par le «weather market». Le prix du blé est à 246 euros la tonne mercredi après-midi.

Toujours très volatil, le marché des céréales est de plus en plus rythmé par la météo et les faibles pluies aux Etats-Unis, tandis qu’un blé russe au prix défiant toute concurrence pénalise les exportations européennes.

Les cours des céréales poursuivent le rebond entamé il y a trois semaines, dans un marché désormais dominé par la météo, le «weather market», et en particulier par la sécheresse aux Etats-Unis, premier producteur mondial de maïs.

Les opérateurs ont pris une «claque» mardi soir avec la publication du rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Agriculture (USDA), qui révèle une nouvelle dégradation des conditions de culture du grain jaune, «les plus mauvaises depuis 1992», indique Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

Ce déficit hydrique provoque des tensions à la Bourse de Chicago, mais inquiète également le marché européen, avec un blé «nerveux» ces derniers jours, souligne Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel (Argus Media France). Encore à la hausse mercredi, son prix s’établissait à 246 euros la tonne à 14H00 GMT.

«Le ‘weather market’ génère des mouvements qui sont amplifiés par la sphère financière», alors qu’en réalité, il faut attendre le mois de juillet, lors de la pollinisation, pour mieux estimer le rendement des cultures, explique M. Vercambre.

Ce genre d’épisode faisant monter les cours survient fréquemment au mois de juin, en période de croissance des cultures, et il «est en général de courte durée», avant que le marché ne se focalise plutôt sur la demande, estime Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisor.

D’autre part, des pluies sont tombées le week-end dernier dans le sud-est des Etats-Unis, et d’autres devraient également venir apporter de l’eau au soja et au maïs de la Corn belt dans les prochains jours, indique-t-il.

Dans le même temps, le blé européen, dont le cours est remonté, est confronté à des prix extrêmement compétitifs proposés par les Russes, qui cherchent des consommateurs pour se délester de leurs stocks colossaux.

Selon Agritel, l’Algérie aurait acheté ces derniers jours près de «630’000 tonnes de blé essentiellement origine russe, avec des prix défiant toute concurrence».

Le corridor ukrainien «au second plan»

«Avec une différence de prix aussi forte, les Russes risquent de gagner beaucoup de parts de marché», analyse M. Le Molgat, au détriment des exportateurs européens et américains de blé.

Selon lui, les incertitudes pesant sur la prolongation de l’accord d’exportation des céréales ukrainiennes, qui expirera le 18 juillet, sont «passées au second plan» derrière les craintes liées à la météo.

Lors de la visite d’une délégation de médiation africaine en Russie en fin de semaine dernière, Moscou a une nouvelle fois accusé l’Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de céréales et des engrais russes.

«Beaucoup d’opérateurs ont fait une croix» sur la poursuite de cet accord, qui a permis de faire sortir d’Ukraine plus de 31 millions de tonnes de grains par la mer Noire, estime Damien Vercambre. Ce qui a soutenu les cours du blé, sans les faire flamber pour autant.

La campagne touche à sa fin avant le début de la nouvelle récolte et «il reste un peu de maïs (dans les silos), mais c’est un peu moins vital que quand l’accord a initialement été institué», a-t-il indiqué.

En plus des ports européens du Danube ou en Baltique, «l’Ukraine peut encore utiliser le rail. C’est plus difficile et plus coûteux (...) mais c’est faisable», a estimé Dewey Strickler.

D’autre part, la récolte ukrainienne promet d’être amputée d’au moins 30%, selon M. Vercambre, à cause des surfaces minées ou de celles passées sous contrôle russe, ce qui limitera le volume de grains à stocker.

La Chine, premier bénéficiaire des grains expédiés par le corridor devant l’Espagne et la Turquie, continue actuellement de charger du maïs, et devrait avoir bientôt atteint les 5,5 millions de tonnes importées grâce à cet accord.

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