La future CEO de SGS Géraldine Picaud prévoit déjà des coupes

AWP

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Fraîchement nommée après l’annonce ce matin du départ de Frankie Ng, l’actuelle CFO du géant genevois de l’inspection et de la certification table sur des économies de 100 millions d’ici à fin 2025. L'action bondit.

Accusant une rentabilité en repli avec une croissance ralentie pour 2023, SGS vise une croissance organique des ventes comprise entre 5 et 7% à moyen terme et une hausse des marges. Cela passera inévitablement par des suppressions de postes, a confié vendredi à AWP la future directrice générale (CEO) Géraldine Picaud.

«Il ne s’agit pas de couper des têtes, mais d’identifier les doublons», a poursuivi celle qui a été nommée plus tôt en matinée pour succéder à l’actuel CEO, Frankie Ng. Le géant genevois de l’inspection et de la certification taillera également dans sa direction, passant d’un conseil opérationnel de 17 membres à un comité exécutif constitué de douze personnes, «afin de gagner en agilité».

Actuellement, SGS passe au crible toutes les possibilités de rationaliser et de diminuer les coûts au niveau de l’ensemble du groupe, poursuit celle qui occupe depuis le 1er décembre le poste de directrice financière (CFO). Les suppressions d’emploi concerneront principalement les fonctions de support, pas les postes spécialisés, a-t-elle précisé en détaillant sa stratégie pour 2027 lors d’une présentation aux investisseurs.

Avec ces différentes mesures, SGS espère économiser quelque 100 millions de francs d’ici à fin décembre 2025 à périmètre constant. Pas de cessions en vue, donc. «Au contraire, nous voulons croître», a souligné Géraldine Picaud, qui prendra officiellement la direction générale du groupe lors de l’assemblée générale ordinaire le 26 mars.

SGS vise une croissance organique des ventes comprise entre 6 et 9% pour l’exercice en cours et entre 5 et 7% d’ici 2027. A cette échéance, le groupe table également sur une amélioration de sa marge opérationnelle ajustée d’au moins 1,5 point de pourcentage.

Des acquisitions en Amérique du Nord et en Asie

Cette croissance passera par des acquisitions, notamment en Amérique du Nord, «un marché à fort potentiel, présentant une dynamique de réindustrialisation qui ne fait que commencer», a insisté Géraldine Picaud. Le marché nord-américain, actuellement estimé à 160 milliards de dollars, devrait représenter 190 milliards d’ici 2027, soit une croissance annuelle de plus de 4%.

Le groupe vise à se renforcer également en Asie à la faveur d’une demande locale qui ne cesse de gagner en importance ces dernières années. Cette expansion doit en outre permettre au groupe de diminuer son exposition aux effets de change.

L’an dernier, la performance de SGS a particulièrement souffert de la force du franc, accusant un tassement de ses ventes (-0,3% à 6,62 milliards de francs). A taux de change constants en revanche, la croissance organique atteint 8,1%. Le résultat opérationnel (Ebit) ajusté s’est élevé à 971 millions de francs, en recul de 5,1%, pour une marge afférente de 14,7% (-0,7 point de pourcentage). Hors effet de change, ces chiffres ressortent respectivement en hausse de 6,2% et à 14,9%.

Dans l’ensemble, les chiffres présentés vendredi sont ressortis inférieurs aux prévisions du consensus. Les experts interrogés par AWP attendaient des recettes de 6,67 milliards de francs, un Ebit ajusté à 1,01 milliard et une marge afférente à 15,1%. Les analystes tablaient en outre sur un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 616 millions de francs. Celui-ci est ressorti à 553 millions de francs, en recul de 6%.

Le conseil d’administration propose toutefois le versement d’un dividende inchangé de 3,20 francs par action. Pour mémoire, au titre de 2022, un dividende de 80 francs par action avait été versé. Depuis, le groupe a procédé au split de l’action dans un rapport de 25:1, une décision avalisée en assemblée en mars de l’année dernière.

Les leviers de la durabilité et de la cybersécurité

D’autres leviers de croissance ont été identifiés, en particulier dans les segments Business Assurance et Connectivity & Products. Le premier regroupe les activités de certification liées aux normes de durabilité, «où la demande ne fait qu’augmenter», relève Géraldine Picaud - 15,3% de croissance organique sur un an. L’autre segment a trait à la numérisation, plus particulièrement au e-commerce, aux terminaux de paiement et à la cybersécurité, en plein essor également.

Parmi les autres divisions, le groupe observe encore une forte demande pour l’alimentaire. Le ralentissement enregistré dans la division Health & Food (croissance organique de 1,3%) est attribué notamment à un contexte post-pandémique et la fin des tests covid. Au plan géographique, toutes les régions ont progressé.

«L’inspection est une industrie en pleine croissance et notre travail consistera à saisir toutes les opportunités», a encore insisté la future directrice générale.

Avant son arrivée au sein de SGS, Mme Picaud dirigeait les finances du géant zougois des matériaux de construction Holcim. La responsable a exercé auparavant les mêmes fonctions chez le spécialiste des soins ophtalmologiques Essilor. Elle est par ailleurs membre du conseil d’administration du groupe français d’alimentation Danone.

Saluant l’ouverture d’un «nouveau chapitre» pour SGS, le président du conseil d’administration, Calvin Grieder, a précisé que le nom de la personne qui succédera à Géraldine Picaud au poste de CFO serait annoncé ces prochaines semaines. L’actuel CEO, Frankie Ng, a de son côté assuré que la transition se ferait «en douceur» au cours des deux prochains mois.

Ces annonces semblent avoir convaincu les investisseurs. En dépit de résultats moins bons qu’espéré, la nominative SGS gagnait 8,6% à 81,50 francs vers 12h20, en deuxième position d’un SLI en hausse de 1,68%.

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