Les cours des céréales se replient après la prolongation du corridor ukrainien

AWP

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Les prix du blé refluent sur le marché européen, passant sous les 226 euros la tonne pour une livraison en septembre, en baisse de plus de 8 euros par rapport à la veille.

Après une longue incertitude, l’annonce mercredi par le président turc d’une prolongation de «deux mois» de l’accord sur le corridor céréalier maritime ukrainien a immédiatement fait chuter les cours du blé et du maïs sur les marchés mondiaux.

«Il a été décidé de prolonger de deux mois supplémentaires l’accord céréalier en mer Noire» conclu en juillet 2022, a déclaré mercredi Recep Tayyip Erdogan.

Quelques minutes après cette annonce, les cours du blé refluaient sur le marché européen, passant sous les 226 euros la tonne pour une livraison en septembre, en baisse de plus de 8 euros par rapport à la veille. Le maïs marquait un recul similaire, s’échangeant autour de 220 euros la tonne pour une livraison en juin.

La Russie a confirmé la prolongation de l’accord, acquise au prix d’une âpre négociation tout en dénonçant une mise en oeuvre «déséquilibrée».

Le Kremlin estimait encore mardi qu’il restait «beaucoup de questions» à régler avant de prolonger cet accord qui a déjà permis d’exporter par la mer Noire plus de 30 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens depuis le 1er août, soulageant les pays importateurs et faisant refluer les cours mondiaux des céréales.

Moscou avait réitéré ses exigences, notamment la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank au système bancaire international Swift et la levée d’entraves à l’assurance de ses navires et à leur accès aux ports étrangers.

«On ne sait pas encore ce que contient exactement cet accord, mais l’information est intégrée par les marchés» qui ont accentué la baisse des cours, a commenté Damien Vercambre, spécialiste des céréales au cabinet Inter-Courtage.

«Pression accrue»

Comme en mars, la prolongation est de 60 jours, au lieu des 120 initialement prévus par l’»initiative de la mer Noire», un ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie, conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022.

Lors du précédent renouvellement, Moscou avait expliqué qu’elle conditionnerait tout nouveau renouvellement à des améliorations concernant ses propres exportations de céréales et d’engrais. Celles-ci sont indirectement affectées par les sanctions qui frappent ses banques et la frilosité des assureurs et des transporteurs.

Lundi, Martin Griffiths, le chef des affaires humanitaires de l’ONU, s’était inquiété «d’une réduction significative des volumes d’exportations sortant des ports ukrainiens».

Pour Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel, la tendance baissière sur les marchés s’explique par «l’importance des réserves de céréales dans le monde».

La situation aujourd’hui, explique-t-il, est totalement différente de celle d’il y a un an, quand aucun navire ne circulait en mer Noire et que le monde cherchait désespérément une solution pour exporter les millions de tonnes de grains stockés dans les silos ukrainiens.

«La Russie a près de 10 millions de tonnes de stock de blé de plus que l’an dernier, un surplus presque équivalent aux exportations prévues pour l’Ukraine l’an prochain (...) En maïs, on attend une récolte record au Brésil», a-t-il relevé.

Par ailleurs, des corridors de solidarité européens «se sont développés par le rail et via les ports européens du Danube ou en Baltique».

A très court terme, une interruption du corridor maritime de la mer Noire n’aurait de toute façon pas été «dramatique parce qu’il ne reste pas grand-chose à exporter», selon Damien Vercambre, mais ce serait «critique en fin d’été» si l’Ukraine ne pouvait pas exporter sa nouvelle récolte. Or la nouvelle échéance de l’accord est fixée à la mi-juillet.

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