La BCE «verdit» sa politique, accueil mitigé des ONG

AWP

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La banque centrale vise notamment «à partir d’octobre 2022» à «décarboner progressivement son portefeuille d’obligations d’entreprises» accumulé ces dernières années.

La Banque centrale européenne a annoncé lundi une série de mesures pour «verdir» sa politique monétaire en ciblant des émetteurs de dette polluants mais sans aller assez loin aux yeux d’ONG environnementales.

Quand des tensions peuvent apparaître sur les taux obligataires, la BCE veut garantir des taux d’intérêt bas pour Etats, entreprises et banques en rachetant sur le marché de la dette émise, en aidant in fine l’activité.

La BCE a de fait concrétisé un engagement pris l’an dernier de «mieux prendre en compte le risque financier lié au climat dans le bilan (des banques centrales de la zone euro)» et de «soutenir la transition verte de l’économie conformément aux objectifs de neutralité climatique de l’Union européenne», selon un communiqué.

L’institut mentionne «les remboursements considérables attendus au cours des années à venir» des obligations d’entreprises à son bilan et qu’il s’agira de réinvestir, en voulant dès lors privilégier «les émetteurs présentant de bons résultats climatiques.»

Cet arbitrage se fera dans une proportion non communiquée au sein d’un total de réinvestissements d’environ 30 milliards d’euros par an, soit près de 10% du stock de 350 milliards d’euros de dette d’entreprise accumulée ces dernières années par la BCE.

«Si vous comparez cela à d’autres banques centrales, c’est un montant substantiel, donc cela fait une différence», a commenté Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, lors d’un point presse.

Autre mesure annoncée et devant s’appliquer d’ici fin 2024: une limite imposée aux actifs apportés en garantie pour emprunter auprès d’une banque centrale de la zone euro s’il s’agit d’actifs émis par des entreprises polluantes.

La BCE a fait l’objet ces dernières années de critiques répétées de la part de militants écologistes pointant du doigt le déséquilibre de son portefeuille d’obligations en faveur d’entreprises polluantes comme les pétroliers Shell et TotalEnergies.

«La BCE doit exclure immédiatement (de son portefeuille) les entreprises de combustibles fossiles dont les plans d’investissement sapent l’objectif de réchauffement d’1,5 degré convenu à Paris» en 2015, déclare à l’AFP Mauricio Vargas, expert financier chez Greenpeace.

Cette exclusion n’est pas prévue à ce stade par la BCE, qui veut «davantage encourager les entreprises à réduire leurs émissions», selon Mme Schnabel.

De fait le contexte actuel d’inflation tirée par les énergies fossiles «nécessite des mesures encore plus audacieuses», a réagi de son côté Stanislas Jourdan, directeur de Positive Money Europe.

Considérant que l’efficacité énergétique «contribuera directement au mandat de stabilité des prix» de la BCE, Positive Money appelle à lancer des prêts «verts» aux banques pour financer des projets durables, un concept cher à la présidente Christine Lagarde mais qui reste absent des mesures annoncées.

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