Affaire Wirecard: l’auditeur EY lourdement sanctionné en Allemagne

AWP

1 minute de lecture

La filiale de la multinationale du conseil se voit interdire d’accepter de nouvelles «missions d’audit d’entreprises d’intérêt public pendant deux ans» et écope d’une «amende de 500’000 euros».

La branche allemande de la multinationale du conseil EY, ébranlée par le scandale de la faillite de la fintech Wirecard dont elle était l’auditeur, a été lourdement sanctionnée par l’autorité allemande de surveillance des cabinets d’audit.

EY se voit interdire d’accepter de nouvelles «missions d’audit d’entreprises d’intérêt public pendant deux ans» et écope d’une «amende de 500’000 euros» (environ 497’963 millions de francs), selon un communiqué publié lundi par l’Apas, le gendarme de la profession des commissaires aux comptes en Allemagne.

«EY Allemagne a pleinement coopéré avec l’Apas tout au long de l’enquête» et «regrette que la fraude chez Wirecard n’ait pas été découverte plus tôt», a réagi le groupe dans un communiqué.

Jeune société de paiements dématérialisés à la croissance fulgurante, Wirecard s’est retrouvée l’épicentre d’une gigantesque fraude en 2020 quand ses dirigeants ont admis que 1,9 milliard d’euros inscrits dans les comptes n’existaient pas -un trou béant que EY n’a pas relevé.

L’ex-CEO de Wirecard, Markus Braun, comparaît depuis décembre devant la justice pénale à Munich, tandis que son bras droit, Jan Marsalek, présumé autre grand ordonnateur de la fraude, reste en cavale.

L’enquête fouillée sur les prestations de la firme d’audit chez l’ancienne fintech pour les exercices entre 2016 et 2019 a mis en lumière des «manquements avérés aux obligations professionnelles» justifiant des sanctions, selon l’Apas.

Cinq auditeurs, salariés de EY à l’époque, se sont vu infliger des amendes entre 23’000 et 300’000 euros et sept autres ont échappé in fine à des sanctions en ayant cédé leur licence de commissaire aux comptes.

«EY Allemagne est une entreprise différente aujourd’hui» avec «une nouvelle équipe de direction et de nouvelles structures de supervision», selon la firme.

Le géant britannique de l’audit compte 12’000 personnes en Allemagne au sein d’un réseau mondial de 350’000 personnes.

Des actionnaires floués de Wirecard tentent eux d’obtenir de la justice le lancement d’une procédure d’action de groupe envers EY, comparable à une «class action» aux Etats-Unis, sans succès pour le moment.

Les sanctions de l’Apas ne s’appliquent pas aux mandats existants.

Lâché depuis le scandale Wirecard par plusieurs gros clients - Commerzbank, Deutsche Telekom entre autres - EY est resté l’auditeur de la première banque allemande Deutsche Bank, qui compte même prolonger son mandat d’un an lors de l’assemblée des actionnaires en mai.

A lire aussi...