BCE: agir rapidement sur l’inflation risque de plomber l’activité

AWP

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«Demander à la seule politique monétaire de faire baisser l’inflation à court terme alors que les anticipations d’inflation restent bien ancrées serait extrêmement coûteux», affirme le membre du directoire Fabio Panetta.

Un resserrement de la politique monétaire en zone euro, visant à agir rapidement sur la flambée actuelle de l’inflation, risquerait de plomber l’activité économique déjà fragilisée, a mis en garde mercredi Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE).

L’inflation dans la zone euro a atteint 7,5% sur un an en mars, son plus haut niveau depuis la création de la monnaie unique, renforçant la pression sur la BCE qui s’est montrée jusqu’ici plus prudente que les autres banques centrales dans ses annonces sur un possible relèvement des taux d’intérêt.

Dans un discours prononcé en Italie, M. Panetta a fait valoir que cette flambée des prix, due en grande partie aux coûts élevés de l’énergie, échappait largement au contrôle de la BCE et qu’une intervention trop rapide de l’institution serait risquée.

«Demander à la seule politique monétaire de faire baisser l’inflation à court terme alors que les anticipations d’inflation restent bien ancrées serait extrêmement coûteux», affirme le responsable de la BCE.

La danger serait de plomber davantage l’économie de la zone euro alors que «les taux de croissance trimestriels seront très faibles cette année» et pourraient même passer «en territoire négatif».

«Un resserrement de la politique monétaire n’affecterait pas directement les prix de l’énergie et des produits alimentaires, qui sont influencés par des facteurs mondiaux et désormais par la guerre», a-t-il développé.

Pour faire baisser l’inflation à court terme, «nous devrions donc freiner massivement la demande intérieure», explique M. Panetta, selon lequel «cela signifierait réduire considérablement l’activité réelle et l’emploi, faire baisser les salaires et les revenus», et ainsi «amplifier le sacrifice» déjà en cours.

Fabio Panetta estime en revanche que les gouvernements peuvent atténuer l’impact de la crise par le biais de mesures budgétaires.

La BCE ne devrait agir que si la hausse des prix risque de faire dérailler les anticipations d’inflation. A moyen terme, l’institution continue de tabler sur stabilisation de l’inflation autour de 2%, l’objectif qu’elle s’est fixé.

Les gardiens de la monnaire unique tiennent leur prochaine réunion jeudi prochain, laissant augurer de discussions houleuses entre tenants d’une approche prudente, comme M. Panetta, et partisans d’une action plus déterminée de la BCE dont les taux d’intérêt campent toujours à la plus bas historique.

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