Les cours de l’énergie et des métaux industriels dévissent de leurs sommets

AWP

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Suite à de nouveaux pourparlers russo-ukrainiens et au confinement de Shenzhen, le pétrole lâche plus de 5% et l’aluminium chute à 3’330,50 dollars, bien loin des 4’073,50 dollars atteint la semaine passée.

Pétrole, aluminium, cuivre, gaz: les cours de l’énergie et des métaux industriels dévissaient lundi et s’éloignaient de leurs récents sommets, dans la foulée de nouveaux pourparlers entre l’Ukraine et la Russie et du confinement de Shenzhen, centre technologique chinois.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé en forte baisse de 5,12%, à 106,90 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en avril, a lui reculé de 5,78% pour finir à 103,01 dollars.

«Des progrès tangibles ont été signalés dans les négociations entre l’Ukraine et la Russie au cours du week-end», commente Tamas Varga, analyste pour PVM Energy.

Les cours de l’or noir restent tout de même en hausse de 36% depuis le début de l’année, soutenus par les menaces de rupture d’approvisionnement en pétrole venant de Russie.

Entamée lundi, la quatrième session de pourparlers entre Ukraine et Russie reprendra mardi.

Ces discussions «suscitent l’optimisme», affirme Walid Koudmani, analyste chez XTB, mais l’accalmie pourrait être de courte durée selon lui car «tout événement majeur pourrait déclencher une nouvelle flambée» des cours.

Pour Bill O’Grady, responsable de la recherche chez Confluence Investment Management, la correction tient aussi à la sortie d’opérateurs spéculatifs, qui avaient parié à la baisse et ont dû acheter du pétrole pour se couvrir avec la flambée du début de la guerre.

«On est un peu arrivé à court d’acheteurs» pour entretenir la hausse, dit-il.

Le fort repli est également dû, selon lui, au désengagement de certains fonds et investisseurs échaudés par l’extrême volatilité des cours, qui ont bondi de 54% sur le Brent en dix jours, avant de fondre de 23% en une semaine.

Par ailleurs, Shenzhen, centre technologique du sud de la Chine, a été placée en confinement dimanche après le signalement de foyers épidémiques liés au territoire voisin de Hong Kong, où le COVID-19 fait des ravages.

Une situation qui a «contribué à faire baisser le prix du pétrole, la demande pouvant être affectée par la baisse de la croissance économique chinoise», estime Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown.

Les métaux plombés

«On craint de plus en plus que d’autres villes ne suivent l’exemple pour se conformer à la stricte politique de zéro Covid du pays», poursuit Susannah Streeter.

La Chine est un grand consommateur de métaux industriels. Ce confinement alimente ainsi «les craintes d’un affaiblissement considérable de la demande sur ce qui est de loin le plus grand marché des métaux», affirme Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank.

Il s’agit de «la situation la plus préoccupante en lien avec le COVID-19 depuis le foyer épidémique de Wuhan», poursuit-elle.

La tonne d’aluminium s’échangeait lundi à 3’330,50 dollars, soit près de 750 dollars de moins qu’il y a une semaine, lorsque le métal culminait à son plus haut historique, à 4’073,50 dollars la tonne.

Même constat pour le cuivre, qui dévissait lundi de plus de 8% par rapport à son sommet historique à 10’845,00 dollars la tonne, atteint sept jours plus tôt.

Le métal rouge est particulièrement lié à la croissance mondiale, puisqu’il est utilisé dans les câbles électriques, et donc très sensible à un potentiel ralentissement en Chine.

Le commerce du nickel, interrompu mercredi après que le nickel a dépassé les 100’000 dollars la tonne pour la première fois de son histoire, n’avait toujours pas repris lundi au LME, la bourse londonienne des métaux.

La pression retombe sur le gaz

Les prix du gaz naturel étaient également en chute libre lundi, les livraisons de gaz russe à l’Europe se poursuivant malgré le conflit.

«Les exportations russes vers l’Europe ont augmenté de 3% par rapport à la semaine dernière», «les niveaux les plus élevés depuis décembre 2021», souligne Kaushal Ramesh, analyste pour Rystad Energy.

Le géant gazier russe Gazprom a affirmé que ses livraisons transitant par l’Ukraine étaient «régulières» et remplissaient ses obligations contractuelles.

Les prix du gaz naturel européen ont ainsi chuté de plus de 66% en une semaine, par rapport au sommet historique à 345,00 euros le mégawattheure (MWh). La référence du marché du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, évoluait lundi à 114,52 euros le MWh.

«La possibilité d’une rupture complète des négociations continue de représenter un risque important de hausse pour les prix du pétrole et du gaz», tempère cependant M. Ramesh.

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