La BCE divisée en mars sur le rythme de l’arrêt des rachats de dette

AWP

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Certains responsables souhaitaient fermement ouvrir la porte à une hausse des taux au troisième trimestre, selon le compte rendu de la réunion du Conseil des gouverneurs.

Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne était divisé lors de sa réunion de mars sur le rythme de la fin des rachats de dette, certains responsables souhaitant fermement ouvrir la porte à une hausse des taux au troisième trimestre, selon un compte rendu publié jeudi.

«Un grand nombre» de responsables «pensaient que le niveau élevé actuel de l’inflation et son caractère durable appelait des mesures immédiates», explique le document rapportant les échanges entre banquiers centraux de la zone euro tenus début mars.

Faisant un pas supplémentaire vers la normalisation de sa politique accommodante, la BCE avait alors accéléré le rythme du retrait progressif de ses rachats de dette, évoquant leur arrêt probable au troisième trimestre. Mais cela ne doit pas automatiquement et rapidement entraîner une hausse de ses taux directeurs, avait-elle précisé.

Or «certains membres» du Conseil des gouverneurs avaient exprimé une «préférence pour définir une date fixe cet été» pour la fin du programme «APP» de rachats de dette, ce qui «ouvrirait la voie à une hausse des taux d’intérêt au troisième trimestre en vue de la détérioration des perspectives d’inflation».

Pour ces responsables partisans d’un resserrement plus déterminé des conditions de crédit, la BCE court le risque d’agir trop tard contre l’inflation.

De l’autre côté, certains membres du Conseil ont défendu une approche plus prudente face au risque d’une récession liée à la guerre en Ukraine.

Ces différentes options soulignent les divisions entre d’une part les «faucons», partisans d’un resserrement monétaire rapide, et les «colombes», favorables à une politique plus souple.

Les discussions s’annoncent de nouveau houleuses entre les tenants de ces deux lignes, qui se retrouveront pour le prochain Conseil des gouverneurs les 13 et 14 avril.

La décision de mars «était clairement un compromis», estime Carsten Brzeski, économiste chez ING, mais de manière générale «la BCE penche davantage du côté des faucons».

«Le conseil des gouverneurs est divisé» notamment sur la durée de la poussée de l’inflation, estime de son côté Frederic Ducrozet, analyste chez Pictet. «Mais les faucons ont l’avantage.»

En particulier, les responsables ont émis des doutes sur la prévision d’une hausse de prix de seulement 1,9% en 2024, comme l’annonce la BCE. La zone euro subit actuellement un choc d’inflation, avec une hausse des prix record de 7,5% en mars sur un an.

Le Conseil des gouverneurs était en revanche unanime sur la nécessité de mesures fiscales supplémentaires de la part des responsables politiques «au niveau national et européen» pour atténuer l’impact de la guerre en Ukraine et des sanctions.

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