Le COVID-19 a infecté les institutions de la Genève internationale

AWP

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Après l’annulation de toutes les réunions à l’OMC jusqu’au 20 mars, les travaux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU seront suspendus dès vendredi.

La pandémie du COVID-19 a désormais infecté le fonctionnement même des institutions de la Genève internationale. Après l’annulation de toutes les réunions à l’OMC jusqu’au 20 mars, les travaux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU seront suspendus dès vendredi.

Depuis plusieurs semaines, les différents acteurs de la Genève internationale avaient pris des mesures de précaution pour limiter les possibilités de propagation du coronavirus. Le Conseil des droits de l’homme avait déjà décidé la semaine dernière d’annuler les quelque 200 réunions parallèles à sa 43e session. Mais le centre même des discussions résistait encore.

Jusqu’à ce jeudi, où les Etats ont décidé de reporter la suite de cette session dès vendredi soir et jusqu’à une date inconnue. Jamais, en près de 15 ans, l’entité onusienne n’avait été confrontée à un problème de cette dimension. «Triste» mais «pas le choix», a déploré devant la presse sa présidente, l’Autrichienne Elisabeth Tichy-Fisslberger.

Après la déclaration de pandémie mercredi par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, le bureau du Conseil s’était à nouveau réuni. «Beaucoup d’inquiétude» était relayée par les délégations et certaines d’entre elles avaient même donné comme ordre à leurs représentants «de ne pas venir dans les salles de réunion», explique Mme Tichy-Fisslberger.

Les projets de résolution seront examinés plus tard et des décisions importantes, comme une possible demande de commission d’enquête internationale sur la Libye souhaitée par la Suisse, devront attendre. En revanche, tous les mécanismes d’investigations, notamment sur la Syrie, et experts indépendants qui devaient être renouvelés sont prolongés provisoirement.

Pour autant, «le système multilatéral ne s’arrête pas», a dit à Keystone-ATS l’ambassadeur suisse à l’ONU à Genève Valentin Zellweger. Mais il «doit adapter son fonctionnement, notamment en exploitant les possibilités offertes par les technologies numériques».

Les organisations internationales participent à «l’effort collectif» face à la pandémie, ajoute-t-il, notamment en se conformant aux mesures de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et du gouvernement genevois. Le dialogue avec les autorités suisses est permanent.

Désarmement aussi affecté

Mais l’impact se multiplie. Egalement jeudi, la Conférence du désarmement a annoncé que ses deux prochaines plénières, attendues en mars, étaient reportées. Elle a été ces derniers mois l’un des mécanismes où les tensions entre les Etats-Unis et la Russie ont été les plus importantes, notamment après la suspension du traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI).

Il y a une semaine, le Conseil oecuménique des Eglises annonçait le report de son comité exécutif et de son comité élargi, prévu dès la semaine prochaine et qui se réunit tous les deux ans. Une décision lourde pour l’institution parce que son secrétaire général, le révérend Olav Fykse Tveit, quitte ses fonctions à la fin du mois. Début avril, le révérend Ioan Sauca le remplacera provisoirement.

Depuis quelques jours, les reports et annulations se sont propagés à d’autres entités. Après un cas positif de l’un de ses employés, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait décidé mardi de ne plus prévoir de réunion jusqu’au 20 mars. A quelques mois d’une ministérielle cruciale au Kazakhstan et alors qu’elle fait face à une crise institutionnelle depuis que son tribunal d’appel est bloqué par les Etats-Unis.

Incertitude à l’OMC

De son côté, la réunion prévue en juin à Nour-Sultan pourrait elle-même être retardée. Jeudi, le président kazakh a expliqué que des consultations sur cette question auront lieu à Genève.

Parmi les autres organisations, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a reporté deux grandes conférences de plusieurs mois. En revanche, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), qui a suspendu toutes ses réunions des prochaines semaines, n’a pas encore annoncé son dispositif sur son assemblée générale de mai. Celle-ci doit valider l’élection du Singapourien Daren Tang comme directeur général.

Jeudi, M. Tedros a dit que la pandémie pouvait être «contrôlée». Au centre de la réponse internationale, l’OMS n’a encore relayé aucune décision pour l’Assemblée mondiale de la santé.

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