L’étau se resserre sur Greensill, 50’000 emplois menacés

AWP

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Soupçonnée de comptabilité douteuse et poursuivie notamment en Allemagne, la société financière britannique se rapproche de plus en plus de la faillite.

La société financière britannique Greensill, soupçonnée d’avoir tenu une comptabilité douteuse, se rapproche de plus en plus de la faillite et pourrait entraîner dans sa chute certains gros clients ainsi que mettre en danger jusqu’à 50’000 emplois.

La crise a commencé le 1er mars quand la Cour Suprême de la province australienne de New South Wales a débouté Greensill, un spécialiste d’une forme d’affacturage, de sa plainte contre l’assureur Tokio Marine qui a refusé de renouveler au moins 4,6 milliards de dollars de contrats de couverture pour ses transactions.

Greensill, qui compte l’ex-premier ministre britannique David Cameron parmi ses conseillers, avait averti de conséquences potentiellement «catastrophiques» si ces polices d’assurance n’étaient pas renouvelées, affirmant que certains clients «risqu(ai)ent de devenir insolvables».

Serait notamment concernés le groupe GFG Alliance du magnat de l’acier Sanjeev Gupta.

Greensill, citée dans la décision de justice australienne, estime que jusqu’à 50’000 emplois dont 7’000 en Australie sont menacés en cas de défaillance.

En outre, Greensill avertissait que sans renouvellement de ses assurances, sa filiale allemande Greensill Bank risquait de voir ses capitaux tomber sous les niveaux réglementaires.

Ce non renouvellement des assurances de Greensill a eu des répercussions en cascade.

Vendredi, la banque Credit Suisse a amorcé la liquidation de certains de ses fonds d’investissements qui achetaient des obligations émises par Greensill et adossées sur ses créances.

Dès lundi, Credit Suisse avait suspendu pour 10 milliards de dollars de ces fonds, évoquant des «incertitudes considérables» sur la valorisation des actifs.

La banque aux deux voiles va distribuer aux investisseurs les gains générés par la liquidation. Il n’est pas certain que des pertes soient à déplorer à ce stade.

Dans la foulée, la société suisse de gestion d’actifs GAM avait également coupé les ponts mardi avec Greensill.

Par ailleurs, la justice allemande a engagé des poursuites pénales: le parquet de Brême, où Greensill Bank AG a son siège, a indiqué à l’AFP avoir ouvert une enquête préliminaire sans en préciser les motifs.

Selon plusieurs médias allemands, le superviseur financier allemand, la Bafin, a déposé une plainte pénale contre la banque soupçonnée d’avoir falsifié son bilan.

«Financements adéquats»

Mercredi, la Bafin avait gelé les activités de la banque, pointant des manquements dans les comptes de Greensill et notant avoir «déterminé lors d’un audit que Greensill Bank AG n’était pas en mesure de fournir la preuve de l’existence d’actifs comptables résultant de rachats à GFG Alliance Group».

Le fonds Apollo Global Management et son affiliée Athene seraient proches d’un accord de sauvetage de la société qui apporterait 100 millions de dollars de financements, a indiqué à l’AFP vendredi une source sectorielle, confirmant une information du Wall Street Journal. Apollo a refusé de commenter.

Greensill, créée en 2011 et dont le siège est à Londres, possède des activités aux Etats-Unis et en Australie où la société est enregistrée et d’où est originaire son fondateur Lex Greensill.

Greensill n’est pas une banque à proprement parler, mais une société financière spécialisée dans la gestion de la trésorerie des entreprises.

Concrètement, elle leur prête de l’argent pour aider à payer les factures.

Dans les faits, Greensill paie pour le compte d’un client un fournisseur, lequel peut recevoir son paiement très vite en échange d’un léger rabais sur le facture.

Greensill se tourne ensuite vers l’entreprise «accompagnée» pour récupérer le montant total de la facture.

Greensill n’a pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP, tout comme Tokio Marine.

Un porte-parole de GFG Alliance joint vendredi s’est contenté d’affirmer que le groupe a des «financements adéquats» soulignant aussi que la reprise économique alimente une demande soutenue pour l’acier et «génère des flux de trésorerie positifs».

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