Mines en Colombie: trois banques françaises mises en cause sur le devoir de vigilance

AWP

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BNP Paribas, Crédit Agricole et BPCE sont ciblée par l’association Tierra Digna pour leur investissement financier dans Glencore et sa filiale Prodeco.

Trois banques françaises, BNP Paribas, Crédit Agricole et BPCE, ont été mises en demeure par l’association Tierra Digna pour leur investissement financier dans l’entreprise suisse Glencore et sa filiale Prodeco, que l’ONG accuse «de graves dommages à l’environnement, notamment en termes de santé publique» en Colombie, selon les courriers consultés jeudi par l’AFP.

L’association colombienne accuse Glencore d’activités illégales ou irrégulières dans les mines de La Jagua et de Calenturitas avec de «la poussière de charbon qui, pendant des années, n’a pas respecté les normes fixées par l’OMS» et une contamination «des sources d’eau, tant superficielles que souterraines, par des matériaux tels que le plomb et d’autres substances toxiques», selon les mises en demeure envoyées mardi aux établissements.

«Prodeco n’a connaissance d’aucune preuve allant dans les sens des plaintes sur la prétendue pollution des rivières», a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de Glencore.

Selon Tierra Digna, «pour exercer son activité, la société Glencore bénéficie de nombreux financements et d’investissements de la part d’institutions financières internationales», des rapports d’ONG ayant «mis en évidence l’implication (des trois banques françaises) dans ces flux financiers climaticides».

Depuis 2017, la loi française sur «le devoir de vigilance» impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’activité.

Depuis la première action lancée en 2019, contre TotalEnergies, leur nombre s’est multiplié et une vingtaine de procédures sont aujourd’hui en cours.

En octobre, BNP Paribas a été la cible de deux mises en demeure sur le devoir de vigilance, au titre de son appui financier à Marfrig, la deuxième plus grande entreprise de conditionnement de viande du Brésil, et de son impact sur la déforestation ainsi que sur son soutien à des entreprises développant de nouveaux projets pétro-gaziers.

Selon Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance, cette nouvelle «affaire devrait servir d’avertissement aux autres banques qui financent la destruction de l’environnement dans le monde».

«Le Crédit Agricole et BNP Paribas se sont engagés à ne plus financer le charbon, mais continuent de soutenir Glencore, malgré la dévastation causée par ses mines», a-t-elle souligné, appelant les investisseurs à «profiter des assemblées générales pour demander des comptes aux entreprises polluantes».

BNP Paribas a fait savoir à l’AFP qu’elle n’avait «plus de relation bancaire avec l’entreprise citée par l’ONG et qu’aucun crédit ne lui a été accordé en 2022».

La première banque française rappelle «être engagée depuis 2020 dans une trajectoire de sortie totale du financement de l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises liées au charbon thermique (mines de charbon, centrales électriques au charbon et infrastructures liées au charbon) d’ici 2030 en Europe et dans les pays de l’OCDE, et d’ici 2040 dans le reste du monde».

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