BCE: lutter contre les «spreads» dans l’intérêt des pays «moins vulnérables»

AWP

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Des Etats comme l’Allemagne bénéficieraient d’«entrées de capitaux» qui comprimeraient encore les rendements des emprunts, déclare Fabio Panetta, membre du directoire de la banque centrale.

Résorber la «fragmentation» en zone euro, c’est à dire les écarts («spreads») entre taux d’emprunt souverains, est aussi dans l’intérêt des pays moins à risque comme l’Allemagne, a affirmé vendredi Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque centrale européenne.

Mi-juin, la perspective d’une remontée des taux de la BCE, destinée à contrer l’inflation, a mis le feu aux poudres sur les marchés, avec une envolée des taux d’emprunt de pays fragiles de la zone euro, en particulier l’Italie, par rapport à celui du «Bund» allemand qui fait référence.

La BCE a décidé lors d’une réunion exceptionnelle mi-juin de lancer les préparatifs d’un outil «anti-fragmentation» pour aplanir ces divergences qui gênent la bonne transmission de ses décisions de politique monétaire.

Au risque de soulever des critiques, en Allemagne notamment, où cela pourrait être perçu comme du financement d’Etat déguisé, interdit par le Traité européen.

Mais faute d’engager un tel outil, qui devra respecter les limites du mandat de l’institut, les pays «les moins vulnérables», l’Allemagne pour ne pas la citer, bénéficieraient d’«entrées de capitaux» qui comprimeraient encore les rendements des emprunts, a expliqué M. Panetta dans un message enregistré lors d’un évènement du Parlement européen à Bruxelles.

Avec pour conséquence dans les pays sûrs «des conditions de financement trop souples» et in fine «une inflation trop élevée» en déphasage avec le cours envisagé par la BCE, a-t-il poursuivi.

Dans le même temps, les pays vulnérables subiraient eux des «sorties de capitaux» et donc une «hausse des rendements», d’où des conditions de financement «trop tendues».

Les marchés auraient alors à coeur de spéculer, comme lors de la crise de la dette en 2012, sur la sortie d’un pays fragile de l’euro, la BCE parlant dans son jargon de «tensions financières auto-réalisatrices».

Ainsi, agir sur les «spreads» est «de l’intérêt de tous les pays» de la zone euro, selon M. Panetta.

Faute de quoi la zone euro risque de se retrouver «avec une économie plus faible et fragmentée», ceci se traduisant «inévitablement par un taux de change (de l’euro) plus faible», lui aussi facteur d’inflation car il renchérit les importations, a conclu M. Panetta.

Le taux d’inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en juin, à 8,6% sur un an, a annoncé Eurostat vendredi, alors que la guerre en Ukraine attise une flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation. En Allemagne, la hausse a été de 7,6% en glissement annuel grâce à des mesures temporaires sur le pouvoir d’achat, selon l’office Destatis.

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